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Aujourd'hui, tous les jeunes doivent dorénavant effectuer, entre l'année de 3e et l'année de 2nde, un Service Civique Obligatoire (SCO), d'une durée de 10 mois au cours desquels ils devront rédiger un rapport, noté en fin d'année par des professeurs. Si les élèves peuvent, en amont, exprimer des préférences quant au champ professionnel et à la région, visiblement, personne ne semble en tenir véritablement compte. Valentin Lemonnier est de ceux, parmi tant d'autres. S'il a souhaité effectuer son serci dans la culture, l'éducation et le social en Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhônes-Alpes et Grand Est, il est évidemment déçu et un brin stressé par ses résultats. Ce sera la santé dans les Hauts-de-France ! le voilà donc quittant sa soeur, son frère, sa mère et Albi pour s'installer dans une maisonnette, avec 5 colocataires, dont Serge, son tuteur, à Boulogne-sur-Mer centre. le matin du 1er septembre, il franchit les portes de l'unité Mnémosyne, un centre pour personnes âgées atteintes d'Alzheimer. Dans la Section B où il officiera, il est littéralement replongé dans les années 60. Si tout, à ses yeux, lui paraît négatif et stressant, il va pourtant y passer une année inoubliable...

Ce roman n'est, ni plus ni moins, que le Rapport de Service Civique Obligatoire de Valentin Lemonnier. Et heureusement que ce jeune adolescent est bavard car en nous livrant, sur 378 pages, ses impressions, ses ressentis, ses émotions, son quotidien au sein de l'Unité, ses liens qu'il aura noués, il a largement dépassé les 30 pages dactylographiées demandées. Et, évidemment, toutes ses impressions, pour la plupart, très négatives ou négatives au début de son stage, vont progressivement devenir neutres puis positives. Grâce à ce stage, Valentin va évoluer, grandir, apprendre sur les autres et sur lui-même et reconsidérer certaines choses plus positivement, notamment grâce aux pensionnaires, en particulier madame Laurel qui lui fera connaître Françoise Hardy, à Sola Perré, son encadrante, ses colocataires, ainsi que Serge, son tuteur. Aussi, l'adolescent, plutôt réfractaire, intolérant et peu social va peu à peu s'effacer et s'ouvrir aux autres, devenant par là même de plus en plus attachant et drôle. D'ailleurs, les notes rétrospectives, ajoutées à la fin de son stage, en sont la preuve. Ce rapport, loin d'être gonflant, est très agréable à lire, tant il se dégage d'humanité, de tendresse, de malice, de sensibilité, d'humour et d'émotions.

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Une fois n'est pas coutume, suite à quelques critiques élogieuses et parce que l'autrice m'a déjà séduite dans le passé, j'ai jeté mon dévolu sur un livre pour adolescent, déjà, doublé d'une dystopie, encore plus rare pour moi. Celle-ci reste légère, quoique jugez, une femme est présidente... Et elle n'est pas d'extrême droite.

Dans ce futur proche, chaque élève doit avant son entrée au lycée effectuer une année de service civil. Il exprime ses choix et une application (cela rappellera des souvenirs plus ou moins heureux à beaucoup de parents) va l'affecter sur un stage. Pour Valentin, ce sera une unité pour patients atteints de la maladie d'Alzheimer, un centre où les années 60-70 sont recréées de toutes pièces.
Le roman est son rapport de stage.

J'ai été séduite par l'humanité qui se dégage de ce roman. L'autrice, ainsi que rappelé dans la conclusion du rapport, a décidé d'occulter les aspects les plus déplaisants de ce service à des personnes âgées. C'est un parti-pris qui est cohérent avec le ton du livre.

Valentin est un surdoué, capable de mémoriser, lui, énormément d'informations en peu de temps, mais quasiment inapte aux relations sociales. Il est même je dirais psycho-rigide, traumatisé par la séparation de ses parents et en veut terriblement à son père qui a refait sa vie. Cette année sera pour lui l'occasion de grandir, de s'ouvrir aux autres et d'appréhender le monde tel qu'il est, plein de nuances, et non en noir et blanc.
Il est entouré de personnes bienveillantes (peut-etre est-ce un peu trop, cela manque un peu de c..) et notamment sa tutrice, au caractère beaucoup plus fantaisiste, qui va d'abord dérouter Valentin, avant que leur relation ne devienne essentielle pour lui et pour elle. Il saura l'aider à surmonter un épisode douloureux.

