Les paroles appartiennent à tous.
Il n'y a que notre silence qui est unique.
Il nous appartient. Seulement à nous.
Il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres.
Les objets disent.
Leur fragilité ou leur robustesse, leur couleur, leur usure, renseignent mieux que toutes les confidences.
Un déménagement est une mise à nu.
Un livre peut rester clos, ça ne fait rien.
Il est. Quand même.
Il dit tout ce que celui qui l'a écrit a vécu du monde.
Les instants, tous les instants, sont différents.
Et toutes les différences sont inscrites dans les livres.
Et toutes les vies sont imparfaites.
Yvonne, elle, le sait, du fond de sa cuisine, on ne devrait jamais craindre d’être volé. N’est volé que ce qu’on a. Le pire, au fond de nous, c’est ce qu’on n’a pas. C’est le manque. Et personne ne nous le volera jamais. Personne ne peut voler le manque. Personne. Quel dommage !
La danse c'est le souffle à l'intérieur de chaque mouvement.
Y a-t-il un signe dans le ciel qui a dit que quelque part, dans une ville, au milieu de tant et tant de gens, deux êtres sont en train de vivre quelque chose qui ne tient à rien, quelque chose de frêle comme un feu de fortune, un feu de palettes, de bouts de bois, quelque chose qui s’arrime à la voix d’une vieille dame, à l’écoute grave d’un jeune homme qui rêve loin ?
Est-ce pour cela que tant de gens se rencontrent ? Pour que de toute leur chaleur usée deux êtres fassent un feu ?
Celui qui laisse la nuit l'envelopper ne compte plus les heures, c'est fini.
Il accepte d'être emporté. Il accepte d'être sans histoire.
La nuit ne peut pas rester seule. Jamais. Elle prend ceux qui ne dorment pas.
On ne peut pas dire que ses mains reposent. Non. Elles sont ouvertes, simplement. Deux tortues sur le dos. La paume nue, fragile, désormais parce qu'elle a caressé. Des mains qu'on ne peut plus refermer.