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Telle une musicienne des mots, Jeanne Benameur compose un roman tout en poésie comme à son habitude. Elle décrit avec sensibilité et finesse la rencontre entre une femme âgée tellement seule et un nomade pelotonné au coin d'un feu de camp.
C'est une histoire sans histoire.
Dans les dédales de la solitude.
Les mots se taisent.
Les mains racontent.
C'est un enchevêtrement de photos qui décomposent le mouvement des mains pour apporter de la substance à l'instant.
C'est une cavité d'où s'infiltre un peu d'espoir, un peu de tendresse. Parce que nos deux vagabonds regardent le rien, le peu, ils emprisonnent les images du hasard pour en faire des pensées douces.
Et puis, toujours, des mains libres, des mains ouvertes pour recevoir, tenir, accompagner...
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Étonnante, cette lecture m'a laissée mitigée, moi qui avais plus qu'apprécié Les demeurées.
J'y ai retrouvé le même style haché et mystérieux, mais là, il m'a gênée, j'ai pensé qu'il desservait cette histoire.

Cette rencontre improbable entre une personne âgée veuve et un ado issu des gens du voyage. Pour moi, cela n'a pas pris, malgré la beauté de l'intention, la rencontre un peu magique autour de la lecture, les mains qui disent plus que des mots, les mains qui prennent, les mains qui donnent.

Je n'ai pas toujours saisi où elle voulait en venir, mais j'ai noté qu'elle est restée fidèle à son message de tolérance, et ces questionnement sur la vie, la différence, les blessures secrètes.

Le thème du suicide assisté en fin de vie est évoqué, subtilement.

Mes mains sont restées libres, elles ont refermé ce livre pour en choisir un autre...de Jeanne Benameur, encore !
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Jeanne Benameur, je ne la connaissais pas avant Les mains libres. Juste un nom retenu au détour d'une critique sans me rappeler pourquoi. A peine commencé, le texte m'interpelle, j'ai la sensation que les espaces vides font sens, qu'il n'y a pas de mots inutiles.

Chaque phrase courte et poétique raconte une curieuse histoire, celle de la rencontre de madame Lure, une vieille dame repliée sur elle-même, avec un jeune nomade, Vargas. Deux mondes destinés à rester parallèles. « Elle, elle n'a rien su que l'espace ordonné d'un point à un autre. Elle allait, venait, faisait ce qu'il y avait à faire pour maintenir cet ordre et celui des corps qui le traversaient. Elle n'a jamais fait que garder les distances exactes entre des points. Ça ne fait pas un monde. Mais c'était toute sa vie. » Alors que pour lui, « il faut toujours partir et partir encore. Plus loin. Ailleurs. Il faut savoir tout abandonner, au matin, d'un ciel, d'un paysage, et s'en aller vers d'autres lieux (..).