Je me suis beaucoup attachée à ces deux personnages, j'ai aimé les voir s'apprivoiser, se dévoiler et évoluer pour finalement être capables l'un et l'autre de reprendre leur vie en main, hors de l'atmosphère rassurante de ce centre.

L'autre atout de ce roman pour moi est la forme, un peu surprenante au premier abord. le rapport de Valentin, ou journal de stage, est ponctué de remarques rétrospectives, souvent pleines d'humour, Valentin auto-analysant l'ado qu'il était et qu'il ne trouve pas très aimable.

Un choix de lecture que je n'ai pas regretté.

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(Lu dans le cadre du Prix Littéraire des Lycées Professionnels)

Un roman jeunesse original, tant par le sujet que sur la forme, que j'ai pris grand plaisir à lire même si j'ai été un peu désarçonnée au départ. En effet, il s'ouvre sur une circulaire du Ministère de l'éducation nationale sur le Service Civique Obligatoire (SCO) des jeunes, qui devra s'effectuer entre la 3ème et la 2nde pendant 10 mois et fera l'objet d'un rapport à son issue. le tout dans le jargon propre à cette institution, jargon qui m'exaspère au quotidien dès que j'ouvre ma messagerie…
Il est bien précisé que le rapport en question ne devra pas dépasser 30 pages.
Celui de Valentin Lemonnier en comptera finalement 378…
Valentin voulait effectuer son année de stage dans le domaine culturel , ou à défaut celui de l'éducation ou du social, et de préférence dans une région pas trop éloignée de sa ville d'Albi. Mais comme trop souvent, ses voeux ne seront pas pris en compte, et il va se retrouver dans les Hauts-de-France, dans le secteur « santé », et plus précisément dans la section B de l'unité mnémosyne de Boulogne-sur-Mer « spécialisée dans la fin de vie des personnes atteintes de démence (et qui) reconstitue de manière minutieuse les environnements de jeunesse des patients ». Et tout au long de cette année particulière, il nous décrira son expérience à travers son Journal de Stage, et nous donnera ses « Impressions Rétrospectives » « de manière à donner à son récit autonarratif une dimension réflexive ». (Vous commencez à comprendre ce que je voulais dire avec le jargon de l'éduc'nat' ?)
Petites précisions contextuelles : la France est dirigée par une présidente au nom exotique et pas d'extrême-droite depuis deux mandats, et le confort de vie des seniors atteints de maladies type Alzheimer semble nettement amélioré par rapport à ce que nous connaissons. Quant à Valentin, c'est un jeune homme qui souffre de la séparation de ses parents et est sujet à des crises d'angoisse, notamment lorsqu'il se trouve dans un environnement inconnu, ou entouré de beaucoup de gens. Il n'a jamais voyagé ni quitté sa mère et ses frère et soeur. Autant vous dire qu'il est ravi d'aller partager le quotidien de personnes séniles dans un village des années 60-70 reconstitué… Et en plus il va vivre en coloc' avec quatre autres jeunes un peu plus branchés que lui dans une maisonnette, sous la tutelle bienveillante de Serge.
Ce qui s'annonçait comme un cauchemar pour lui va prendre une tournure inattendue, et il va très vite et si bien s'acclimater à son environnement de travail qu'il en viendra à redouter les vacances. Il fera de belles rencontres, découvrira la culture des Trente Glorieuses, et notamment Françoise Hardy qui jouera vite un rôle prépondérant dans sa vie. Les personnes qui gravitent autour de lui sont pour la plupart étonnamment bienveillantes, ce qui m'a légèrement agacée par moment, parce que dans la vraie vie, on croise aussi des sales c…s, là j'ai parfois eu l'impression d'être un peu chez les Bisounours. Parmi ces personnes, le docteur Sola Perré, son encadrante, avec laquelle la relation est difficile à établir, d'abord parce qu'elle est absente à son arrivée, puis un peu abrupte lors de leurs premiers contacts. Mais bien sûr ça va vite s'arranger !
Cette lecture m'a plu par de nombreux aspects, et notamment cet ancrage dans un environnement années 60-70, même s'il est artificiel. Ce sont les années de mon enfance et mon adolescence, et l'évocation de certains objets, événements ou artistes m'a souvent fait monter un sourire un peu béat aux lèvres. Alors oui, je n'avais pas les mêmes goûts musicaux que les patients de l'Unité Mnémosyne section B, j'étais plus Pink Floyd que yéyés, mais cela m'a évoqué toute une atmosphère plus spontanée et plus enthousiaste que maintenant.
Et puis je l'ai trouvé bien sympa, ce jeune Valentin, avec ses questionnements et ses difficultés, sa volonté de bien faire et son système de valeurs bien à lui. Il pourra paraître complètement décalé à d'autres ados de son âge, mais j'en ai croisé de ces jeunes un peu « à l'ouest » en apparence parce qu'ils ont d'autres critères que ceux de la majorité.
L'écriture alternant journal de bord, notes rétrospectives et dialogues retranscrits (sans oublier les fameuses « consignes ministérielles ») m'a dans un premier temps un peu agacée, mais je m'y suis rapidement habituée, d'autant plus qu'elle colle bien à la personnalité de Valentin. le bémol s'il y en a un, c'est le décalage entre la situation actuelle dans les unités Alzheimer et le rêve qui nous est vendu là ; mais c'est plutôt que ça m'a un peu fâchée qu'on ne soit pas fichu de donner des moyens pour réaliser des structures convenables et encadrer la fin de vie de nos aînés décemment. Et une autre toute petite critique concerne l'âge des stagiaires qui me semble en décalage avec la maturité moyenne d'un ado en fin de 3ème. Pour moi ils auraient plutôt 16-17 ans, et non 14-15. Mais c'est du détail, dans l'ensemble ce roman m'a conquise, et je vais certainement le proposer à mes lycéens si j'ai encore l'occasion de le faire…

