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Critique de afriqueah


Le titre bien entendu rappelle le « Carré noir sur fond blanc » de Malevitch, bien qu'il soit plutôt question dans « Trois carrés rouges sur fond noir, » non pas d'art abstrait, mais « d'art contemporain », avec des clins d'oeil constants à d'autres tableaux.
« On regarde un ouvre-boites sur un socle et on se pose toutes les questions qu'on ne se poserait pas dans sa propre cuisine.
Combien de fois ai-je répondu à des visiteurs que le cendrier et le porte-parapluies ne faisaient pas partie des oeuvres exposées ».
D'autant que le travail d'Antoine consiste à accrocher ou à mettre en exergue les oeuvres, se demandant souvent comment, dans quel sens et par exemple quand il s'agit de mettre en valeur, au milieu de 35 sinistres toiles noires, une petite toile jaune, il faut lui trouver une place discrète, où elle pourra respirer. Oeuvre d'un peintre français, exilé aux Etats unis, et mort après avoir peint la toile jaune.

De ce jaune ( Van Gogh) , de ce noir( Soulages) , de leur difficile compatibilité, nait un roman ouvert sur le monde de l'art, sur les vendeurs plus exactement, sur leur langage prétentieux, un peu pompier, parfois inventant un artiste, trouvant chaque peinture « intéressante », se targuant de mots élaborés pour cacher qu'il n'ont rien à dire .
Les happenings, les expositions de verres à bière, les pots de peinture vides entassés les uns sur les autres, quand la quantité remplace la qualité, et quand l'argent fait office de créativité, voilà ce que nous présente avec brio Tonino Benacquista .
Autre couleur qui intervient : le vert, d'un artiste qu'Antoine voit peindre, avec du blanc qui le voile. La description de l'acte de peindre est une petite merveille.
Merveille aussi ce roman, qui nous introduit dans les arcanes des faussaires, des galeristes, des commissaires priseurs, des concours d'un Etat qui achète n'importe quoi, et a du mal à placer, même dans le plus petit village, une oeuvre « d'art » irregardable. Ces rebuts de la modernité, ces morceaux d'art abandonnés, mal-aimés sont gardés dans une réserve, en telle quantité qu'aucun inventaire n'a pu encore être établi.

Soudain, Antoine est agressé, la toile jaune découpée au cutter, sans qu'il comprenne pourquoi, puis qu'il rattache à un courant éphémère, les Objectivistes. ( je n'ai pu m'empêcher de penser au Suprématisme de Malevitch).

Alors, bien sûr, il cherche à comprendre, et, oui, il est rancunier.
En plus d'une réflexion sur l'art contemporain et certaines de ses outrances et filouteries, le roman « trois carrés rouges sur fond noir »est aussi la recherche d'un homme diminué par son agression, sorte de thriller raconté de main de maitre.

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