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Citations sur L'oeil du jour (11)

"Moi j'aime la vie. Dieu m'a fait le don de ma chaise longue, de ma maison, de ma bouteille d'eau, de ma bouteille de thé, de mon pain, que demander de plus ? Eux ils font de la réclame, la religion c'est leur commerce, une serviette où ils s'essuient les mains. (...) Je préfère l'ivrogne qui a le coeur bon, comme mon soûlard de neveu, plutôt que l'hypocrite qui n'a qu'un mot à la bouche : 'C'est péché'. Celui qui pèche le fait contre lui-même.
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Au fond du patio, sur la droite apparaît la soubrette de grand-mère, celle que j'ai envie de surnommer la négresse d'Olympia, car elle semble être la jumelle de la servante d'Olympia peinte par Manet, debout derrière sa maîtresse avec la même éternité que l'autre derrière ma grand-mère, dont la corpulence assez fondue par l'âge se retrouve entière chez la servante, rehaussée par la ferme puissance de la jeunesse, que la couleur noire polit d'un brillant supplémentaire, comme un émail sur les arabesques d'une haute jarre.(p.41)
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Sur un fond de jardin cligne, dans un éblouissement, une paroi entrouverte, puis sous le plafond coulissant d’un ciel encore pâle, montent les parties du décor, l’arbre fruitier comme pivot, la fontaine dans le mur telle la niche d’une fausse fenêtre, la vasque du centre où coule l’impression d’une eau douce, des feuillages larges comme des rideaux, où pendent des bananes immangeables, un banc de pierre où l’on ne s’assoit jamais, une brise légère et ramassée comme pour une péripétie ou un coupe de théâtre, des coins de mur dont semble sortie une seconde vie du jardin
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De ma chambre à coucher, ce matin, je l’entends trottiner, paisible, ignorante, compter ses prières, les recompter, marcher doucement le temps avec elle, revenir, fouiller un bric-à-brac, le cœur attendri, sans angoisse, ni savoir, dépouillée. Je l’entends vivre de la vie domestique, où le monde comme un lit défait retrouve un ordre matinal sous le lustre qui étincelle lentement, et je respire l’odeur de sa vie dépoussiérée et intacte, j’entends sur ses pas la vie ininterrompue de la maison se perdre en elle, son passé. Mystère de ma grand-mère, et de sa vieillesse éternelle, porteuse d’un temps sans faille, petite et dandinante, silhouette penchée des jours qui passent, contemplative, effacée, modeste grand-mère, s’ignorant elle-même, un peu désorientée quelquefois, me questionnant. Etre très vieille comme elle, analphabète, ne pas savoir.
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De cette terrible épreuve, c’est le frottement des mules de ma grand-mère qui tôt le matin me réveille. Je l’entends fureter dans la pièce à côté comme une fée aux geste illuminés dans l’ignorance totale de ses pouvoirs et Boutellis s’évanouit alors comme un fantôme inoffensif, renvoyé à son grotesque néant, pas plus effrayant que ces antipathique visiteurs, désagréables et niais, qui s’incrustent lourdement et s’éternisent ».
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Je sens couler sur mon visage, par la fenêtre ouverte de la voiture, un onguent de chaleur, de lumière condensées, une moiteur thérapeutique, et comme nous venons de survoler les vergers les plus beaux de la capitale, je me plais à croire que les effluves d'orangers qui forment leur dernier rideau d'arbres juste avant la piste d'atterrissage parviennent jusqu'ici et me distillent grâce au vent qui balaye le terre-plein les essences florales que je retrouverai dans quelques instants dans la fiasques ventrues habillées de tricot rose, sur l'armoire de ma grand-mère, derrière la crénelure du bois comme une fortification, et dont une autre paire jumelle en laine bleue m'attend aussi sur la commode de ma chambre, formant ensemble une famille de quadruplés. (p.75)
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Montres anachroniques, mouchoirs de vieillesse, visages doux et fripés ! Mille voix curieuses s'échappent de vous, et dans votre finesse le fil de pensées ordonnées et sages, repassées dans la vapeur de l'après-midi d'une paix qui atteint jusqu'aux fibres du temps qui coule, et se dépose en vos petits carrés d'étoffe comme fait l'eau sur les dalles du patio arrosé. Vous avez ce caractère impeccable de la percale blanche qui recouvre les banquettes du séjour, et que ma grand-mère, chaque fois qu'elle se lève, tire vers les bords du matelas en passant la main sur les plis qu'y ont laissés les visiteurs
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L’après-midi a baigné le jardin d’une lumière déchargée de la pesanteur de midi, moins chaude, les formes ne vibrent plus, la lumière coule dans le marbre sans l’écraser, après s’être éternisée comme une femme au balcon
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Ma grand-mère range, furète, ferme la porte de l’armoire, passe un chiffon humide sur le marbre de la cheminée, et à chaque, fois, c’est pour moi comme si le faisait pour le bien du monde. Chaque rangement déplace une panoplie qui s’éparpille comme la vie, mais s’ordonne en fin de compte mieux que la vie, et y trouve le chemin de sa place, de sa prosaïque utilité.
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Lorsque meurt la vie morale de la maison, on voit de son raffinement le plus retiré sortir un masque de vulgarité
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