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Critique de PatriceG


Décidément les turcs en 2021 !..
A mes yeux deux dates significatives et déclinantes, avril et mai de l'année !

Un lien profond unit deux artistes turcs pour lesquels il semble que la littérature les a sauvés, et la littérature seule : l'une Elif, l'autre Ahmet, comme presque dans une contradiction de parcours différents.

Elif Batuman, l'auteur admirable des Possédés, finaliste pour l'Idiote du prix Pulitzer en 2018 dont il est question ici, qui nous enseigne que pour elle dans ce gigantisme américain qui lamine les particularités culturelles et broie les hommes , la littérature est venue lui apporter un souffle d'espoir et de reconnaissance. La traduction française de l'Idiote vient d'être publiée.

Ahmet Altan, qui vient d'être libéré de prison après avoir purgé une peine de 4 ans 1/2 contre toute attente par la conjonction de deux facteurs, l'intervention de la CEDH en faveur de la relaxe et celle de la Cour de Cassation turque qui vient d'infirmer le jugement qui condamnait l'écrivain a dix ans de prison. Ce dernier entrait à mon avis dans une zone dangereuse pour sa santé mentale, physique et que ce n'est que grâce à la littérature que le fil qui le reliait au monde lui a été salutaire.(*)

La Turquie honore de belle façon la littérature universelle.

J'y vois donc à travers ces deux exemples d'artistes turcs, une communauté de destins où l'activité littéraire a joué un rôle prépondérant pour leur survie, suffisamment prégnante pour être signalée.

A mon avis il faudra vraiment primer ce livre L'Idiote de Elf Baluman qui est une sorte de parcours initiatique d'une artiste turque ayant choisi l'exil aux Etats-Unis, et penser déjà au livre à paraître de Ahmet Altan qui touche la deuxième partie de sa vie carcérale. S'il sera de la même veine que le précédent, je n'ai aucune raison de douter de l'impact qu'il aura dans le monde des lettres..

J'allais oublier de mentionner une chose avant de clôturer cette page : tous deux sont passionnés de littérature russe.

(*) Je sais que je vais choquer, mais je m'en fous je le dis quand même, il me semble que le temps de la peine est d'une importance considérable. Tout dépend évidemment des conditions d'incarcération. Mais ici, c'était tout de même sévère, ça nous laisse imaginer pour les droits communs en Turquie ! Pour Ahmet, on entrait dans une zone dangereuse comme quand on entre en anorexie, il arrive un moment où les séquelles deviennent irréversibles. Ici, c'eût été quoi, + de 5 ans, 6 ans, sept ans .. Il y a vraiment à un certain moment, une bascule dans l'inconnu qui devient préjudiciable pour celui qui emprisonne et pour la sante mentale du condamné. Il semble ici que des instances supérieures aient tranché ce noeud gordien, mais pour combien d'autres qui n'ont pas cette chance, qui ne s'appellent pas Ahmet Altan, la peine est très lourde de conséquence.
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