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En découvrant les dernières nouvelles de l'épidémie de Covid, du changement climatique, du chômage ou des nouveaux succès de l'extrême-droite à travers le monde, n'avez-vous jamais rêvé de pouvoir faire un bond dans les années 1960-1970 ? Imagine ! La tapisserie fleurie aux couleurs psychédéliques, un air de musique yéyé, des blousons noirs qui croisent des hippies dans un combi Volkswagen – et je serais en train de taper cette chronique sur une vieille machine à écrire…

Décidément, Clémentine Beauvais sait nous prendre de court ! On croit ouvrir son nouveau roman, on tombe sur une circulaire du ministère de l'éducation nationale instituant une année de Service Civique Obligatoire entre l'année de troisième et celle de seconde. Intrigué(e), on tourne la page pour tomber sur la page de garde du rapport de « serci » de Valentin Lemonnier, 378 pages (il a « dépassé »). Aucun de ses souhaits n'ayant été pris en compte par l'algorithme, il est envoyé à l'autre bout de la France, dans un établissement de soin à des personnes atteintes d'Alzheimer au concept peu commun : il s'agit de reconstituer le décor de leur jeunesse, dans les années 1960 (oui, le roman joue dans un futur où la France serait gouvernée par une présidente, ce qui n'aurait pas risqué d'arriver pendant les Trente Glorieuses, mais là je m'égare…). Et voilà que Valentin n'a pas le coeur d'annoncer à Mme Laurel qui a participé à un concours organisé par Salut les Copains (année 1967) qu'elle n'a pas gagné – et que Françoise Hardy ne pourra malheureusement pas venir chanter chez elle. Il va donc falloir se débrouiller pour qu'elle vienne !

