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« Que la Terre nous soit légère » renvoie à une croyance romaine selon laquelle la terre est légère pour les morts qui ont fait le bien de leur vivant.

Ce roman m'a été proposé à la lecture par la maison d'édition « Mélanzé » que je remercie très sincèrement pour son envoi. Ma plus grande crainte en ouvrant ce livre était de ne pas entrer dans l'histoire ou qu'il me déplaise. Mais mes craintes se sont vite envolées. En quelques chapitres, l'auteur a réussi à me transporter dans son univers.
Alors, que dire, si ce n'est que c'est un très beau roman, j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire. Beaucoup d'émotions aussi, certains passages m'ont bouleversée, révoltée.
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Antoine est un jeune homme candide et idéaliste qui aspire à un bonheur simple. Il accepte un poste de coordinateur de projet dans une petite ONG dont le but est de contribuer au développement agricole d'un village africain. Il quitte Genève, confiant et heureux de mener une expérience enrichissante et stimulante.
Cet étranger blanc va s'intégrer dans le village, sa sympathie, sa bonne humeur et sa bienveillance l'amènent à développer des amitiés sincères et profondes, à trouver la douceur de l'amour.
Le projet est une grande réussite, au-delà de ses espérances.
Mais ce succès est aussi fulgurant qu'éphémère, et la douceur de vivre va faire place à des moments plus sombres, violents, profondément traumatisants que je vous laisse découvrir.
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De retour en France, il entame une carrière aux Nations-Unies et gravit les échelons de manière fulgurante. Il est intéressant de voir le cheminement intellectuel de ce jeune homme, qui loin du cocon douillet de sa vie en Europe, découvre la dureté de la vie et va développer une distance critique. A cela s'ajoute les difficultés à reprendre le contrôle de sa vie et à surmonter les séquelles psychologiques de cette expérience traumatisante.
Le récit d'Alioun, quant à lui, s'apparente à davantage une quête initiatique. Il va subir de nombreuses épreuves qui vont le faire mûrir.
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Les courts chapitres s'enchaînent sans temps mort, alternant le récit d'Antoine et celui de son ami Alioun. Les deux histoires se croisent et s'entremêlent en « une seule étoffe », n'en faisant qu'un seul récit, beau, âpre, violent. La vie est si fragile, si dure, mais aussi si belle et si précieuse.
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Dans ce gros pavé d'environ 600 pages, on ressent l'engagement de l'auteur pour la cause humanitaire et son expérience.
De nombreuses thématiques contemporaines sont abordées, portraits d'une époque en pleine crise : les migrations et l'enfer de la route des clandestins traversant la Syrie, les enfants abandonnés ou orphelins sous l'influence de marabouts, les enfants soldats, la violence faite aux femmes, la prostitution, les Nations-Unies dont les paroles creuses, éthérées et formatées par leur vision occidentale ne tiennent pas compte des spécificités locales, les aides internationales et la question de leur efficacité, les relations des pays développés avec leurs anciennes colonies, notre rôle dans les rapports de pouvoir, l'islamisation radicale.
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Une écriture efficace, fluide et agréable à lire.
Joan Bastide entretient le mystère par cette alternance de chapitres courts et rythmés. le lecteur a envie de poursuivre sa lecture afin de connaître le devenir d'Antoine et d'Alioun, les deux personnages principaux pour qui on a indiscutablement de l'empathie.
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Un premier roman ambitieux, engagé et percutant, où tristesse et espoir se fondent en une seule entité, où rage, culpabilité, haine, vengeance et résilience cimentent le destin des hommes. La voix d'Alioun résonne comme une ode pour un monde plus juste, plus fédérateur, plus bienveillant.
Une lecture que je vous conseille vivement, j'en ressors toute chamboulée. Un roman coup de poing à lire absolument. Je souhaite à Joan Bastide et à son beau roman tout le succès qu'il mérite.
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« le futur dépend de ce que nous faisons au présent. » Gandhi
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Oui, c'est long. Et même si on aurait pu faire un poil plus court à compter des retours en France, le texte n'est jamais ennuyeux et coule paisiblement. La lecture est facile et agréable. Dans un décor d'ONG ou d'organismes Internationaux, agents du capitalisme, et peuplés de gens vils et arrogants, avec pour paysage l'Afrique heureuse mais meurtrie par la corruption et la férocité de ses dirigeants, ces pages sont une douce variation sur la quête de la justice, de la vérité et du bonheur.