Pourtant, au fil de leurs rencontres Vargas se sédentarise et la vieille dame regarde au-delà de sa fenêtre, s'aventure, découvre. Un monde, le monde. « Elle voit autrement », elle peut enfin lire « des livres qui disent toutes les histoires ». « Elle est vivante ».
A la page 80 de ce livre trouvé chez un bouquiniste, un petit mot sur un post-it jaune : « J'avais adoré « Les Demeurées » du même auteur, mais je l'avais sans doute emprunté à la bibliothèque. L'écriture est poétique ici aussi, le message un peu moins émouvant. Bises, Sylvie. »
J'ignore si Les mains libres est moins émouvant que Les Demeurées, mais je me suis promis de le découvrir.
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Les mains libres , roman de Jeanne Benameur est une invitation au voyage dans un autre monde...
Celui de l'errance d'abord. Celle que partage Mme Lure, une vieille femme aux cheveux gris et Vargas, un jeune nomade qui vit dans une roulotte non loin de chez elle. Sans ancrage, ils cherchent à se faire oublier et à oublier des traumatismes d'enfance tapis là, au fond d'eux-mêmes. le prix à payer ? Une solitude qui ne les quitte pas, qui les suit, fidèle compagne...
Mais dans l'univers de Jeanne Benameur, la lumière côtoie toujours l'ombre, heureusement. Et tous les deux font preuve d'un merveilleux pouvoir d'évasion, celui des rêves éveillés qui consolent ou aident supporter une réalité sans doute trop douloureuse si elle devait être affrontée "les yeux dans les yeux". Mme Lure s'évade dans les brochures de voyages qu'elle collectionne au gré du hasard et de sa fantaisie. Pour Vargas, c'est le dessin. Sa main court sur une feuille papier et s'empare du monde, depuis le jour où il a choisi de ne plus parler et de laisser la parole à une marionnette Oro, son double en quelque sorte.
Ce thème de la main qui renvoie directement au titre est très présent dans le roman. Main qui vole une tablette de chocolat comme celle de Vargas, main qui caresse comme le découvre avec étonnement Mme Lure , mais aussi main qu'on embrasse comme va le faire le jeune homme par le truchement de sa marionnette. Présence donc très forte d'une symbolique de la main tendue, qui s'ouvre et s'offre aux autres...
A ce ballet des mains s'associe celui du livre qui lui fait écho et le renforce. le pouvoir et la magie des mots, Mme Lure va le découvrir dans le dernier livre que lisait son époux avant de mourir et ce sera pour elle une sorte de "Sésame, ouvre-toi" à la fois sur le monde et sur l'autre car c'est grâce à un livre laissé près de la roulette du jeune homme qu'elle va entrer en communication avec lui.
Ouverture à soi-même, ouverture sur le monde, Mme Lure et Vargas vont tout doucement en faire la belle découverte. Et la perspective d'un nouveau départ possible pour chacun va se profiler à l'horizon. Pour Vargas ce sera un voyage vers d'autres cieux et pour Mme Lure ce sera un voyage par procuration, en confiant à Vargas une valise dans laquelle se trouvent tous les vêtements de son défunt mari.
J'ai aimé la construction symphonique où les thématiques s'entrelacent et se font écho. Même plaisir pour l'écriture. Comme toujours, Jeanne Benameur cultive avec fluidité l'art de passer de la poésie à une prose plus narrative.
Quelques bémols cependant. Même si je me suis laissé entraîner dans la rencontre fort improbable de ces deux personnages, j'aurais aimé que le personnage de Vargas soit plus fouillé et que son univers, celui des gens du voyage, soit évoqué de façon moins conventionnelle, voire stéréotypée. Plus globalement, j'ai eu le sentiment que ce roman était un peu hybride, un compromis entre une forme poétique qui admet une grande liberté à tous les niveaux et une forme romanesque plus exigeante sur le plan de la structure et du travail sur les personnages.
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Une jolie surprise que ce roman. C'est la première fois que je lis un livre de cette auteure et j'avoue que j'en lirai d'autres.
Dans cette histoire, deux personnages, que tout oppose en apparence.
Yvonne Lure, une vieille dame, veuve, que l'on ne remarque à peine. Son pêcher mignon, elle prend les catalogues des agences de voyages pour se distraire, et se laisse aller à vivre pleinement. Elle sort peu, juste pour faire ses courses du jour et c'est à ce moment-là qu'elle rencontre Vargas, un jeune sans-abri, qui vole une tablette de chocolat à l'aide de sa marionnette qu'il tient toujours dans sa main. Madame Lure l'a remarqué, mais ne fait rien voir, elle le suit simplement. Elle voit qu'il vit dans une caravane pas loin de chez elle. Quelques jours après, Vargas, vit dans la rue avec deux autres personnes autour d'un brasero juste en bas de chez elle.
C'est un récit lumineux, humain et pleins de promesse. L'écriture de l'auteur est forte et intense mais aussi douce et poétique, un véritable petit bijou. Je vous le conseille.
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Yvonne LURE est une petite personne âgée, effacée, veuve de son état, sans enfant. Elle vit seule, n'a pas d'amis, sort très peu. Son seul plaisir est de rêver à travers les brochures qu'elle se procure dans les boutiques de voyage.

Un jour, en faisant ses courses, elle aperçoit un jeune homme voler une plaque de chocolat. Sans raison et simplement parce qu'elle est intriguée, elle décide de le suivre. Oh ! pas pour le dénoncer, non. Par simple curiosité.
Elle se rend compte, que ce jeune homme vit en bas de chez elle, sous un pont, avec sa tante et son grand-père. Il ne communique que par le biais d'une marionnette.

