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Critique de afriqueah



Recours au dictionnaire pour comprendre le titre : le gone, c'est le gosse et le Chaaba, c'est le nom du bidonville habité par un ensemble de familles algériennes au nord de Lyon.
D'une façon ni outrée ni enfantine, ni accusatrice ni béni oui-oui, Azouz Begag raconte son enfance dans une banlieue pauvre, très pauvre, de Lyon, avec pour premier élément le racisme : celui de son institutrice qui se moque dès le début du « petit génie » avant même qu'il ait ouvert la bouche, puis l'accuse d'avoir copié….Maupassant, celui des enfants juifs à qui il n'a pas intérêt à avouer qu'il est arabe, et le sien aussi, honteux lorsque sa mère vient le chercher à l'école et dévoile ainsi, sous ses voiles, son appartenance religieuse, et son niveau socio- culturel.
Car la pauvreté est là dans ce morceau de terrain vague, où il faut marquer son territoire même pour les poubelles. Les chaussettes trouées! la honte !
Heureusement, la solidarité familiale palie à cette indigence racontée sans complaisance par Azouz Begag et au contraire avec un ton de vérité, une voix vraie. Sauf que cette famille ne pense pas qu'un arabe doive étudier, et le petit a donc plusieurs ennemis à combattre : son milieu social d'origine, qui prend pour une trahison s'il réussit, et ses propres dissensions intérieures : au moment de la circoncision, oui, il se déclare arabe, mais parfois il doute, et refuse de trop en faire , de « fayoter » par exemple en s'asseyant près de son ami « blanc ». Les choses ne sont pas simples, sa volonté d'étudier (soutenue par le père) se heurte aux jalousies et brimades de ses amis arabes et de sa famille. L'échec scolaire est à la fois une raison et une excuse de ne pas s'intégrer, et la solidarité familiale peut être une excuse et un encouragement à cette tricherie.
Toujours dans la vérité, Begag parle aussi de la délinquance, celle de la plupart de ses copains, et la sienne aussi, qui vole un vélo, hop, et la repeint, ni vu ni connu.
Espoir cependant car cette volonté, si elle est semée de contrariétés, finit par s'imposer, grâce aussi au maitre qui le soutient. L'intégration est difficile, car Azouz est honteux de ses parents, et connaît mieux la culture française que ses parents, et est conscient de leur différence. Mais nous savons que Azouz Begag , lui, oui, s'est intégré, pas assimilé attention, il a assumé sa volonté d'étudier et de réussir, puisqu'il a été ministre délégué, et c'est ensemble un livre « en pleine vérité » et un destin qu'il faut saluer. Je suis grandiloquente ? j' avoue, c'est la manière de dire mon admiration.
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