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Critique de RChris


RChris
23 décembre 2023
Ce livre raconte la bataille pour la conquête de Berlin, par le menu. Et au menu, des mouvements de troupes à l'approche de la capitale allemande, mais aussi toutes les turpitudes de la guerre perpétrées par les “Ivans”revanchards et enfin les atermoiements du commandement allemand, avec en prime les colères d'Hitler.

Antony Beevor nous parle essentiellement du front de l'Est qui cristallisait la peur des Allemands ; ainsi, une amère plaisanterie circulait à Berlin : “Maintenant, les optimistes apprennent l'anglais, et les pessimistes apprennent le russe.”

L'avancée russe concerna 2,8 millions d'hommes, 6 250 chars, 41 600 canons , 7 500 avions. Cette armée fut complétée par 1 030 494 criminels venant du goulag.
Chez tous ces hommes, la haine revancharde était exacerbée (voir citation).

Les Américains à l'ouest et les Russes à l'est ont rivalisé pour planter en premier leur drapeau au sommet du Reichstag, ce “symbole choisi pour marquer la victoire sur la “Bête fasciste”.”
Les pertes russes furent extrêmement élevées : 78 291 morts et 274 184 blessés.
“Les historiens russes reconnaissent maintenant que ces pertes inutilement lourdes étaient dues en partie au souci d'arriver à tout prix avant les alliés occidentaux et en partie au fait que tant d'armées lancées simultanément vers un but unique en arrivaient facilement à se bombarder entre elles.”

Au-delà du conflit, c'est ce qu'ont vécu ces hommes qui m'a intéressé dans ce livre, cherchant à comprendre les exactions russes, les résistances allemandes et les souffrances des civils souvent passées sous silence alors que la chronique d'une défaite était annoncée.
L'historien sait alterner les manoeuvres des troupes russes, la défense de Berlin et des témoignages à hauteur d'hommes.
Les viols de femmes allemandes par les Russes étaient courants : “Deux millions de nos enfants sont nés en Allemagne” affirmait un ancien officier de blindés russes. “Selon les estimations faites dans les deux principaux hôpitaux de Berlin, entre 95 000 et 130 000 femmes auraient été ainsi violées, et environ 10 000 seraient mortes ensuite, par suicide. ”
J'avais déjà eu l'occasion de rapporter le témoignage d”Une femme à Berlin”, le journal qui décrivait anonymement ce que les femmes avaient subi du 20 avril au 22 juin 1945.

Jusqu'au-boutiste, Hitler entraîna son pays dans sa chute.
Le colonel Reflor décrira ce qu'il appela une “tragi-comédie” typique du régime : “Avec un remarquable courage physique et moral, Weidling se présenta dans l'après-midi au bunker. Hitler en fut, de toute évidence, impressionné. Si impressionné qu'il décida soudain que l'homme qu'il voulait faire exécuter pour lâcheté devant l'ennemi était celui qu'il lui fallait pour diriger la défense de Berlin.”

Au fur et à mesure de la progression soviétique, le führer voulait faire exécuter ses généraux qui avaient échoué dans leurs missions lancées sans moyens la plupart du temps.
Les SS exécutaient ceux qui voulaient se rendre alors que la bataille de Berlin était notoirement perdue.
Plus tard interrogés, “les généraux laissaient entendre qu'ils avaient été victimes du nazisme, car si Hitler n'était pas intervenu de façon aussi désastreuse dans la conduite des opérations militaires, ils n'auraient jamais été vaincus.”
Hitler connaissait la fin de Mussolini et de sa maîtresse, pendus la tête en bas ; il ne voulait pas être pris par les Russes et voulait être incinéré pour que son corps ne soit pas exhibé à Moscou.
Aussi la recherche de son cadavre fut-elle une sinécure.

Laissons le dernier mot à l'historien : “L'incompétence, le refus obstiné d'accepter la réalité et l'inhumanité du régime nazi furent bel et bien révélés par la façon dont il s'est effondré.”
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