Âgé d'une quarantaine d'année, Sila portait une ancien sac de riz, qu'il équilibrait sans le moindre effort sur sa tête plate. Celle-ci semblait plus grande que le reste de son corps. Il avait un sourire si large, si éclatant de joie que le soleil se cacha derrière les nuages pour permettre au bonheur de cet homme d'irradier librement. Son expression fit naître des sourires sur le visage des anciens, alors même qu'ils apercevaient, à son approche, qu'il lui manquait la main droite, et tout l'avant-bras même. Hawa, sa fille de neuf ans, n'avait plus de bras gauche. Quant à Maada, son fils de huit ans, il était privé des deux, l'un coupé au-dessus du coude, l'autre en dessous.
Il fallait les observer attentivement pour apercevoir des traces de leur enfance. Ils savaient d'où leurs parents étaient originaires et ils étaient venus ici dans l'espoir d'alléger leurs souffrances et de retrouver de la famille...
Lorsque l'araignée se trouve à court de fil à tisser, elle patiente dans la toile qu'elle vient de fabriquer.
Chaque histoire commence et se termine avec une femme, une mère, une grand-mère, un enfant. Chaque histoire est une naissance.
Les joues de Kula étaient maculées de larmes charges du poids d'hier et ridées par la perspective de lendemains pénibles.
Ce samedi, le ciel s'était lavé le visage et ses larmes avaient détrempé les chemins de terre, interdisant à la poussière de se soulever.
La chanson du passé avait brusquement déserté sa langue.
Nous devons vivre dans le soleil de demain, reprit-elle, ainsi que nos ancêtres l'ont suggéré dans leurs contes. Car demain est plein de promesses, et il nous faut nous raccrocher à cette simple possibilité, à ce bonheur tout juste entrevu. Voilà où nous trouverons notre force. Voilà où nous l'avons toujours trouvée
Les yeux de celui en difficulté voient de l'injustice dans la démarche de l'autre, son rire, mais aussi sa façon de s'asseoir et même de respirer, songea Bockarie. Il fut surpris par cette capacité à exprimer aussi clairement sa pensée et décida de noter certaine de ses réflexions. Il n'avait ni stylo ni papier...
(...) le monde oublie que des miracles se produisent au quotidien, lorsque nous reconnaissons l'humanité en autrui ou lorsque nous échangeons une conversation sincère avec quelqu'un.