J'ai tourné les pages, avide de savoir comment Valentin s'en tirerait, mais aussi de mieux comprendre ce garçon particulier, mais très attachant. Très vite, aussi, on brûle d'en savoir plus sur les personnes qu'il rencontre, notamment son impénétrable encadrante. Et notre curiosité est alimentée habilement par les notes rétrospectives que Valentin insère çà et là qui nous font pressentir l'ampleur des évolutions à venir…

L'intrigue est farfelue, la forme réjouissante, le propos optimiste : j'ai pris un grand plaisir à lire ce roman. J'ai adoré la malice avec laquelle les réponses de Valentin, qui reprennent, avec une bonne volonté touchante, les termes de la trame standardisée du rapport, tournent en dérision le vocabulaire néo-libéral de la « détermination de ses champs de compétences préférentiels » à la « stratégisation de carrière » et au « plein déploiement de ses potentiels ». Vous vous en doutez, il ne s'agit pas vraiment de cela : Clémentine Beauvais évoque joliment et justement « l'âge tendre » de l'adolescence – ce moment de prendre son envol, de réaliser que certaines choses sont plus nuancées qu'on ne le pensait et de partir à la recherche de son identité.

Une lecture très originale, drôle et émouvante !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Dans un futur proche mais à une date non précisée, Valentin doit accomplir son service civique (« serci ») d'un an entre la classe de 3e et celle de 2nde, dans une région autre que la sienne, selon les directives de la présidente de la République. A la suite d'un dysfonctionnement informatique, Valentin, qui habite Albi, est envoyé à Boulogne-sur-mer, dans une unité Mnémosyne. Ces unités reconstituent fidèlement les époques antérieures (par exemple les années 60 ou 70) pour que les patients atteints de la maladie d'Alzheimer croient revivre leur jeunesse. de telles unités ont été rendues possibles grâce à la puissance économique que l'industrie nucléaire a redonnée à la France. Valentin, qui est légèrement non-« neurotypique », habite avec cinq colocataires dans une maison, sous la supervision d'un adulte. Ce que nous lisons est son rapport de « serci », qui devait faire une trentaine de pages mais qui « a dépassé » et en fait trois cents. ● le thème du roman est original et la lecture en est plaisante, au moins au début. J'aime beaucoup les romans dont le narrateur n'est pas neurotypique, même s'ils ont tendance, ces derniers temps, à se multiplier, avec un bonheur inégal. ● Mais le livre est trop long, il aurait gagné à avoir une bonne centaine de pages en moins ; la forme du rapport de stage finit par lasser et il y a beaucoup de répétitions : les multiples notes rétrospectives, les adresses au professeur correcteur, les nombreuses versions de l'histoire de Sola... ● Au début, on s'amuse du langage très « Education Nationale » des questions posées pour le rapport de stage, des mesures du niveau de stress de Valentin, de sa façon d'écrire « mon impression fut : négative / positive / neutre », mais à la longue cela devient fastidieux. ● Il y a aussi beaucoup de poncifs ; le quotidien des personnes âgées Alzheimer et de leurs soignants est très nettement enjolivé (comme c'est d'ailleurs dit clairement à la fin) pour les rendre touchants et attachants ; l'autrice saupoudre son récit d'allusions LGBTQIA+ pour faire moderne, comme si on ne pouvait y échapper ; le ton général est assez mièvre, plein de bons sentiments qui finissent par produire de la guimauve bien collante. ● En conclusion, une lecture pas désagréable, mais qui ne m'a pas complètement convaincu.
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Comme j'avais adoré Les petites reines et Songe à la douceur de la même autrice, je me suis jetée sur ce livre lors de sa parution, bien que je l'ai lu quelques temps plus tard.

Ce nouveau roman se passe en France, dans un futur que j'imagine proche du notre, où la Présidente a mis en place un service civique obligatoire pour chaque élève entre sa troisième et sa seconde. Valentin a donc posé ses voeux mais il va être envoyé dans un endroit qui ne correspond pas du tout à ses attentes... Ainsi, il va se retrouver dans un centre pour personnes âgées atteintes d'Alzheimer conçu pour ressembler à un village français des années 60.