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« One good thing about music, when it hits you, you feel no pain. » Bob Marley
Antoine, jeune diplômé universitaire obtient un poste de coordinateur de projet managé par une association humanitaire.
Il est fraichement débarqué dans un village d'un « pays d'Afrique » dont il ignore tout.
Gagnant la confiance des villageois, rapidement une dynamique s'initie autour du maraichage et permet une première récolte abondante, laissant penser qu'un développement vertueux et une prospérité nouvelle sont possibles.
Célestin, un jeune instruit du village, a la soif d'apprendre et passionné par la culture occidentale, se lie à Antoine et un partage mutuel s'ancre progressivement.
Antoine n'est pas insensible à la mystérieuse et généreuse Djeneba dont son petit frère Alioun se saisie pour se rapprocher du jeune français. Ils sont issus d'une famille de griots. Lui a une voix proche du miracle lorsqu'il se met à chanter.
Le village rêve de richesse et nait la crainte des jalousies des villages environnants.
Il y a une bascule lorsqu' Antoine se rend compte qu'il participe à une expérience de culture OGM sans recherche préalable sur la dangerosité pour l'homme.
Les mois défilent pour Antoine s'adaptant à cette vie de brousse avec simplicité, il est parfaitement intégré et son idylle secrète avec Djeneba comble son bonheur.
Mais rien n'est simple dans ces régions du monde et le chao vient aisément remplacer cette douceur si fragile. La dynamique du village se heurte à une logique de décentralisation dirigé par un pouvoir autocratique. Un satrape du pouvoir est parachuté dans le village.
Le ver est dans le fruit. La violence revêt ses habits de haines.
Célestin disparait, Antoine s'effondre. Alioun sera le gardien de la vengeance armé par son patrimoine mémoriel, sa voix et celle de ses ancêtres.
Récit sous forme de conte parfois. La poésie s'invite et adoucit l'angoisse d'une écriture au rythme changeant, m'imposant des pauses dans cette lecture comme pour contrer un pressentiment dans ce récit basculant vers un ailleurs, toujours en mouvement.
Les relations se font puis s'éloignent.
Il y a l'enfance et la rue où Alioun apprivoise codes et dangers cette nouvelle jungle aux antipodes de sa forêt d'enfance. Un air de Peter Pan.
La suite est une alternance des parcours croisés d'Alioun et Antoine, chacun pensant ne plus jamais revoir l autre. Entre désillusions et reprise en main du réel où chacun respectivement croise d'autres âmes errantes. Aicha pour Antoine, Myriam pour Alioun notamment.
Le récit nous fait faire des allers-retours entre espoir et horreur. Rien de linéaire dans ce roman où l'on navigue à travers un large panel des monstruosités humaines. Parfois des ilots de quiétude permettent une halte méritée pour nos deux protagonistes, mais souvent de courte durée avant une fuite avant.
Le passé s'entremêle au présent.
Difficile de résumer ce riche roman, cette aventure humaine que j'ai prise comme un hommage à tous ces voyageurs forcés, oubliés, cachés et méprisés dans d'ignobles généralités ou statistiques déshumanisées.
Un immense merci à Melanzé éditions pour ce cadeau et ce riche moment passé à m'émouvoir pour ces deux personnages.
PS : découverte aussi d'un artiste togolais à l'origine de cette magnifique couverture, Sitou Matthia.
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"S'il suffisait de traverser un bras de mer pour atteindre le paradis, personne n'aurait pris la peine d'écrire la Bible ou le Coran." (P. 146)
Je ne suis pas le seul, semble-t-il, à avoir été attiré par cette proposition de lecture, proposition faite par un éditeur dont je n'avais jamais entendu parler...Proposition que j'ai presque refusé...avant de l'accepter, attiré par le résumé proposé.
Qui peut refuser un voyage en Afrique, de l'autre coté de la Méditerranée, en sens inverse, de ceux qui tentent d'atteindre le nirvana européen qui leur fait prendre tant de risques.
