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Critique de kielosa



L'ampleur de la corruption entreprise par les Trabelsi, Leïla, la femme du président Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie de 1987 à 2011, et ses frères, entre autres Belhassen Trabelsi, arrêté le 17 mars dernier à Marseille, mais relâché sous contrôle judiciaire, contre l'avis du parquet, le 28 mars 2019. Contre cet "homme d'affaires", il y a 17 mandats tunisiens de recherche et 43 mandats d'amener internationaux pour "faux aggravée et blanchiment en bande organisée". le beauf de Zine était en cavale depuis des années, après un séjour au Canada qui n'en veut plus, de ce gentleman !

Il ne s'agit donc pas d'arrondir très légèrement les fins du mois difficiles et de venir en aide aux membres de la famille malchanceux. C'était carrément la "voyoucratie" !

La clique criminelle des Trabelsi avait réussi à faire main basse sur des pans entiers de l'économie du pays : tourisme, immobilier, constructions, finances, télécommunications, médias etc. Et le "biznezman" Belhassen était devenu l'intermédiaire incontournable pour toute affaire un peu sérieuse dans ce pays du Maghreb.

En 2009, la charmante Leïla a demandé au tribunal de haute instance de Paris d'interdire la parution de "La régente de Carthage". le livre comportant, selon elle, « des passages diffamatoires et d'autres injurieux » à son encontre. Elle a finalement été déboutée le 30 septembre, et condamnée à verser 1500 euros à la maison d'édition "La Découverte". Une peccadille en comparaison avec ce que les Ben Ali-Trabelsi doivent retourner comme millions au peuple tunisien qu'ils ont si efficacement gouverné !

Les 23 ans à la tête du pays du jasmin auront permis à Ben Ali et sa douce moitié d'amasser une fortune de 5 milliards d'euros, pas uniquement en Tunisie. le Monde croit savoir que la famille aurait emporté dans sa fuite vers l'Arabie saoudite, en janvier 2011, plus d'une tonne et demie de lingots d'or. L'équivalent de 45 millions d'euros. 

Et à Djeddah, Ben Ali, entretemps malade à 82 ans, et Leïla, apparemment en excellente santé à 62 ans, sont toujours la bienvenue de la famille royale saoudite, à condition de garder un profil bas ?

" Qui est Leila Trabelsi ? La fille facile, voire l'ancienne prostituée, que décrivent volontiers les bourgeois tunisiens ? La courtisane issue d'un milieu modeste et prête, pour réussir, à quelques arrangements avec la morale ? Ou encore la jeune femme indépendante et ambitieuse dont les rencontres amoureuses favorisèrent une fulgurante ascension sociale ? " (page 35).

Dommage que la réponse à ces questions soit, à mon avis du moins, trop superficiel. Si les auteurs nous livrent quelques éléments objectifs, leur approche ne permet hélas pas au lecteur de se faire une idée concrète de cette "héroïne". Je veux dire qu'elle reste un personnage abstrait.

Leïla est née le 14 ou le 24 octobre 1956 à Tunis. Elle est la fille de Mohamed Trabelsi, originaire de Libye (le nom est dérivé d'ailleurs de la capitale libyenne Tripoli), un simple vendeur de fruits secs à la médina de Tunis et de son épouse Saïda Dherif, femme de ménage. le couple avait 11 enfants. Elle a obtenu un brevet de coiffure à Tunis et, beaucoup plus tard, en 2006, une maîtrise de droit de l'université de Toulouse "par correspondance" et (surtout) grâce à l'aide de l'éminent juriste Abdelaziz Ben Dhia.

Ses surnoms "Leïla gin" et "Leïla jeans" laissent supposer qu'il s'agissait d'une jeune fille "moderne". À 18 ans, elle s'est mariée avec Khelil Maaouia, patron de l'agence de location de voitures Avis de l'aéroport. Mais la rencontre qui va bouleverser sa vie est celle avec Farid Mokhtar, directeur de la Société tunisienne des industries laitières et beau-frère de Mohamed Mzali, Premier ministre. Farid, avec qui elle a eu une liaison de 3 à 4 ans, lui a ouvert la porte du beau monde.

C'est ainsi qu'elle rencontra, en 1984, le général Ben Ali, rentré de son exil comme ambassadeur à Varsovie. Devenu Premier ministre Zine el-Abidine, déposa en novembre 1987 le président Habib Bourguiba (1903-2000) pour des raisons de santé et le remplaça, avant de se faire élire à la présidence en avril 1989, de divorcer de sa première epouse et de se marier avec Leïla le 26 mars 1992.

La petite Tunisie, entre l'Algérie de Bouteflika à l'ouest et la Libye de Kadhafi à l'est, profitait avec ses plages et touristes et un islam modéré d'une bonne réputation dans cette partie du globe. Les manigances financières de la famille Trabelsi et leurs potes passaient inaperçues ou presque et les dérives et excès étaient interprétés avec une étonnante indulgence par exemple de la France de Chirac et Sarkozy et des États-Unis du fiston Bush. Dominique Strauss-Kahn du Fonds Monétaire International relevait, en 2008, même une "bonne gestion économique du pays". La fine équipe au pouvoir et à la caisse avait aussi le don évidemment de produire des statistiques publiques "en trompe l'oeil ".

Si vous préférez lire une tout autre version de la saga Ben Ali-Trabelsi, il y a bien sûr l'autobiographie de la principale intéressée : Leïla Trabelsi "Ma vérité" de 2012. Personnellement, je n'ai nullement l'intention de lire cette oeuvre, car j'ai comme un petit pressentiment que sa vérité soit très relative. Quoique je puisse me tromper, bien entendu.
Il existe un autre ouvrage sur ce thème "Dans l'ombre de la reine" de Lofti Ben Chrouda et Isabelle Soares Bourmalala, de 2011.

Bizarre, mais mère et fille Ben Ali-Trabelsi aiment les rappeurs. Nesrine Ben Ali, fille aînée du couple présidentiel, née en 1987 et mariée en 2004 à Sakhr Materi, considéré longtemps pourtant comme l'héritier présumé du clan, s'est remariée, le 7 janvier dernier, avec K2Rhym, de son vrai nom Karim al Gharbi, rappeur tunisois, né en 1980.
Selon Lerpresse, Leïla se serait éprise fin 2018 de Snoop Dogg, le rappeur américain, né Calvin Cordozar Broadus Jr., 15 ans plus jeune qu'elle. Ainsi, personne ne pourra plus dire que les dames Trabelsi n'ont aucune culture !
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