Une nième relecture et le plaisir de relire ces
poèmes connus par coeur (L'étranger, Enivrez-vous, Anywhere out of the world); et aussi le plaisir de la redécouverte de cette merveilleuse liberté et diversité des textes: flâneries poétiques dans Paris, petits récits oniriques, fables morales, contes cruels (dont se souviendront sans doute
Rimbaud et Mallarmé).
Même si certains de ces textes font le pendant, voire ont le même titre que des
poèmes des Fleurs du mal (Invitation au voyage, Un hémisphère dans une chevelure, La belle Dorothée, le Port…), il ne faut pas les comparer, trouver que la composition en vers est plus belle que celle en prose. C'est un peu comme comparer une peinture achevée d'un paysage et un beau film qui le décrit. Ici,
Baudelaire se libère de la contrainte de la forme versifiée, de la rigueur esthétique des mètres, rimes, disposition des strophes, pour nous livrer encore son sentiment d'exil, son dégoût de la laideur de la vie, sa recherche de l'idéal, son angoisse de la mort, mais aussi son observation si juste de la ville et des gens.
Et, bien sûr, tout y est dit dans un style magnifique, fluide, plein de vivacité et de sensibilité.