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Critique de berni_29


Le pas d'Isis, c'est un texte poétique que j'ai trouvé magnifique, épris de sororité puisque Jeanne Benameur s'invente une soeur, Isis.
Connaissez-vous Isis ? le mythe d'Isis ? Osiris, roi mythique régnant sur l'Égypte antique fut assassiné par son frère cadet. Son corps fut démembré. Sa soeur et à la fois épouse Isis restaura son corps pour qu'il fut momifié.
À travers ce mythe, on retint davantage la démarche d'Isis que le personnage d'Osiris. Isis, c'est la déesse funéraire de l'Égypte antique qui rassemble les morceaux épars d'un amour défunt.
Coudre, couturer, j'aime tant ces mots, ce qu'ils me disent, ce qu'ils me suggèrent.
Isis recoud les fragments du monde.
J'ai découvert tout récemment que le mythe de la couture est important dans la religion judaïque et forcément j'ai lu ce récit, nourri de cela.
Pour Jeanne Benameur, Isis est une soeur qui lui tend la main, l'aide à écrire ces mots peut-être éphémères, à jamais qui apaisent.
Coudre, couturer, ces mots me sont chers peut-être parce que ma chère mère qui me manque plus que jamais était couturière. Cela dit, je vous avouerai humblement que, ni elle ni moi ni personne d'autres dans la famille n'imaginaient cette symbolique lorsqu'elle revenait épuisée de sa journée de labeur, revenant de l'atelier de textile où elle oeuvrait quotidiennement à fabriquer des jeans et des combinaisons de travail.
Les mots de Jeanne Benameur m'ont invité dans cette question lancinante : comment trouver sa place dans un monde déchiré. Comment recoller les morceaux. Tenter de les recoudre.
C'est une poésie intime qui m'a touché et emporté.
Jeanne Benameur dit avec beauté l'errance, l'exil, la différence, un monde fragmenté, essaie d'imaginer un autre monde après.
La poésie serait-elle capable de réparer le monde déchiré ?
Il y a cette douleur de là-bas, d'un monde qui n'est plus là, présent, à proximité mais qui existe encore, un monde à la dérive, un monde peut-être perdu à jamais.
Lire Jeanne Benameur me donne envie d'envier les oiseaux qui ne connaissent pas les frontières.
Forcément, je lis cette poésie de Jeanne Benameur avec la fracture du monde d'aujourd'hui, cette fracture qui ne cesse de diviser des peuples et les mettre en guerre, en exil, je voudrais l'interroger à ce sujet, je voudrais puiser dans ses mots des réponses qui pourraient me consoler.
Je ne sais pas si c'est possible.
La poésie peut-elle consoler ? Réparer ? Coudre ? Tisser des ponts ?
« je suis restée sur le pont
laissant en moi prendre place
la terrible vérité que
les parents ne peuvent rien
que personne ne peut rien »
Lire Jeanne Benameur me donne envie aussi de rassembler des morceaux épars de ma vie, de m'envoler à mon tour.
Jeanne Benameur pose une poésie de l'intime qui touche sans cesse l'universel et c'est beau.
« j'imagine un monde où sera précieux
d'écouter la pensée qui se cherche
au fond de soi
la saisir et la nourrir
lui donner forme singulière
et partage. »
Plus tard, refermant ce recueil de poésie, j'ai laissé mon regard m'étonner de ce qui existait autour de moi, m'en émerveiller.
Le ciel était parsemé de nuages et d'oiseaux à l'infini.
Je me suis dit bêtement que si l'on regardait plus souvent les oiseaux, on ne se ferait plus jamais la guerre. Je ne sais pas pourquoi je vous dis ça subitement, je suis prêt à dire tous les mots qui peuvent être magiques pour arrêter les guerres.
Jeanne Benameur m'aide à vous le dire.
« Je suis fille d'un étroit chemin
l'étroitesse ne me fait pas peur
quand je sais qu'il me suffit de tourner la tête d'un quart
pour sentir l'infini »
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