Petit à petit, ces deux-là vont s'apprivoiser et faire un bout de chemin ensemble.

Leur vie va en être bouleversée.

Toujours autant de plaisir à découvrir les romans de Jeanne BENAMEUR, et surtout son écriture. le seul petit bémol est que dans celui-ci, à force de pudeur, je n'ai pas très bien compris qu'elles ont été les relations entre Yvonne et sa mère ; Certes, ils n'ont pas été simple, mais à comprendre ce qui s'est réellement passé n'est pas très clair, en tout cas pour moi. Mais cela n'enlève rien à l'intensité de ce livre.

Jeanne BENAMEUR décrit avec acuité la solitude. Pas seulement des personnes âgées, mais également des jeunes à travers le personnage de Vargas qu'Yvonne va rencontrer.

Comme quoi, il suffit de pas grand-chose pour rendre heureux quelqu'un, simplement briser la solitude, parler, communiquer, donner un peu de soi et aller au-delà des apparences.
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Après un sentiment mitigé suite à la lecture des deux derniers Benameur, il me tardait de retrouver un ton et une atmosphère qui m'avaient tant parlés lors de précédentes rencontres.
« Les mains libres » a rempli sa mission avec bonheur. Jeanne Benameur ne s'est pas éparpillée, pour ne pas dire perdue, dans son sujet comme dans « Ceux qui partent », sa dernière parution.
Nous voila plongés au coeur de la rencontre de deux solitudes.
Madame Lure, vieille dame effacée depuis toujours. Mariée sur un malentendu ou presque. Monsieur Lure ou un autre, qu'importe puisqu'Yvonne a toujours vécu à coté du monde. Engoncée dans un quotidien sclérosé, Yvonne est prise pour épouse comme on prend un animal de compagnie. Elle s'en contente tant c'était inespéré.
Depuis qu'elle est veuve, elle vit à travers des brochures prises dans des agences de voyages. Madame rêve, enfin.
Vargas, un tout jeune homme, vit de l'autre coté de la rue. Une roulotte partagée avec son oncle et sa cousine. Des gens du voyage. de ceux qu'on ignore par peur, par bêtise, par habitude…
La rencontre de ces deux invisibles va se faire par l'intermédiaire des livres. Ces livres que monsieur Lure chérissait, ces livres que madame Lure n'avait jamais caressés du regard. Un livre en particulier, celui qu'elle ne lira que pour lui sur un coin de table de cuisine lors de leurs rencontres. Elle lui dira les mots à lui qui ne sait pas lire dans une autre langue que la sienne, celle des gens de nulle part.

