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Critique de TRIEB


TRIEB
14 février 2015
Peu de romans sont consacrés à la description de la vie des colons dans l'Algérie des années 60, du dix-neuvième siècle .Mathieu Belezi, qui termine par « Un faux pas dans la vie d'Emma Picard » sa trilogie algérienne après C'était notre terre et Les Vieux Fous , y fait parler Emma Picard, veuve qui décide de traverser la Méditerranée, après avoir eu vent de cette proposition du gouvernement français d'allouer des hectares de terre aux colons , pour encourager le peuplement de l'Algérie , lieu de colonisation , nouvel horizon promis à tous les aventuriers tant soit peu audacieux et volontaires .

Dans sa préface, Mathieu Belezi fait allusion, comme source d'écriture de ce récit, à l'ouvrage de l'historien Pierre Darmon : L'Algérie des passions, ouvrage qui révèle ce que furent les conditions de vie dans l'Algérie des années 1860 et suivantes : épidémies, sécheresses, attaques de sauterelles, tremblements de terre …

C'est ce cadre historique que reprend Mathieu Belezi dans son livre, dont l'originalité tient à l'absence partielle de ponctuation entre les phrases, et à l'utilisation systématique de l'apostrophe à l'un des personnages, Léon, l'un des fils d'Emma Picard. Après s'être installée dans sa ferme , non loin du village de Mercier-le-Duc, Emma et ses fils , Charles , Léon , joseph , Eugène , vont de désillusion en désillusion : la terre n'est pas généreuse en Algérie, elle se dérobe, elle est avare .L'eau y est rare , les catastrophes naturelles aussi .Jules Letourneur , un révolutionnaire convaincu , lui apporte quelque assistance, il la seconde dans les tâches quotidiennes .Mékika , domestique arabe, tente lui aussi d'aider Emma Picard, dans sa tentative de créer un domaine agricole prospère .Las , les catastrophes naturelles , l'avarice d'un créancier sans scrupules , la mort de l'un de ses fils, Joseph , ont raison du volontarisme d'Emma Picard , qui finit par maudire cette terre d'Algérie : « parce que devant toi je me sens coupable de vous avoir entraînés dans cette aventure coloniale sans queue ni tête qui ne nous a menés à rien , qui ne nous a rien rapporté, sinon des souffrances quotidiennes (…) coupable d'avoir écouté cet homme à cravate assis derrière son bureau de fonctionnaire , d'avoir cru à son boniment , de vous avoir entraînés sur des terres qui ne veulent et ne voudront jamais de nous . » Pertinente réflexion sur le sens et la trace de l'aventure coloniale, cent trente ans après …

Mathieu Belezi réussit le pari d'éclairer cette période par la fiction romanesque, en décrivant le sort de cette famille, dont on se dit qu'il fut partagé par beaucoup à cette époque, et annonciateur des drames futurs de l'Algérie française.

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