La littérature young adult

je traîne ce petit livre depuis au moins deux ans: il était dans la bibliographie des frères Lévêque et m'attirait puisque j'aime les livres courts et denses: 63p
Mais si petit qu'il se cache parfois...emporté souvent dans le métro mais trop dense pour être lu dans ces conditions.
Enfin, il est lu et est très intéressant. J'avais découvert il y a plus de 20 ans (30?) cette catégorie en Angleterre. Je la limitais aux 18/25 ans et trouvais l'idée astucieuse. Cela a éclaté, peut-être depuis Harry Potter qui se lit depuis dix ans environ jusqu'à...? Cette catégorie est devenue floue et large: ado et jeune adulte mais l'imaginaire, la dystopie et le post-apocalyptique ont contaminé presque tous les âges, je le constate dans mes groupes de lecteurs et sur les sites.
S'agit-il de contre-culture? Je ne peux en juger car mes lectures sont très éclectiques: jeunesse, classique, contemporain, française et un peu étrangère mais aussi des essais.
Je suis très surprise de ne rien trouver sur les mangas mais l'explosion a eu lieu avant l'écriture de ce livre.
Assez facile à lire, concis mais clair, l'essentiel du sujet est bien là et donne envie d'approfondir avec les autres travaux de ce maître de conférence, membre du Centre d'Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines tout un programme!)

Ce petit essai très accessible évoque la littérature YA d'un point de vue sociologique et historique.
L'auteur analyse entre autres les réticences à l'égard de cette littérature qui se construit en opposition avec une transmission hiérarchique et verticale. Il souligne l'impact d'Harry Potter sur le monde de l'édition, à l'origine d'une transformation profonde et d'une mutation dans les goûts littéraires des jeunes, qui dépasse finalement une catégorie d'âge pour atteindre un public plus vaste.
Cela fait plaisir de lire un essai parlant d'un phénomène que j'ai connu, ayant grandi avec les personnages d'Harry Potter et ayant été fan de nombreuses sagas, confrontée à l'incompréhension des adultes car c'était tout neuf à l'époque. J'ai aussi connu ce passage d'une littérature réaliste à une préférence pour les littératures de l'imaginaire, ainsi que cette inversion de la transmission, où les adultes, curieux, se sont mis à découvrir ces livres dévorés par les jeunes.
L'analyse du passage d'un mode vertical à un mode horizontal où les lecteurs et lectrices partagent leurs lectures via les réseaux sociaux est passionnante. Cela démocratise la littérature, les maisons d'édition et les auteurs/autrices demandant davantage l'avis du public. Des communautés se constituent, les jeunes se mettent à lire d'une façon différente, fondée sur le partage et le collectif, que l'auteur relie à une pratique plus ancienne (alors que la lecture était devenue une activité solitaire). Cela crée de nouvelles pratiques de lecture et une relation différente à la création littéraire.
L'auteur se penche également sur le lien entre fiction et recherche de l'identité à l'adolescence. En effet, la littérature YA évoque de manière symbolique les préoccupations des adolescents.
Un petit essai passionnant !