Citations sur Peut-on vraiment se passer du secret ? L'illusion de .. (23)
Dans le Livre des rois, au chapitre VII, Ben Hadad, roi de Syrie, demande à son aide Hazazl de s'enquérir auprès du prophète Elie de ses chances de guérir d'une maladie. Elie lui répond : « Va lui dire : “Tu guériras sûrement” mais le Seigneur m'a montré qu'il mourra sûrement. » Les rabbins d'aujourd'hui s'appuient encore sur cet exemple pour montrer qu'il ne faut pas révéler au patient la gravité de sa maladie et lui donner plutôt l'espoir d'une guérison possible.
Ce qui est présent, hic et nunc, renvoie à quelque chose qui a déjà été vu, c'est-à-dire qui a été perçu. Cet avoir-vu constitue l'essence du savoir puisqu'il le fonde. Cette ouverture au doute est permise, par la coconstruction dans le colloque singulier. Dans l'intersubjectivité du colloque singulier, il y a deux sujets et une relation, c'est-à-dire une liaison qui naît de cette rencontre. C'est cette rencontre qui permet une éclaircie de l'être, c'est-à-dire une mise en lumière de son être pour le sujet. Mais cette mise en lumière, avant d'être accessible au sujet, l'est pour le praticien dans ce qui lui est donné à voir.
La manière dont une société prend en charge les sujets les plus démunis, les plus vulnérables tels les enfants, les vieillards, les fous ou les malades, révèle sa substance éthique.
Richard Liscia qui dirige Le quotidien du médecin et que l'on ne peut pas à proprement parler considérer comme un gauchiste remarquait récemment que « jamais l'Assemblée nationale n'a produit autant de lois pour encadrer, contrôler, vérifier, mettre aux normes les comportements des individus.» Après la police des fumeurs, le contrôle des excès de vitesse et de la consommation d'alcool, le ministère de la Santé se préoccupe du sommeil des Français et du niveau de leur consommation calorique. Comme le nombre des naissances est quelque peu insuffisant aujourd'hui pour financer nos retraites, gageons qu'à terme, des mesures seront prises pour encourager la reproduction et définir les conditions et le moment optimal de sa mise en œuvre. Une telle mesure pourrait accompagner l'interdiction des ampoules électriques qui consomment trop d'énergie et la régulation normalisée des douches afin d'économiser l'eau.
Car « ce qui échappe » au sujet et constitue le « manque », la psychanalyse l'a thématisé sous le terme de « désir ». « Le désir est à prendre à la lettre », nous dit Jacques Lacan, et c'est à partir de cette écoute (analytique) inédite d'un patient, que ce dernier va être délivré de la croyance au destin, cela lui donnant la possibilité de changer lui-même le cours de son existence.
C'est l'essence du pouvoir médical que d'être en place du prophète sur la terre sacrée du corps propre, pour dévoiler par des mots les maux de celui-ci, à celui qui en souffre.
La tendance générale semble évoluer vers un élargissement des conditions de la révélation du secret avec le développement de la notion de secret partagé et avec l'introduction de la notion d'intérêt général pour en justifier la levée. Cette évolution conduit à poser la question de savoir si nous ne sommes pas en train de passer d'une autorisation à une obligation de révélation au nom de l'intérêt général.
Pour garder un secret, rien de tel que le bavardage ! À notre époque, cela se nomme « information » et « transparence », manière comme une autre de fabriquer des « faux crédibles » pour conjurer la vérité.
Pour exemple, n'a-t-on pas récemment vanté les miracles d'un WC électronique, Washlet, qui tout en assurant un confort révolutionnaire de relaxation, d'hygiène, d'écologie…, permettrait un séchage thermique des fesses, un « joystick » qui les nettoie de toute souillure, « un moyen d'apporter un peu de réconfort », qui imite avec des haut-parleurs le bruit d'une chasse d'eau, mais encore grâce à Toto – le numéro un japonais des WC électroniques – ce dispositif sanitaire permet d'analyser les selles et l'urine, de mesurer la pression artérielle et d'évaluer la graisse corporelle. « Aller à la selle » devient un « fait hygiénique total » au sens où Marcel Mauss parlait de fait social total.
je dirai volontiers que la culture libérale est au nazisme ce que la névrose est à la perversion, c'est-à-dire son négatif comme on le dit d'une photo.