À la demande d'Erik, Ahmed nous raconte une légende siwi.
— Une fille siwi avait été promise en mariage à un Soudanais, mais un riche marchand avait demandé sa main et la famille rompit les fiançailles avec le Soudanais.
Alors, le Soudanais lança un sort au riche marchand.
Le lendemain un client paya sa commande, le marchand mit l'argent dans sa poche et quand il voulut le retirer, il avait disparu.
À chaque fois que quelqu'un lui donnait de l'argent, il disparaissait mystérieusement, impossible de le retenir.
Une nuit il se réveilla et vit un djinn envoyé par le Soudanais prendre dans son coffre l'argent gagné dans la journée.
Il vit toujours, on peut le voir ici, à Siwa, il est riche mais il vit comme un mendiant.
Le soir, on voit passer les femmes dans des charrettes conduites par un homme. On dirait un transport de fantômes.
En Égypte, autour de chaque ville il y a un cercle concentrique de barrages militaires. Le bus traverse ceux qui entourent l'oasis de Siwa. Durant les neuf heures du trajet, le chauffeur nous a infligé récitations du Coran et prêches islamistes. Les voix des prêcheurs sont terriblement haineuses.
Illusion de tapis volant. Je survole les toits du Caire sur l'échangeur routier qui mène au quartier Al-Ahzar, au cœur de la vieille ville fatimide.
(Le Piéton du Caire / Golo)
Il y a dans les rues d'Alexandrie de grands philosophes. Ils sont reconnaissables par le fait qu'ils sont en possession d'un balai avec lequel ils déplacent, en faisant beaucoup de poussière, des petits tas d'immondices sur environ cinq mètres de distance.
Ils abandonnent ensuite le résultat de ce travail au vent qui re-disperse le tout sur les trottoirs et les chaussées.
Je pense qu'ils veulent ainsi donner un message universel sur ce qui se passe aujourd'hui sur notre planète.
(Alexandrie, Alexandra / Baudoin)
Quand une maison est en ruine, elle devient une poubelle. Quand la poubelle déborde, elle se répand dans la rue.
Contre la façade de la poubelle, assis sur des chaises, deux hommes jouent aux échecs, un autre vend des pâtisseries. La nuit arrive.
Un vieil homme, sans dire un mot, m'apporte une chaise. Un peu plus tard il revient, il m'offre un verre de thé.
Quand j'ai fini le dessin, je ne retrouve plus le vieil homme. Je ne sais pas quoi faire de la chaise.
(Alexandrie, Alexandra / Baudoin)
9 h le matin. Un moment de grand bonheur. Les ateliers encore vides. Tranquille, un jeune homme sur un établi me regarde dessiner et déjeune d'une assiette de fèves.
(Alexandrie, Alexandra / Baudoin)
« Entre un café et un café on trouve toujours un café. » "Cafés cartons" réduits à leur plus simple expression, café des Miroirs où saltimbanques, mendiants et orgueilleux chers à Albert Cossery ont laissé la place aux touristes. Cafés de retraités, d'intellectuels, d'artistes, de commerçants, d'artisans, de musiciens, de sergents de ville ou même de prisonniers.
(Le Piéton du Caire / Golo)