Ce livre est présenté comme étant le rapport de service civique de Valentin, qui originellement devait faire trente pages maximum mais, comme il dit : "Longueur : 378 pages. (J'ai dépassé.)". C'est ainsi que nous allons suivre sa rencontre avec les résident·e·s de ce centre tout particulier qui me paraissait adorable mais qui m'a également fait m'interroger. En effet, je me suis questionnée tout le long de ma lecture sur la pertinence de créer des lieux tels que celui-ci pour les personnes atteintes d'Azheilmer, en leur faisant croire qu'elles sont à une autre époque, celle de leur jeunesse.

La mise en page du roman est assez surprenante : une circulaire du Ministère de l'Éducation Nationale ouvre l'histoire, puis les consignes de ce même ministère sur les dossiers à rédiger lorsque les élèves font leur SCO (Service Civique Obligatoire), et, enfin, les plus de 370 pages du fameux dossier de Valentin. Nous voyions tout à travers son regard : nous le voyions évoluer, apprendre petit à petit à aimer être dans ce centre au point d'y passer beaucoup de temps, réfléchir sur pleins de choses... Bref, dix mois durant lesquels cet adolescent aura grandi et changé !

C'était une formidable lecture, tout à fait plaisante, avec de nombreux passages amusants mais qui comportait des moments touchants et émouvants. Avec Clémentine Beauvais, je ris, je souris, je suis émue aux larmes... J'aime énormément ce que fait cette autrice et ce livre était un vrai régal !
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Si tu crois que tu n'aimes pas Françoise Hardy...Si tu crois ne pas avoir envie de lire un roman d'anticipation qui raconte une année de service civique d'un ado dans un EHPAD un peu particulier des Hauts-de-France...Si tu crois avoir tout lu dans le genre roman ado sur une amitié transgénerationnelle...Si tu crois que tu ne tomberas pas dans le piège de lire ce livre sans t'arrêter...alors lance-toi car c'est un coup de coeur assuré.
Et si... tu crois un jour que tu m'aimes Ne crois pas que tes souvenirs me gênent Et cours, oui cours jusqu'à perdre haleine Viens me retrouver…
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Mon premier Clémentine Beauvais, et quel roman! Je n'attendais d' "Âge Tendre" que légèreté et j'y ai trouvé beaucoup d'émotions et des thématiques plus profondes que ce j'en escomptais. Autant dire que je suis conquise, au point même d'avoir troqué les playlists habituelles contre quelques chansons de Françoise Hardy, moi qui ne connaissais d'elle que "Tous les garçons et les filles de mon âge" et quelques autres tubes un peu sirupeux, et comme Valentin, je suis touchée par "Dans la maison où j'ai grandi" d'ailleurs!
Dans une France qui pourrait ne pas être si loin de la nôtre et gouvernée par une présidente (!) qui vire bien plus à bâbord qu'à tribord, le ministère de l'Education Nationale a rendu obligatoire pour chaque élève un service civique qui doit se dérouler entre la classe de troisième et le passage au lycée. Chaque élève peut formuler des voeux quant au domaine qui l'intéresse ainsi qu'au lieu où il souhaite effectuer le fameux service. le roman s'ouvre ainsi sur la circulaire puis les consignes du ministère avant de prendre une toute autre tournure puisque le récit se présente ensuite comme la rapport de "serci" d'un certain Valentin qui nous prévient d'emblée: son écrit est bien plus long qu'exigé et il lui a fallu pas moins de 378 pages pour relater son année et son expérience...
De là, on entre dans le récit à la première personne de l'adolescent qui n'hésite pas à faire des allers-retours entre les différentes temporalités de l'action, faisant ainsi preuve d'un recul qui pour nous lecteurs est bien précieux puisqu'il distille subtilement quelques indices quant à l'intrigue que l'on découvre.
Notre Valentin est un jeune homme angoissé, anxieux. Quelle n'est pas son inquiétude quand il se rend compte que l'algorithme chargé de lui trouver son service civique, tel un parcours supp de fiction, n'a pris en compte aucun de ses voeux. le voilà contraint de quitter Albi et le soleil du sud-ouest pour les Hauts-de-France. Quant à ses projets de stage dans le domaine culturel, ils sont balayés par la nouvelle: on le parachute dans une unité de service de soin à personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Peu après avoir débarqué dans le grand nord, Valentin découvre un établissement à la philosophie peu commune: on y a reconstitué les années 60 pour les pensionnaires jusque dans les moindres détails. La première mission qui échoit alors au jeune homme semble simple: il doit écrire à Mme Laurel qu'elle n'a pas gagné le concours orchestré par "Salut les Copains" et que de fait Françoise Hardy ne viendra pas chanter pour elle. Oui, mais ce n'est pas si simple de briser le coeur d'une adorable vieille dame et Valentin ne peut s'y résoudre. Pas d'inquiétude, il a quelques mois devant lui pour trouver une solution.
L'intrigue de base, non contente de fleurer les années yéyé, est délicieusement loufoque et on se prend au jeu, on tourne avidement les pages en se demandant comment va s'en sortir le personnage, mais au-delà de cette dimension légère, cocasse et très colorée, le roman de Clémentine Beauvais se fait plus profond. On découvre un héros profondément sensible sous la malice et le piquant dont il sait faire preuve, un adolescent cabossé que son service civique apprend à vivre enfin, à dépasser les angoisses et les idées toutes faites. C'est un véritable roman d'apprentissage que cet "Age Tendre" qui évoque avec beaucoup de tendresse les affres de l'adolescences, les nuances dont peut se colorer la vie, la force et les douleurs de l'amour. Il est emprunt d'une mélancolie, portée essentiellement par le très beau personnage de Sola qui lui donne ce petit supplément d'âme, cette gravité légère qui étreint après avoir fait sourire. Doux-amer comme les Parapluies de Cherbourg.




