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Critique de kalimera


1908

Pak est un paysan sans histoire vivant près de Sanur. Il aime ses enfants, même ses filles, cultive ses rizières et envisage de prendre pour deuxième épouse une très jeune fille du village voisin, quoique d'une caste plus élevée que la sienne. Il prie matin, midi et soir et n'oublie pas les offrandes dues aux dieux protecteurs de son foyer.
A la fois témoin de son époque et acteur involontaire dans le conflit commercial qui oppose son seigneur et les autorités coloniales néerlandaise, Pak est le représentant type de son temps et de son île.Une île aux quelques villages semés le long des volcans, colonne vertébrale des rizières, façonnées par des générations de Balinais ayant peur de la mer, symbole du mal et de l'enfer et donc tournés résolument vers les "collines-paradis" qui assurent deux récoltes de riz par an.

2014

Premier contact avec l'île: le sourire éclatant (et limé )de notre chauffeur de taxi qui nous attend depuis trois heures comme si la vie était une succession d'éternités. Bali nous accueille en son sein, doux chaud et parfumé par la multitude de frangipaniers et de bâtons d'encens qui brûlent sur les trottoirs au milieu des paniers d'offrandes.
Mais c'est aussi le choc d'une foultitude en mouvement. Une foultitude juchée sur des scooters honda qui roulent, débordent sur les côtés, sur les trottoirs sur les bandes blanches, à droite, à gauche, partout, tout le temps !
L'île aux 10 000 dieux s'est transformée en l'île aux 100 000 deux roues !
Malgré cela, les femmes sont belles dans leur sarong étroit et leur chignon fleuri, en amazone, à l'arrière de leur scooter, élégantes, les bras tendrement enroulés autour de leur maris, qu'elles n'ont pas toujours choisit, prêtes à servir leurs offrandes aux dieux .

1908

Les hollandais sont exaspérés par l'attitude pleine de sérénité, d'attente, de non interventionnisme des princes Balinais.
Aucune compréhension possible, même la musique sacrée des dieux, jouée par le Gamelan semble incompréhensible aux blancs. Cinq instruments, une gamme répétitive et hypnotique jouée et rejouée.
L'exaspération servira de catalyseur à une décision des Hollandais qui précipitera les Balinais dans le" Poupoutan".

2014

Les Balinais vivent toujours le regard tourné vers les montagnes-rizières, coincés sur une bande littorale étroite et infernale. Leur religion, Hindouisme mâtiné de Bouddhisme, unique au monde, pleine de beauté et de compréhension fait partie intégrante de leur vie de tout les jours.Le tourisme est en expansion depuis trois ans, et pour l'instant reste encore raisonnable mais les rizières semblent déjà être avalées par les hôtels-villas.Certains Balinais ne peuvent plus prier qu'une seule fois par jour, au lever du jour, prit par la vie moderne leur imposant un rythme différent et nouveau.
Je n'aurais jamais cru qu'un roman écrit en 1937, pouvait autant aider à la compréhension d'un peuple vivant au XXIème siècle.
Dans cette lecture j'ai pu ajouter, luxe suprême, une palette d'odeurs, de couleurs et d'impressions qui se mélangent avec bonheur avec les descriptions pleine de poésie de l'auteur.
Chaque ligne, chaque chapitre a retrouvé un écho lors de notre périple. Les balinais ont su trouver un équilibre extraordinaire entre leur vie, tournée vers des traditions vivantes, une religion d'une grande richesse intérieure et un siècle trépidant et rapide.
Merci à notre guide, de la caste des forgerons, qui nous a amené à Sanur sur les traces de Pak. Nous lui avons laissé le choix de l'endroit ou boire un pot de départ....il a choisi le starbuck café, habillé de son sarong et flanqué de ses deux touristes français.
Enorme éclat de rire lorsque nous lui avons avoué que c'était comme pour lui, notre première fois, le choc culturel était assuré mais assumé !
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