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Critique de LoupAlunettes


« Je m'appelle Joséphine Honorine-Legennec !
Mes copines m'appellent Jo'.
Pas parce que je ressemble à un garçon mais parce que ça fait plus joli, Jo', moins princesse !
Enfin, pour maman, je suis parfois « Zazie la Zizanie», pour mon papa, c'est « ma Joséphine des Antilles ».
Quand Toussaint mon grand frère m'asticote, c'est parfois « Fifine la boule » parce que je ne suis pas aussi maigre que les filles qu'il regarde à la télé. Il a pleuré une fois comme un bébé auprès des parents, lorsque Sarah « Gros nénés » lui a répété ce que je lui avais dit : «  Mon idiot de frère fait encore pipi au lit ! ».
Que les garçons sont bêtes ! Parfois, je les déteste et puis après, c'est fini.
« Tout juste bons à manger du foin, ces ânes » : dit toujours le maître à propos de mes copains qui font des bêtises. Pourtant, pour en faire des bêtises, je ne suis pas la dernière.
Dès que Fabrice et Djamel font la course dans la cour à la récré, Clémence et moi, on leur court après et une fois attrapés, je leur administre la punition suprême, je leur lèche la joue.
Et puis, on éclate tous de rires !
Ma mamie « Cocotte », la maman de ma maman, dit que je lui ressemble au même âge. A 9 ans, elle grimpait aux arbres avec ses frères et secouait les branches des manguiers pour les faire tomber. Elle dit toujours qu'elle espère vivre suffisamment longtemps pour voir ses arrières-petits Jo' et Joséphine. Mais je lui dit gentiment : « Ca, Mamie Cocotte, on verra! Je sais pas si je serai marié, avec un amoureux et tout ça ? Mon métier de docteur me fera voyager partout dans le monde d'abord et soigner les gens, leur faire du bien, ça prend du temps. Et attention ! Je veux être docteur pas infirmière, comme le « Docteur Quinn » à la télé. ». Ma mamie Cocotte, elle me répond toujours avec son sourire édenté et j'aime ça. Quand il y a un trou entre les dents, on appelle ça "les dents du bonheur". Ben ma mamie Cocotte, elle a connu beaucoup de bonheurs, ça se voit.
Fabrice et Djamel, docteur, ça les fait rire. Ils disent que les filles peuvent pas être chef, moi je leur dit que si et que même un jour, le Président de la France sera une femme. Et bien oui !
Quand leurs mamans les appellent du balcon pour se dépêcher de rentrer dîner, ils obéissent bien en courant. Alors là, moi, je ris toute seule. Si c'est pas de l'autorité, ça.
Ma grand-mère Lucie, la maman de mon papa, celle qui fume comme un pompier, me dit toujours que dans la vie, on peut être ce que l'on veut aujourd'hui .
Alors, si ça se trouve, je serai chauffeuse de bus comme la maman de Clémence ou maîtresse comme M. Benzemane, le maître.
Ben oui ! Une fille, c'est pas que pour faire jolie !
On est pas des poupées ! C'est vrai !
Ma grand-mère Lucie m'a offert ce livre. Si tu veux, je te le prête. »


: Cette fiction de Joséphine m'a été inspiré par ce titre. « On est pas des poupées, mon premier manifeste féministe » de Delphine Beauvois et illustré par Claire Cantais, un album ovni dans la production jeunesse. Ce n'est pas un documentaire mais bel et bien une fiction qui développe avec humour et créativité un thème plus qu'important et salvateur, à savoir le droit des filles d'aujourd'hui, future génération des femmes de demain.
Une courte et agréable leçon d'éducation joliment illustré sur la condition féminine, qui est mis à portée des plus jeunes. le contenu entre illustration et collage rappelle parfois du Stian Hole, « papa » de la série des Garmaan, ce petit héros qui au fil des aventures croisent les grandes questions de la vie aussi.
Les yeux, bouts de photos collés aux différents personnages, renforcent le côté décalé de l'album et réaffirme un décalage possible dans la perception des filles dans le fond et la forme, dans les mentalités, les réalités du quotidien, aux yeux des parents aussi. Droits et modernités ne vont pas toujours par paire et comme le souligne la galerie illustre de personnages féminins à la fin de l'ouvrage, de Olympe de Gouges en France à Angela Davis aux États Unis, la liberté et l'émancipation se gagnent durement.
Les deux auteures brossent donc sur de belles double-pages le portrait de fillettes libres, débordantes d'énergie et de joie de vivre, parfois moins sages et délurées telle qu'une société peut le permettre dans certaines civilisations dites modernes. L'album envisage les nombreuses possibilités peut-être encore méconnues par les petites filles du monde afin qu'elles puissent s'autoriser, profiter, se dire avec facilité : « moi aussi j'ai le droit, moi aussi j'ai le choix ! ».
« On est pas des poupées » pour dire qu'une fille est un personne à part, qui s'appartiendra à l'âge de sa majorité, en corps et en pensée et pourra décider de son avenir.
L'album casse les stéréotypes habituelles de la fille qui joue à la poupée plutôt qu'au camion, qui adore le rose bonbon. Oui, les filles, comme le démontre l'album et les récrés, ça a aussi des biscotos et du tempérament, ça se bagarre quand il faut.
Elles n'attendent pas forcément le prince charmant les mademoiselles « Sauve qui peut », elles sont aussi casse-pieds que les garçons, grimpent aux arbres et te filent la raclée aux billes aussi.
Au delà de l'humour, l'album fait référence à quelques grands destins qui ont changer la face du monde et notre vision de celui-ci.
Saviez-vous que Amelia Earhart avait traversé l'Atlantique en Avion d'une traite ?
Et oui, la femme est un « homme » comme les autres.
Je dirais même plus, c'est une femme !
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