Antoine, jeune européen effectue sa première mission humanitaire en Afrique, dans un pays jamais nommé...il est emballé par ce projet agricole, les résultats vont au delà de ses espoirs, tout lui réussit...La commission européenne veut réaliser un reportage sur le projet....L'Europe avec un grand E est emballée, séduite
Mais patatras ! un drame le contraint à fuir.
Je ne vais pas déflorer le sujet.
D'autres aussi veulent fuir, cette Afrique, cette pauvreté, notamment Alioun un gamin...un gamin à la voix d'or. Si certains attirés par notre eldorado occidental prennent tous les risques, d'autres, occidentaux ceux là, font tout pour accroître leur richesse, sans aucun scrupule, sans aucun état d'âme, au mépris des personnes qu'ils croisent, sur le dos des Noirs qu'ils exploitent.
Mais il y a tant d'autres personnages...que parfois je me suis perdu....perdu dans certaines longueurs, heureusement je prends pas mal de notes.
Mais c'est surtout cette atmosphère, cette connaissance indéniable de l'Afrique, que l'auteur cherche à nous transmettre que j'ai apprécié et noté, bien au delà du roman.
Et au final, j'ai fait plusieurs beaux voyages, rencontré de belles personnes et certaines moins agréables, aux côtés d'un gamin qui veut fuir cette Afrique pour nous rejoindre, attiré par notre Nirvana européen, aux côtés de cet humanitaire, d'un despote, de femmes attirantes et séduisantes...
Beau voyage certes, mais un peu longuet à mon goût, prenant parfois l'aspect ces feuilletons télé après les infos, de très bons côtés, mais quelques longueurs, des retournements de situations....plus ou moins téléguidés et attendus.
Le texte est plaisant, l'auteur l'image souvent de citations, de formes de proverbes, vrais ou inventés, je ne sais pas...que j'ai eu plaisir à noter. Des proverbes pleins de bon sens. Par son métier, il connaît l'Afrique, ses problèmes de développement, ses hommes et femmes, ses dirigeants..., et surtout cette âme africaine, toujours présente dans son texte...c'est là tout l'intérêt de ce livre....tout l'intérêt de la mise en évidence de cette différence qui attire ces gamins sous nos cieux.
"...donne une mangue à celui qui a faim, il te dira merci. Apprends-lui à monter à l'arbre et il ne t'oubliera jamais."
Joan Bastide qui connaît bien l'Afrique m'a offert, un beau voyage, une belle réflexion sur notre monde et ses incohérences.
Un grand merci à Mélanzé, qui m'offrit ce roman et ce voyage : Mélanzé qui se définit comme une "Cabane d'édition" où "Littérature, poésie, essais, romans graphiques ouverts sur le monde se rencontrent dans une ligne éditoriale éclectique pour questionner notre monde en mutations."
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Antoine, jeune humanitaire suisse débarque dans un pays africain. Sa mission: aider les paysans à développer leur agriculture. Ce qu'il fait avec succès. Cependant, les choses n'évoluent-elles pas trop vite? Comment gérer au mieux la situation? Comment gérer l'enthousisame des cultivateurs du village?

C'est l'histoire d'un homme qui est allé au bout de ses rêves. de ses cauchemars aussi. Il a connu l'euphorie de la réussite, de la gloire. Tout comme une descente aux enfers. Au plus profond des enfers. Antoine a vu la mort de près. Il a vu la cruauté de l'humain. La cruauté sans fonds. Celle qui est gratuite et tue avec délectation. Avec impunité. Réussira-t-il à remonter la pente? Comment se reconstruire après avoir vécu l'horreur? Y parviendra t-il? Que la terre nous soit légère aborde tous les sujets d'actualité en Afrique : les aides humanitaires inadaptées, les massacres, les enfants de la rue, etc.

Nous suivons les turpitudes d'un jeune humanitaire dont la vie bascule dans l'horreur la plus profonde. Au fil des pages et d'une lecture addictive, le lecteur découvre une histoire qui aurait pu se passer n'importe où en Afrique ou dans un pays en voie de développement. Avec un homme que rien ne prédestinait à ce destin tragique. C'est avec curiosité et la gorge nouée que nous tournons les pages. Un très beau roman écrit avec une tendre humanité ainsi que beaucoup de rudesse.
