AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sardanapale


Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? Derrière ce titre volontairement provocateur se cache une réflexion sur la place qu'occupe la littérature dans notre for intérieur et au sein de la Société.
Parmi les objets culturels, le livre occupe une place particulière ; symbole d'intelligence, il impose le respect et demeure auréolé d'un caractère quasiment sacré. Malheur donc à qui n'a pas lu tel ou tel classique de la littérature mondiale !
Pourtant, et c'est une évidence que de le rappeler, le temps humain est insuffisant pour appréhender l'intégralité du contenu ne serait-ce que d'une bibliothèque municipale. Dès lors, nous sommes contraints de parler, un jour ou l'autre, des livres que l'on a pas lu.
Encore faut-il savoir ce que l'auteur entend par "livre non-lus". Refusant la dichotomie lecteur/non lecteur puisque, et c'est là toute sa thèse, on ne maîtrise pas toujours à la perfection les livres lus et, inversement, nous savons parfois beaucoup sur un livre non lu. Pierre Bayard propose alors sa propre classification : livres inconnus, livre oubliés, livres dont on a entendu parler et livres parcourus.
Le livre oublié peut-il encore être considéré comme un livre lu ? doit-on s'interdire d'en parler ? le maîtrise-t-on mieux qu'un livre dont on a seulement entendu parler ? Par exemple j'ai lu Vipère au poing de Bazin, dont je me souviens très peu et dont je serais bien en peine de parler. En revanche, j'ai simplement parcouru l'Orange Mécanique de Burgees dont je pourrais parler des heures, le film de Kubrick étant ma référence cinématographique absolue et je me suis beaucoup documenté à son sujet.
Pierre Bayard répertorie ensuite les situations dans lesquelles nous sommes amenés à parler des livres non-lus : avec l'être aimé, avec le professeur ou avec les collègues, le contexte change énormément ce que l'on peut dire, ou ne pas dire, à propos de livres non-lus (ou mal lus, ou oubliés).
En définitive l'auteur appel à une participation active du lecteur/non lecteur qui doit s'approprier les oeuvres lues/non-lues afin de les dépasser et en faire sa propre analyse. Cette vision créative du critique a pu faire grincer des dents un certain nombre de babeliotes, mais il faut pour la comprendre, lire les précédents ouvrages de Pierre Bayard.
Dans qui a tué Roger Ackroyd et La vérité sur dix petits nègres, l'auteur rouvre deux enquêtes célèbres d'Agatha Christie et se met à la recherche du "véritable" coupable. Pour ce faire, il utilise strictement le texte sans rien n'y ajouter. C'est brillant et cela constitue une nouvelle manière, ludique, de critiquer un livre. Cela permet de pleinement comprendre la thèse défendue dans Comment parler des livres que l'on a pas lu, à savoir, qu'un livre doit vivre à travers ses lecteurs, ou non lecteurs, désireux d'en parler et d'y apposer leur propre interprétation.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}