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Critique de TerrainsVagues


Quelle étrange impression en refermant ce livre…
Certains aimeront et défendront cette lecture et ça me gonflera parce que…
Parce que c'est un livre thérapie de Jeanne Benameur et que je n'ai pas l'âme d'un psy.
Certains vont dézinguer cette lecture et ça va me gaver parce que…
Parce que peu importe l'histoire, l'écriture de Jeanne Benameur (des trois titres lus jusqu'à aujourd'hui) me parle, me touche.
Certains diront que c'est un livre nécessaire et ça m'énervera parce que…
Parce que, oui, tout vient de l'enfance, la construction personnelle et puis le qui suis-je, où vais-je…mais bon, il y a un petit coté moralisateur qui enfonce des portes ouvertes dont je ne suis pas fan.
Certains diront que c'est un livre inutile et ça m'énervera aussi parce que…
Parce que si de mon coté cette lecture ne m'a pas fait voyager, il me semble évident que certains y trouveront quelque chose.

En fait je ne sais pas trop quoi penser de « L'enfant qui ».
J'ai un petit goût d'inachevé qui reste là, probablement dû à la forme plus qu'au fond.
Cinq personnages, l'enfant, la mère, le père, la grand-mère, l'absence.

La forme c'est ce tutoiement à l'enfant qui m'a dérouté et que je n'ai compris que très tard, trop tard. Jeanne Benameur se parle et raconte à l'enfant l'histoire qu'elle écrit. Après la dernière page, j'ai eu la sensation d'avoir assisté à la naissance du livre, d'avoir suivit son évolution jusqu'à ce qu'il soit enfin mature. Non, plus qu'à la naissance du livre, c'est à sa conception (prenons les choses dans l'ordre^^) puis à la gestation que j'ai eu l'impression d'assister (pas sur d'être très clair^^). Lire les notes de Jeanne Benameur c'est bien mais à quand le bouquin? Bien sur que j'exagère car des notes écrites comme ça, j'en veux bien tous les jours, c'est la frustration qui me fait dire ça.

Le fond, l'absence, le manque, les racines, parle forcément à chacun. Avec plus ou moins de force selon les fissures des uns, les traumatismes des autres, les névroses de tous.

Un fond qui parle, une forme qui me laisse à la porte, une écriture qui me séduit toujours mais une impression confuse qui me fait dire que comme toujours, le mieux c'est que vous vous fassiez votre idée en lisant « L'enfant qui » (et hop au suivant de se débrouiller avec son ressenti ^^).


« Quand il avait rencontré ta mère, elle qui marchait si fière et silencieuse, c'était comme si elle ne venait pas de la lignée de ceux qui avaient d'abord regardé la terre. Elle était droite et toute la souplesse de ses hanches disait qu'elle ne faisait aucun effort pour ça. Son regard allait loin devant elle. Elle portait haut les yeux. Elle semblait étrangère à tous ceux qu'il connaissait et c'est cela qu'il avait aimé. Elle, il ne l'avait jamais imaginée ployée vers la terre. C'était impossible. Et avec elle, il n'y aurait aucun risque de retourner à la vie courbée. Elle le tenait dans son regard.
Ce pouvoir là, il était aussi fort que celui de son corps nu contre le sien chaque nuit. Peut être même plus.
Mais on ne peut pas confier ses os à quelqu'un.
C'est trop. Il lui en avait voulu de cela même qu'il désirait au plus profond de lui. Confier à quelqu'un d'autre le pouvoir de se tenir debout, c'était trop, oui, beaucoup trop. Alors la rage de dépendre et de ne même pas comprendre de quoi on dépend l'avait peu à peu envahi. Il avait cru que son désir d'elle, c'était le désir tout simple qui fait vibrer les corps et rend puissant le temps d'une nuit mais aujourd'hui il mesure que son désir était bien plus vaste. Infini. Que ce désir touchait à des choses qui dépassent de loin ce qu'on nomme amour ou peut être l'amour n'est-il que cela ? Il ne sait plus rien.
Elle a disparu. Il était trop lourd à porter ?

On pouvait bien raconter tout ce qu'on voulait sur sa disparition. Lui, il sait bien qu'elle ne t'aurait jamais abandonné pour aller sur les routes. Elle t'aurait emporté avec elle. A son étrange façon. Elle qui ne savait pas donner la main comme le font les mères d'ici. Elle qui n'avait pas dans les bras le poids des enfants qu'on tient contre sa poitrine pour les bercer. Elle t'emportait dans son regard et tu la suivais. Tu étais du même sang qu'elle. Tous les deux vous étiez libres. Pas lui. »
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