Que j'aime Jeanne Benameur quand son écriture allie délicatesse et douceur. Il ne se passe pas grand-chose dans « Les mains libres » mais chaque page m'a laissé en apesanteur, presque léger. J'y ai vu une sorte d'hommage à tous ces gens qu'on croise sans voir, qu'on voit sans regarder. Derrière la porte, derrière le figé des masques, la vie qui bat, toujours, malgré tout.
Les mains libres, enfin, ouvertes, accueillantes, amicales. Un excellent BenaCoeur.
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J'apprécie beaucoup Jeanne Benameur dont j'ai particulièrement aimé Profanes, Otages intimes ou Les demeurées.
La sensibilité de cet écrivain me touche, son style épuré et poétique fait mouche.
Dans Les mains libres, Jeanne Benameur raconte une rencontre improbable entre une vieille femme solitaire et un jeune gitan. Deux personnes cabossées, meurtries par la vie, qui se trouvent et se parlent sans paroles, barrière de la langue oblige.
Les deux portraits sont très réussis. Par petites touches, Jeanne Benameur nous présente madame Lure et Vargas, et nous raconte leur passé. Ils sont touchants, chacun à sa façon.
Elle, a toujours vécu modestement, une vie sans éclat, effacée. Elle, "qu'aucun apprêt n'aurait pu rendre jolie" ne s'est jamais mise en avant.
Lui, dans sa vie de nomade, n'a jamais rien possédé, ou si peu. Il se souvient de l'un des rares objets qu'il avait étant enfant. Un livre qu'il a usé jusqu'à la trame et dont le contenu le fascinait, car il y contemplait le monde "des maisons qui ne bougent pas".
Voilà ce que j'ai aimé dans ce roman.
Le reste m'a nettement moins convaincue.
J'ai trouvé l'histoire un peu trop simpliste, un peu trop pleine de bons sentiments.
Madame Lure et Vargas ne parlent presque pas, mais, l'un comme l'autre, ont des pensées riches, nobles, subtiles, fines et poétiques. Ils ne parlent pas la même langue mais ils se comprennent et ont des attentions très touchantes l'un envers l'autre. Et ça, j'ai du mal à y adhérer.
C'est trop beau pour être vrai, même dans le monde idéalisé de la littérature.
Quand je vois la violence du monde actuel, quand je vois la sauvagerie des casseurs dans les dernières manifestations, quand je vois que Mireille Knoll a été brutalement assassinée par son voisin simplement parce qu'elle était juive, et malheureusement tant de choses encore, j'ai un peu (beaucoup) perdu ma foi en l'Homme.
Je n'arrive plus à voir en chacun un être potentiellement bon, sensible et pourvu d'empathie.
Voilà pourquoi je n'ai pas accroché, je n'ai pas pu croire à cette histoire.
Les mains libres, libres de recevoir l'autre, de l'accueillir, oui... mais l'esprit en éveil.
La confiance, oui... mais pas béatement, pas naïvement : avec réalisme.
C'est certainement moins beau, moins pur, moins poétique, mais dans notre monde qui tourne de moins en moins rond, cela me semble malheureusement indispensable.
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Réservée est effacée depuis l'enfance, Yvonne Lure est devenue une vieille dame, veuve et seule, grise.
Vargas, un jeune nomade, vit avec son grand-père et sa tante dans un camp de fortune, face à l'immeuble où habite Yvonne.
Rencontre improbable entre ces deux là.
Yvonne fait découvrir à Vargas l'idée de comment vivent ceux qui ne bougent pas.
Vargas ouvre l'extérieur et les ailleurs à Yvonne qui n'a jamais quitté son appartement, sauf en emmagasinant des brochures de voyages.
Grâce à leur influence réciproque, ils vont apprendre à ouvrir les mains, à avoir les mains libres.
Deux mondes parallèles se rencontrent et s'apprivoisent.
Des mains tendues qui ouvrent et rapprochent.
Des livres qui lient.
C'est un livre sur la solitude et la rencontre.
Tout est dit pudiquement, avec pudeur et une certaine réserve.
« Il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres »
Yvonne avec les livres de son mari et Vargas avec sa marionnette sont de ces jardiniers.
Les livres, les silences, les mots sont des liens forts entre ces deux là.
Il n'y a pas beaucoup d'action, pas beaucoup de mots dans cette histoire alors qu'il se passe tellement de choses.
C'est tout l'art et toute la poésie de Jeanne Benameur de suggérer, de rendre puissantes des relations, d'ouvrir à l'espoir.
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Lectrice avertie de Jeanne Benameur que j'apprécie beaucoup, j'ai directement été happée par la poésie de l'écriture présente dans chacune des phrases de ce roman. le thème ne se prête pourtant pas à la poésie, pas plus que les thèmes d'autres romans lus tels que « les demeurées » ou « Otages intimes ». Néanmoins, l'auteure a cette faculté de faire « danser » les mots donnant un relief harmonieux à la plus simple ou la plus triste des histoires.
Yvonne existe car elle est Madame Lure, l'épouse d'Hervé Lure un militaire qui l'a demandée en mariage alors qu'elle ne s'y attendait pas. Leur couple vit une vie paisible jusqu'au jour où son époux décède laissant l'appartement vide de sa présence à Madame Lure alors âgée d'une cinquantaine d'années. Cette dernière est incapable de se séparer des objets de son défunt mari l'empêchant de faire son deuil. Elle s'évade grâce aux catalogues de voyages, aux belles images bien colorées et cela la rend heureuse.
Et puis un jour, Vargas croise son chemin. Ce jeune homme particulier va entrer en contact avec Yvonne et ce que l'un apportera à l'autre permettra à chacun de retrouver « ses mains libres ».
Un beau roman, à la limite du conte moderne. L'écriture est toujours aussi charmeuse et fait de ce roman un très bon moment de lecture.
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