Vathek, c'est un peu la rencontre improbable sur une table de dissection de la verve de
Voltaire avec la cruauté de
Sade. À travers l'histoire effrénée d'un calife prêt à tout pour obtenir le don de double vue, Beckford se livre à un joyeux jeu de massacre, cauchemar désopilant en forme de course à l'abîme, conte moral totalement déjanté qui se vautre dans le stupre et le sang.
Ecrit directement dans un français magnifique par un jeune aristocrate anglais, en une nuit tumultueuse suivant une orgie de tous les diables avec sa cousine et son cousin, ce texte avait tout pour devenir un classique du XVIIIe, et pourtant il fait partie de ces étranges oubliés qui peuplent les bibliothèques idéales de trop peu nombreux happy few. Mallarmé s'en étonnait déjà, et bonne âme voulut partager sa (re)découverte... Rien n'y fit.
Borgès reprit le flambeau sans beaucoup plus de succès. Après tout, les diamants noirs sont peut-être plus beaux à la lumière d'une torche vacillante, au fond d'une caverne désertée.
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