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Critique de vibrelivre


Laver les ombres
Jeanne Benameur
roman
Babel, 2008, 157p


En exergue, il est précisé que laver les ombres, en photographie, c'est mettre en lumière un visage pour en faire le portrait.
Lea a 38 ans, elle est chorégraphe, elle cherche la maîtrise absolue des muscles de son corps, et elle a peur. Pour se rassurer, elle a Tu, mio, de Erri de Luca, en version italienne, dans sa poche. Depuis toute petite, elle a peur, elle a perdu son père à l'âge de six ans, mais elle vient de remarquer un changement dans la voix de sa mère qui l'inquiète, une dissonance. de plus, une tempête s'est déclarée qui frappera la petite ville où cette dernière habite, en creux entre la falaise vive et la falaise morte, et qui frappera la fille déjà dévastée à l'intérieur. Sa mère est italienne, et elle lui a annoncé qu'elle avait des choses importantes à lui dire. Cette inquiétude l'empêche de voir Bruno, un peintre, l'homme de l'immobile, qu'elle aime, elle qui ne sait pas garder les hommes.
le prochain spectacle de Lea tournera autour de sa mère, du corps frêle de sa mère autour duquel graviteront les danseurs, mais aussi de ses yeux qui disent la peur et la menace.
le texte est composé de tableaux qui racontent la vie de la mère quand elle avait 16 ans à Naples et qu'elle était sous la coupe d'un maquereau qu'elle aimait, de la rencontre qu'elle a faite à l'hôpital où elle était soignée, d'une jeune religieuse de son âge avec qui une relation d'amour aurait pu naître. Entre ces tableaux s'intercale le récit à la troisième personne dont Lea est le personnage principal. Jeanne Benameur adopte toujours la pratique du paragraphe plus ou moins long qu'encadrent des phrases courtes et lestées du poids du sens, de la réflexion, de la quête. C'est que Lea, qui n'a pas de désir d'enfant, recherche ce qui, au fond d'elle, est inatteignable. C'est que le lecteur aura , comme Lea qui ressemble à son père, une terrible révélation. La deuxième révélation n'en est pas une, on l'avait tout de suite pressentie, mais elle est si entourée de mystère et d'obscur. Quant à la troisième, c'est un choc, et surtout pour la mère qui a aimé très fort et qui a douté tout aussi fort de l'amour de son homme.
Jeanne Benameur (s') interroge les fêlures et l'amour et le non-amour et la solitude et le vide. Est-ce qu'aimer, ce n'est pas vouloir se rejoindre, sans relâche ?Elle se demande comment on fait pour se redresser. C'est un livre sur la relation mère-fille, dont les corps sont l'un mort, et l'autre déséquilibré. Les mots qu'on dit sauront-ils rendre la vie et donner l'équilibre ? Jeanne Benameur parle avec une retenue tempêtueuse de transmission.

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