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Critique de Lamifranz


Il est des oeuvres littéraires qui ont marqué les esprits autant (sinon plus) par leur impact auprès du public (et de la critique) que par leur sujet. C'est particulièrement notable dans le théâtre : voyez « Dom Juan » et « le Tartuffe », de Molière, le pompon revenant à « Hernani », de Victor Hugo, dont peu de gens connaissent l'intrigue, mais dont la « bataille » est restée dans toutes les mémoires. Pourquoi cette hostilité, ces cabales, cette animosité ? Sans doute les rivalités entre personnes, mais essentiellement c'est parce que ces auteurs égratignent, raclent, déchirent ou déchiquettent à belle dents un ordre établi, qu'il soit politique, religieux, moral ou même esthétique, une sorte de bien-pensance, comme on dirait de nos jours.
Le théâtre se prête bien à cet exercice : Molière en particulier s'est fait une spécialité d'écorner les interdits et les tabous, vis-à-vis de certaines corporations, voire de certains corps politiques ou religieux.
« le Barbier de Séville » est de ces pièces, dont le comique cache à peine une intention satirique, une dénonciation d'usages sociaux dépassés et aliénants.
Le sujet vient en droite ligne de « L'Ecole des femmes » (elle-même inspirée d'une nouvelle de Scarron) : un vieux barbon (Bartholo) veut épouser une jeune femme (Rosine), qui ne le veut pas. Un jeune homme, de son côté, (le comte Almaviva) veut bien l'épouser et aidé de son valet (Figaro) va tout faire pour arriver à ses fins.
Sur ce sujet « classique » Beaumarchais compose une comédie remarquable de vivacité et d'esprit.
Le titre exact est « le Barbier de Séville ou la Précaution inutile ». Ce titre est important car il place bien l'intérêt principal de la pièce : « le Barbier » : le personnage principal n'est pas Bartholo (comme l'est Arnolphe dans « L''école des femmes »), ni le comte, ni Rosine, mais Figaro, le barbier, le valet. L'homme du peuple au lieu du noble ou du bourgeois. Ensuite « La précaution inutile » : Bartholo enferme Rosine dans une prison, dorée, mais prison quand même, et malgré tout, elle va lui échapper : l'autorité et la force ont des limites que la ruse et le bon droit (représenté ici par l'amour) peuvent effacer.
Au-delà de la satire des moeurs, Beaumarchais laisse donc passer un double message : le pouvoir réel n'est pas seulement l'apanage des grands et des forts, et avec du savoir-faire, on peut arriver à les contrer. C'est ce qui a permis à certains de dire que Beaumarchais, par cette dénonciation tacite du pouvoir, est un précurseur des idées révolutionnaires.
Rosine est « libérée » du barbon Bartholo.
Mais être une femme libérée, c'est pas si facile…
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