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Citations sur La Méthode Gaboriau (2)

Quand on examinait Louis, ses doigts aux ongles à moitié formés, on imaginait qu’un bout de chair avait poussé au-delà de l’ongle tel le gland d’un priape rachitique, mais à l’âge des railleurs on ne connaissait les glands que des chênes. Non. C’était son oreille, ou plus précisément son absence, l’aîné de ses tourments.
Le pavillon se résumait à quelques bourrelets de chair rougeâtre égarés autour du conduit auditif, comme si une balle de révolver tirée de l’intérieur du crâne avait troué la peau pour assurer la ventilation du cerveau sans souci d’ébavurer.
Un trou de balle variqueux.
Des cheveux mi-longs essayaient de dissimuler l’indigence, mais les enfants avaient vite repéré qu’il lui manquait une pièce. Alors, quand ils apprirent pendant un cours de sciences naturelles que les phoques étaient également dépourvus de pavillons auriculaires, ils le surnommèrent : « le phoque », et après quelque temps, juste « phoque », et on se moquait et on pouffait.
La malédiction américaine le pourchassait jusqu’à son surnom.
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Le psychiatre saisit la main de Louis et la balança lentement de droite à gauche, tout en le fixant dans les yeux. Louis baissa le regard, le médecin lui releva le menton.
— Êtes-vous en état d’hypnose, ou pas ? Il reprit aussitôt : à quoi vous ne pensez pas, que vous ne savez pas, que vous ne connaissez pas ?
Louis écarquilla les yeux, alors sans lui laisser le temps de réfléchir, le psychiatre lui tira la main et énonça le mot magique : « Dormez » !
— … Vous vous sentez plonger profondément à l’intérieur de vous-même, vous n’avez plus peur, vous êtes détendu, vous évoluez déterminé vers une profonde transe.
Le psychiatre était satisfait, il pensait que son patient se serait montré plus rétif, l’obligeant à recommencer la phase d’induction. Tout se déroulait conformément au protocole.
— … Vous atteignez un état de transe profond, vous pouvez maintenant vous mettre en relation avec votre inconscient, solliciter son aide.
Le médecin contrôlait l’attitude de Louis qui respirait lentement, le visage détendu, les yeux fermés. Il reprit :
— Je voudrais m’adresser à votre partie violente. Je voudrais qu’elle demande à votre inconscient une substance essentielle à votre bonheur, à votre équilibre. Je voudrais que votre inconscient, lorsqu’il l’aura découvert, l’indique par un geste ou un mouvement de votre corps.
Le psychiatre relâcha sa concentration, se redressa sur son siège en guettant le signal qui validerait l’instauration d’une communication. Il espérait un signe involontaire de la main, la contraction d’un muscle, un tressaillement de paupières, la crispation d’une lèvre, ou peut-être le spasme d’un orteil. En général, la manifestation physique se déclenchait sans délai. Il attendit par acquit de conscience une bonne minute, puis la tête de Louis pivota progressivement sur la gauche, signe que l’inconscient refusait. Le médecin se gratta le crâne, Louis n’allait pas être si facile à soigner, se dit-il.
Alors brutalement, Louis se redressa d’un soubresaut, le visage révulsé, le regard halluciné. Il cria d’une voix qui provenait de l’enfer :
— Non ! Non !
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