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J'ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman. Pas qu'il soit mal écrit (bien au contraire) ou inintéressant, mais j'ai besoin d'entrer au moins un peu en empathie avec les personnages. Et là il m'a fallu du temps pour le faire avec Valentin.
Il y a deux raison à cela. Déjà, l'auteure a choisi de nous livrer cette histoire sous forme d'un rapport de stage qui, au début, est plutôt formel. Ensuite, Valentin est un ado particulier, sûrement une forme d'autisme ou quelque chose de ce genre (ce n'est pas nommé). Et comme c'est lui qui s'exprime, il y a une sorte de distance qui est ressentie. Mais ces deux aspects s'améliorent avec le temps, et ma lecture aussi du coup.
Valentin, donc, vient de finir sa 3e et doit effectuer un an de stage. Ah! c'est autre chose que nos 3 jours d'observation du stage de 3e d'aujourd'hui! Oui, car Clémentine Beauvais nous emmène dans le futur. Alors un futur proche (des personnes nées en 30/40/50 sont encore en vie) mais avec des différences : une femme au nom "exotique" est présidente de la république, des unités gériatriques recréent l'illusion quasi parfaite de certaines décennies, et les ados effectuent des stages d'un an.
Notre Valentin donc effectue son année de stage dans une de ces unités, et ce roman est son rapport de stage. On voit le jeune homme évoluer dans ces rapports aux gens, prendre de l'assurance, réviser ses jugements, créer des liens, se décentrer pour s'intéresser aux sentiments des autres, s'attacher à autrui, renouer avec sa famille. le stage (et sa rédaction) le font grandir sous nos yeux.
Ce sont de beaux portraits humains que nous offrent ici l'autrice, et un joli tableau du Nord-pas-de-Calais.
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Age tendre nous est raconté par la voix de Valentin, un jeune adolescent d'un futur pas si loin du nôtre. La Présidente a voté une loi imposant à chaque jeune de réaliser une année de Service Civique (Serci de son petit nom) entre la 3e et la 2nde. Et comme c'est un algorithme qui décide des affectations, Valentin, le jeune homme timide du Sud Ouest qui souhaitait travailler dans la culture se retrouve affecté dans une maison de retraite d'un genre nouveau dans le Nord. Une drôle d'année en perspective qui lui permettra de grandir et de changer au contact des pensionnaires et de l'équipe soignante.

