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Critique de Nastie92


J'apprécie beaucoup Jeanne Benameur dont j'ai particulièrement aimé Profanes, Otages intimes ou Les demeurées.
La sensibilité de cet écrivain me touche, son style épuré et poétique fait mouche.
Dans Les mains libres, Jeanne Benameur raconte une rencontre improbable entre une vieille femme solitaire et un jeune gitan. Deux personnes cabossées, meurtries par la vie, qui se trouvent et se parlent sans paroles, barrière de la langue oblige.
Les deux portraits sont très réussis. Par petites touches, Jeanne Benameur nous présente madame Lure et Vargas, et nous raconte leur passé. Ils sont touchants, chacun à sa façon.
Elle, a toujours vécu modestement, une vie sans éclat, effacée. Elle, "qu'aucun apprêt n'aurait pu rendre jolie" ne s'est jamais mise en avant.
Lui, dans sa vie de nomade, n'a jamais rien possédé, ou si peu. Il se souvient de l'un des rares objets qu'il avait étant enfant. Un livre qu'il a usé jusqu'à la trame et dont le contenu le fascinait, car il y contemplait le monde "des maisons qui ne bougent pas".
Voilà ce que j'ai aimé dans ce roman.
Le reste m'a nettement moins convaincue.
J'ai trouvé l'histoire un peu trop simpliste, un peu trop pleine de bons sentiments.
Madame Lure et Vargas ne parlent presque pas, mais, l'un comme l'autre, ont des pensées riches, nobles, subtiles, fines et poétiques. Ils ne parlent pas la même langue mais ils se comprennent et ont des attentions très touchantes l'un envers l'autre. Et ça, j'ai du mal à y adhérer.
C'est trop beau pour être vrai, même dans le monde idéalisé de la littérature.
Quand je vois la violence du monde actuel, quand je vois la sauvagerie des casseurs dans les dernières manifestations, quand je vois que Mireille Knoll a été brutalement assassinée par son voisin simplement parce qu'elle était juive, et malheureusement tant de choses encore, j'ai un peu (beaucoup) perdu ma foi en l'Homme.
Je n'arrive plus à voir en chacun un être potentiellement bon, sensible et pourvu d'empathie.
Voilà pourquoi je n'ai pas accroché, je n'ai pas pu croire à cette histoire.
Les mains libres, libres de recevoir l'autre, de l'accueillir, oui... mais l'esprit en éveil.
La confiance, oui... mais pas béatement, pas naïvement : avec réalisme.
C'est certainement moins beau, moins pur, moins poétique, mais dans notre monde qui tourne de moins en moins rond, cela me semble malheureusement indispensable.
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