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Critique de cecilestmartin


Un régal, la douceur de mes lectures estivales plutôt sombres. Accrochée dès les premières pages par la forme du récit - un rapport de stage de 3ème dans le cadre d'un service civique – mais aussi par le personnage de Valentin, le narrateur. Adolescent timide, il est totalement inhibé et sujet aux crises d'angoisse. La séparation de ses parents, le départ de son père qui a refait sa vie avec M La Marâtre, la grosse déprime de sa mère l'ont fragilisé. Son service civique doit se dérouler dans un centre mnésique pour patients atteints d'Alzheimer, site qu'il n'a pas choisi et qui le stresse avec anticipation (il avait choisi « culture » et « éducation »). D'autant que Valentin habite Albi, le centre est à Boulogne-sur-Mer, pour un ado anxieux cette distance paraît insurmontable.
Valentin est en colocation avec 4 autres ados, sous la responsabilité de Serge son tuteur. D'abord très en retrait, il va finalement tisser des relations amicales et affectives avec les membres de la petite maisonnée. Mais surtout, il va découvrir au centre mnésique un environnement propice à son environnement. L'institution a pour particularité de recréer le cadre des sixties afin que les patients ne soient pas trop déboussolés : vêtements, meubles, musiques, films, tout est vintage… Les saisons sont recréées artificiellement ainsi que le cycle de la journée, la pluie tombe une fois par mois ! Là, entre la bienveillance du personnel soignant et les personnes âgées, Valentin va pouvoir se construire, grandir, prendre des initiatives et surtout faire la rencontre de Sola, la gériatre du lieu, qui est aussi sa tutrice. Une belle histoire d'amitié va naître entre eux et favoriser, de part et d'autre, le travail de deuil.
Clémentine Beauvais a beaucoup de talent car la syntaxe rend bien compte des conflits adolescents, des inquiétudes et questionnements d'un garçon de 14 ans. Les dialogues sont irrésistibles, notamment ceux qui mettent en scène les patients : si les symptômes de la maladie d'Alzheimer ne prêtent pas à rire, ici on est toujours entre le sourire et l'émotion. La mémoire, et ses différents méandres, est une thématique abordée sous plusieurs angles, à partir de l'expérience de chacun des personnages, traitée de façon originale.
Le journal de bord de Valentin est parsemé de « notes rétrospectives » qui sont soit explicatives, liées par exemple à la pathologie des patients âgés soit réflexives, Valentin y mesure alors le chemin parcouru, la maturité acquise, et donne l'occasion au lecteur de se préparer à la suite.
Pour réaliser son rapport de stage – qui doit faire 30 pages, Valentin en a écrit plus de 300 – l'adolescent s'appuie sur le guide du service civique, petit manuel de survie dans le monde professionnel, truffé de références aux bouquins sur le développement. C'est tendrement critique et ironique, impossible de ne pas sourire aux mille conseils plus débiles les uns que les autres 😊.
Bref, voilà longtemps qu'un roman ne m'avait pas donné autant la pêche ! A découvrir sans faute.
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