L'auteure imagine pour son roman des maisons de retraite dans lesquelles on reconstitue pour les pensionnaires perdant un peu la tête l'époque qui fut la leur et dans laquelle ils croient parfois encore vivre. Valentin se retrouve ainsi parachuté directement dans les années 60, déco psychédélique, chansons yé-yés et robes vintages compris ! Une bonne dose de nostalgie donc et un univers inconnu qui s'ouvre à cet adolescent très timide, renfermé et peu sûr de lui (sujet à des crises d'angoisse, il essaye de les calmer en essayant diverses techniques vues avec son psy et note régulièrement son niveau de stress sur une échelle de 1 à 10).

J'ai d'abord adoré ce roman avec des premières pages particulièrement loufoques et ironiques sous forme de fausses circulaires de l'Education Nationale (bien sûr truffées de termes incompréhensibles et de jargon administratif) puis cet algorithme - dont toute ressemblance avec un certain ParcoursSup est bien sûr fortuite - complètement stupide et enfin ce roman qui est en fait le rapport de Serci de Valentin. Malheureusement passé les fous rires du début, ce roman m'a très vite lassée. La forme du rapport de stage est certes amusante mais l'accumulation d'allusions au fait que Valentin "ait dépassé" (son rapport fait 300 pages au lieu des 30 maximum), ses petites notes destinées au professeur qui va le corriger et le noter, ses réflexions postérieures ajoutées à son journal, tout ce format très stéréotypé et extrêmement répétitif, rendent la lecture de plus en plus fastidieuse. Même chose pour le fait que l'adolescent est d'un naturel très inquiet et stressé, évaluant ainsi à longueur de page son niveau de stress et son ressenti (des lignes et des lignes sur quasi chaque journée de "Ma première impression fut : très positive / très négative / assez positive / etc"), se sentant obligé de décrire par le menu tout ce qui l'entoure via de longues énumérations ultra précises. C'est amusant au début et sans doute intéressant pour mieux nous faire comprendre le personnage mais ma lecture m'a ensuite souvent semblé bien longue une fois le procédé compris.

Alors que j'adore d'habitude l'écriture de Clémentine Beauvais et que le thème des années 60 se prêtait particulièrement bien à un roman plein de peps et d'humour, je l'ai trouvée ici bien peu inspirée. C'est long, c'est lourd, ça se répète beaucoup (oui, je sais, je l'ai déjà dit, mais vraiment ma lecture a été fastidieuse) et finalement j'ai trouvé que cela faisait bien beaucoup de pages pour ne pas dire grand chose. L'histoire de Sola, la médecin avec qui Valentin se lie d'amitié, n'a pas réussi à m'émouvoir réellement (peut être parce qu'elle a été trop délayée au fil des pages) et le parallèle avec ce que vit Valentin m'a paru assez téléphoné. Il m'a aussi semblé que là où d'habitude l'auteure réussit à parodier les genres littéraires ou réaliser des figures de style de manière très fluide, sans donner l'impression d'une écriture très travaillée, le procédé paraissait particulièrement voyant dans ce roman : le faux rapport de stage déjà évoqué, le faux récit de Sola écrit et réécrit en jouant sur les pronoms (je raconte, elle raconte, je raconte au discours indirect, etc), cela n'apporte pas grand chose et m'a paru un peu lourd.

Bon ma critique est sans doute un peu dure pour un roman qui garde quand même quelques bons côtés, des passages très drôles, beaucoup de tendresse pour tous les pensionnaires de la maison de retraite, très touchants et attachants, des relations entre adolescents qui sonnent plutôt justes. Mais je crois que j'ai vraiment été très déçue de m'ennuyer autant et de trouver le temps long dans un roman de Clémentine Beauvais alors que d'habitude je les dévore en regrettant qu'ils soient déjà finis. Les autres retours sur ce roman semblent plutôt positifs, peut être est-ce juste moi qui n'ai pas lu ce livre au bon moment ou qui n'est pas été sensible à son charme. Ce n'est pas grave, je retenterai quand même ma chance avec un prochain ouvrage de l'auteure !
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