AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dionysos89


Une personne qui m'est chère, inconditionnelle de la fantasy s'il en est, me conseillait depuis longtemps ce roman hors pair. le lire ne m'a pas déçu une seule seconde !


Le XVIIe siècle, les Caraïbes, un équipage de pirates mené par un capitaine empli de contradictions et de douloureux souvenirs. Rien de bien neuf sous le soleil me direz-vous, mais il suffit de fouiller un peu pour se rendre compte que le Déchronologue a peu de choses en commun avec un quelconque autre livre que ce soit. Car le Déchronologue, c'est d'abord un navire magnifique qui est censé tirer non pas des boulets de canon comme les autres, mais bien du temps : des secondes, des minutes, des heures sont tirées depuis cette frégate qui donne son nom au livre sans pour autant représenter la majeure partie de l'histoire. Dans un univers maritime moderne où les Espagnols dominent le Nouveau Monde et où quelques événements en Europe coupent les voies maritimes traditionnelles, d'étranges « merveilles » et personnages venus de nulle part ou presque viennent chambouler tous les acquis. C'est ainsi que le capitaine Henri Villon se présente à nous dans un monologue prenant et particulier. Ce capitaine bourru, haut en couleurs et trop gros adepte du tafia connaît ou a connu (suivant où on prend l'histoire) les pires dangers et tente vaillamment de nous les transcrire dans son journal.

Le Déchronologue, c'est tout d'abord une atmosphère. Une atmosphère incroyable règne, en effet, au sein des pages de Stéphane Beauverger. Des personnages parfaitement caractérisés s'insèrent adroitement dans ce monde oscillant entre piraterie, traîtrise, cachotteries, chamanisme et éléments de pure science-fiction. le tout rend alors compte d'un univers vraiment dantesque à souhait, où il n'y a pas que les éléments qui se déchaînent contre notre attachant héros. Des geôles de Carthagène aux grandes marées de la mer des Caraïbes, en passant par les sombres couloirs de Noj Peten et les décombres de Santa Marta (rien que les noms, ça pète, hein ?), Stéphane Beauverger nous fait voyager à peu de frais, c'est peu de le dire !
Du côté des personnages maintenant : aux côtés de ce capitaine sans égal au point de vue alcool et stratégie maritime, nous trouvons des personnages secondaires aux personnalités qui ne le sont pas. Ils sont en masse, ce qui est très agréable. Tout en étant tout de même franchement nébuleux parfois, chacun de ces personnages de second ordre, mais pas de seconde zone, se caractérise surtout par son rapport avec le capitaine Henri Villon. Conseillers, fidèles, traîtres, ennemis, amis, tous autant qu'ils sont ne sont pas là pour faire de la figuration !

Abordons maintenant un procédé très important du processus créatif de Stéphane Beauverger sur le Déchronologue : le fait de mélanger l'ordre des chapitres. Ce problème est apparemment voulu par l'auteur pour faire comme si on retrouvait le journal du capitaine Henri Villon de la même manière que celui-ci accueille les hordes guerrières hors du temps, c'est-à-dire dans le désordre complet. Il y a de quoi être perdu donc ; malgré cela, il faut reconnaître que Stéphane Beauverger ne nous perd en rien dans ces couloirs du temps, dans ce dédale de péripéties : il distille les découvertes et les descriptions de personnages exactement comme il faut, avec un timing très étudié, de sorte de n'être jamais obligé de faire machine arrière : par exemple, je n'ai jamais eu besoin de relire un seul paragraphe pour comprendre quoi que ce soit, l'ensemble se lit donc assez facilement quand même.
Pour chercher un vrai bémol dans cet amas de bonnes idées, je me demande surtout quel est l'intérêt d'utiliser des mots en espagnol pour des mots aussi importants que les « maravillas », et dont certaines sont même difficiles à comprendre et à cerner puisqu'aucune traduction n'est disponible et que les mots choisis ne sont pas toujours transparents. Un glossaire aurait été très apprécié, mais j'imagine que là encore le but est de perdre un peu le lecteur dans cette jungle intemporelle où se mélangent les langues, les époques et les objets. Cette idée des « maravillas » apparaît, en effet, comme très novatrice et surtout comme un fil très important, très utile, pour conduire le récit.


Bref (pour enfin conclure, car j'ai l'impression de faire comme Stéphane Beauverger en émettant des avis dans le désordre) (et d'ailleurs si vous voulez continuer à re-découvrir ce livre, n'hésitez pas à faire le quiz suivant : http://www.babelio.com/quiz/2250/Le-Dechronologue), le Déchronologue est un roman très agréable à lire, avec à la fois du suspense, de l'action, de très bonnes idées et surtout une ambiance ma-gni-fi-que !!! de la fantasy-science-fiction à la française très appréciable et appréciée !
Commenter  J’apprécie          472



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}