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Très émue par ce roman qui passe nos émotions à la moulinette. Il nous plonge dans les marges du monde, ces lieux oubliés hantés par les spectres du colonialisme, des réseaux migratoires, et de la mondialisation débridée.
Le personnage d'Alioun, petit griot courageux parti à l'assaut de l'Europe, est tellement attachant. Les personnages sont profonds et dynamiques, même ceux qui n'apparaissent que brièvement. Dès les premières pages, on se laisse prendre par les tournures romanesques portées par une plume simple, incisive et parfois profonde. Jusqu'à la dernière page, on est tenu en haleine grâce aux nombreux retournements et aux contextes très bien documentés. Vraiment une belle découverte !
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Un roman qui se tient d'un bout à l'autre, entre dégoût de l'homme et de sa voracité sans limites du côté de ceux qui ont l'argent et le pouvoir, et l'empathie envers ceux qui voient leur monde s'écrouler alors qu'ils y vivaient heureux.
En filigrane, une critique du monde humanitaire qui oscille entre trouver des financements, donner des priorités à la misère des uns contre celle des autres, leur impuissance face aux politiques extérieures et à la violence intérieure et les gens qui s'y perdent jusqu'à devenir fous.
Beaucoup de sujets dans ce roman foisonnant, une écriture qui fait la part belle aux portraits et un sujet bien maîtrisé, mais il y a quelque chose de naïf qui confère parfois aux clichés (que j'imagine inévitables quand on traite ce genre de sujet complexe).
Néanmoins, ce gros roman se dévore facilement.
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C'est toujours avec un peu d'appréhension que l'on s'attaque à un roman d'un auteur et d'une maison d'édition inconnue. C'est toutefois la couverture qui a attiré mon oeil. Et pour une fois, j'ai bien fait de m'aventurer hors des sentiers.
Quand Antoine arrive dans un petit village d'un pays d'Afrique (qui n'est pas nommé) pour effectuer sa première mission humanitaire, il tombe sous le charme de ce monde nouveau, et de l'une de ses habitantes. Mais la lune de miel tourne court quand le projet échoue et que sonne la répression d'un gouvernement aux ordres d'un vieux dictateur typique de la France Afrique.
Forcé de fuir, Antoine n'aura plus d'autre quête que celle d'essayer d'oublier. En paralèle de ce parcours qui l'aménera à grimper les échelons de l'ONU, le petit Alioun, jeune frêre de la femme qu'il a aimé, prend le chemin de l'Europe sur les chapeaux de roue pour trouver la vengeance. Dans une épopée initiatique époustouffante, il traverse le continent, ses joies, ses larmes et ses situations dramatiques.
Un récit qui m'a ému, mis en colère contre ce monde, fait naitre l'espoir et même m'a fait rire.
Je souhaite à cet auteur de trouver la reconnaissance qu'il mérite. Et je me réjouis de découvrir ses prochaines oeuvres.
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Belle surprise. Découvert par une amie qui l'a trouvé dans une boîte à livres. venant d'une maison d'édition inconnue, j'étais dubitative. Mais l'auteur à vite su m'embarquer dans son Afrique à la fois réaliste et mythique, et qui, malgré le fait qu'il le nomme pas les pays, m'a semblé bien se tenir à l'écart des clichés collés au continent. Je lui tire mon chapeau d'avoir su me tenir en haleine, moi qui ne lis pas souvent des romans aussi épais. Je ne me suis jamais ennuyée. L'univers est riche. On passe d'un pays à l'autre. On découvre des lieux, des personnages, des bouts d'histoire. Je trouve qu'il mérite vraiment d'être plus connu.
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Que la Terre nous soit légère vous plonge dès les premières pages dans un paysage aux couleurs ocres et terre de sienne, les parfums du continent africain viennent titiller le lecteur. La plume de Joan Bastide est un pinceau qui dessine un roman graphique, beau et dur à la fois. Un conte cru et réaliste porteur d'espérance dont la lecture est passionnante. Que la Terre nous soit légère devrait être sur tous les rayons des étudiants en relations internationales, des altermondialistes, des bobos aux café latte de soja équitable, des vissés sur leur fauteuils en cuir des hautes tours des private equity. A mettre entre toutes les mains, un must-read !
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