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Critique de Ikebukuro


Un livre intense et foisonnant dans la grande tradition de l'histoire initiatique qui prend ses racines dans les grands romans américains. On pense à Melville et à Moby Dick avec la quête personnelle et spirituelle d'Achab, à Steinbeck et à ses personnages hauts en couleurs et un peu border line de Rue de la Sardine, à Dos Passos et son portrait de l'Amérique et on plonge en apnée dans ces 900 pages de vie. Raconté sous la forme d'une autobiographie romancée, le roman est d'une densité qui pourrait rebuter mais qui attrape le lecteur et l'entraîne au milieu de ce chaos organisé, de ce Chicago foisonnant où tout semble possible, de rencontres improbables en passant par la folie et le désordre du monde. C'est un roman dense et touffus avec de nombreuses descriptions qui peuvent donner l'impression d'une certaine lenteur et c'est tout le contraire, ce roman est en perpétuel mouvement : que ce soit Augie, ses rencontres, ses petits boulots, son statut social du moment, tout avance constamment et ce livre qui pourrait être figé dans des descriptions sans fin et en fait tout le contraire : un monde en perpétuelle évolution…

Le style peut sembler inégal car l'on passe de descriptions plutôt classiques à des dialogues imagés, à des interrogations qui semblent arriver de nulle part comme si Augie se posait 5 mn pour réfléchir à sa condition, puis l'on repart à nouveau dans de nouvelles descriptions comme dans un perpétuel tourbillon d'idées et de rebondissements. J'avoue que j'ai eu du mal au début à me sentir concernée par le personnage d'Augie, je n'arrivais pas vraiment à m'attacher à lui : trop inconstant pour moi, trop immature dans sa façon d'appréhender la vie, sa famille… J'ai vraiment peiné sur les 100 premières pages, car malgré des personnages vraiment très travaillés et intéressants, j'avais l'impression d'être dans une sorte de fuite en avant perpétuelle. Passant d'un boulot à un autre, le personnage d'Augie est tout le temps en mouvement comme s'il avançait coûte que coûte vers l'inconnu sans prendre le temps de se poser. C'est ce mélange très étrange entre le mouvement constant des personnages et le style littéraire très descriptif et détaillé qui m'a le plus déstabilisé. "Quand il nous faisait à table ces récits, il émettait l'espoir que, d'une certaine façon, la grandeur finirait par l'englober, puisqu'elle l'effleurait déjà, qu'il séduirait quelqu'un, qu'il accrocherait le regard d'Insull et que le magnat lui tendrait sa carte en lui demandant de se présenter le lendemain matin à son bureau." Dans cette phrase on voit tout à fait le style classique et la multitude d'actions en cours et à venir. Finalement j'ai beaucoup aimé ce roman, j'ai fini par être happé par le sillage laissé par Augie, petit à petit la magie a opéré et je me suis attachée à ce perpétuel adolescent, instable, débrouillard, qui vise toujours à aller de l'avant. J'ai aimé les personnages secondaires, hauts en couleur, qui aident Augie à grandir et à devenir adulte, particulièrement les femmes qui l'aident à se poser et à se construire contrairement aux personnages masculins, que j'ai trouvés plus superficiels. Bien sûr il y a des longueurs, difficile sur les 900 pages de faire autrement mais finalement cela permet au lecteur de se poser et de ralentir un peu le rythme du récit. Pour résumer, je suis très heureuse de m'être plongée dans ce roman intimidant que je souhaitais lire depuis très longtemps mais la version anglaise me faisait un peu peur…
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