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Critique de Polomarco


Courte biographie d'une assistante sociale dont le nom est associé à la ville d'Ivry-sur-Seine, où elle vécut et oeuvra de 1933 jusqu'à sa mort en 1964.

En y arrivant, elle découvre une immense pauvreté matérielle, qui la scandalise, comme elle a scandalisé, avant elle, les communistes qui tiennent la municipalité. Elle saisit donc leur "main tendue" (page 107). Mais, en tant que chrétienne, deux obstacles l'empêchent de travailler réellement de concert avec eux : d'une part, l'athéisme qui proclame la mort de Dieu ; d'autre part, la lutte des classes, qui entraîne la haine de certains hommes (page 113).

Cette longue expérience en milieu athée, voire hostile, la conduit à écrire "Ville marxiste, terre de mission", seul livre qu'elle écrira de son vivant. Elle y déclare que "les milieux athées, quand on y vit, imposent un choix : mission ou démission chrétienne" (page 69).

A cet égard, elle constate une tendance de certains chrétiens à l'entre soi, qui les éloigne de la mission. Elle tient ces chrétiens "en grande partie responsables de l'effondrement de la foi" qui est, chez eux, davantage une "mentalité" qu'une foi enracinée dans l'Évangile. Croient-ils toujours vraiment à l'Évangile ? Ils confondent bonheur et salut, monde et Royaume de Dieu et surtout, présence et évangélisation.

Or, pour Madeleine Debrêl, leur responsabilité de laïcs consiste non pas à simplement vivre comme chrétiens, mais à annoncer l'Évangile (page 62). Anticipant l'encyclique Evangelium nuntiandi (1975 - numéro 22), elle indique en effet que "l'annonce de la foi doit être explicite", même si la foi, c'est Dieu seul qui la donne (page 63). Si les chrétiens n'exercent pas leur rôle missionnaire, n'est-ce pas parce que les freins à la puissance de la Parole sont en eux ? (page 84).

Ainsi, c'est une pensée forte et "décapante" que l'ouvrage met en lumière. Il montre bien, par ailleurs, la filiation de cette pensée de Madeleine Delbrêl avec celle de son aîné Charles de Foucauld.
Une lecture revigorante qui permet de découvrir une figure spirituelle majeure du XXème siècle, qui écrivait quelques semaines avant sa mort : « J'avais été et je suis restée éblouie par Dieu ».
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