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Critique de dannso


Décomposée la charogne du célèbre poème de Baudelaire, Décomposés les amours du poète ;
Recomposée par les mots de Clémentine Beauvais l'histoire de celle qui fut femme avant d'être pourriture.
Dans un livre à la présentation originale, aux mots jetés dans un désordre savant, long poème en prose, ponctué de dialogues entre l'écrivain et sa muse, l'auteure invente la vie de cette charogne prénommée Grâce, contraste saisissant entre l'image qu'évoque ce prénom, tout en douceur, légèreté, et le réalisme cru de la description de ce cadavre, entre cette image et la vie de cette femme, qui ne connaitre que de rares moments de grâce.
J'ai aimé cette femme, qui va servir les autres femmes, de différentes manières, au cours de sa vie, celles-ci devenant au cours des désillusions qu'elle éprouve de plus en plus radicales :
« L'objet qui a servi à coudre les vêtements,
à réparer les plaies béantes,
à décrocher les enfants, sert
aujourd'hui à tout autre chose ;
à perforer les hommes gras et roses,
bourrés de bonne chère, repus des chairs
moroses
des femmes grises des maisons closes. »
Sur ce sentier, cette femme disparait, ses souvenirs s'évanouissent peu à peu, mais le dialogue s'ouvre avec Jeanne, Jeanne la muse du poète, dont l'auteure ne donne pas une vision bien sympathique. Il est celui qui ne peut voir qu'une prostituée dans cette femme morte les jambes en l'air. Il est celui qui pense la femme inférieure, prompte à se pâmer, alors que c'est lui qui manque défaillir :
« JEANNE pas un instant pas une seconde
je ne crus m'évanouir
CHARLES Jeanne je sais ce que j'ai vu ce que j'ai senti
pas la peine de me mentir :
La puanteur était si forte que sur l'herbe vous crûtes vous évanouir.
Jeanne vous riez pourquoi riez-vous ?
JEANNE mais parce qu'enfin qui dit crûtes ?
qui, avec sérieux, peut dire :
crûtes ?
crûtes est un mot qui fait rire »
Les deux femmes ont pris le pouvoir, dans ce texte, miroir impitoyable d'une société où il ne faisait pas bon naitre femme. J'admire la force de ce texte qui en peu de pages, livre un portait émouvant ancré dans la réalité de son époque.
Et ce petit livre rejoint mon étagère des livres que j'aime rouvrir, y glanant une phrasé de ci de là, parce qu'il est beau, parce qu'il est aussi le souvenir d'une parenthèse appréciée avec une personne qui m'est chère, à une époque difficile pour moi.
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