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Critique de Wazlib


J'ai découvert "Pyramides" de Romain Benassaya au-travers des fabuleuses box Kube, avec un joli commentaire du libraire me promettant un récit plein de surprises. Il a franchement tapé dans le mille, tant ce roman soulevait des tas de choses faisant source d'excitation chez moi.
Ce qui est malheureux, c'est que ma lecture date un peu (j'ai un peu de mal à sortir mes critiques ces derniers temps). Je vais donc tâcher de vous donner un aperçu le plus fidèle de cette lecture, qui se sera malhonnêtement un peu assagi.

Essayons déjà de vous brosser le tableau. L'humanité a épuisé toutes les ressources disponibles de sa planète natale et doit se tourner vers l'espace pour espérer survivre. On envoie donc un vaisseau expéditionnaire, le Stern, avec quelques centaines d'humains pour coloniser une planète a priori viable aux confins de l'univers. Afin d'y accéder, on place les passagers en biostase tandis que l'atmosphère du vaisseau est renouvelé grace à des pucerons génétiquement modifiés s'occupant d'un vaste jardin à bord. Mais lorsque les passagers se réveillent, ils ont le malheur de constater que leur vaisseau se trouve dans une espèce de tunnel sombre, aux dimensions infinies et aux parois impénétrables. Par ailleurs, les pucerons ont évolué et sont désormais des scarabées, laissant présager que la stase a duré plusieurs dizaines de milliers d'années supplémentaires... Très bientôt, l'équipage se scindera entre les "Explorateurs", avides de découvrir la raison d 'être de ce tunnel et d'en sortir, et les "Bâtisseurs" qui finalement souhaitent utiliser leurs ressources pour terraformer ce tunnel impossible à quitter.

On va tout de suite commencer par les quelques points moyens du bouquin. Je trouve à titre personnel qu'il y en a peu. Les personnages traversant le roman sont un peu grossiers: afin d'accélérer le scénario, les prises de positions sont fermes et trop peu nuancés. S'en ressent un manque de finesse, qu'on retrouve d'ailleurs souvent dans les séries télévisuelles, et impactant parfois la crédibilité du récit. Il faut bien avouer que les dialogues et monologues intérieurs de chacun sont parfois un peu bruts et auraient mérité un peu plus de travail. de la même manière, si l'écriture de Benassaya est très fluide et fait clairement le boulot, on manque parfois un peu de littérarité (toujours bienvenue).

Ce qui est incroyable, en revanche, c'est le sentiment très "Interstellar" du bazar. Et je pense qu'afin de pousser la comparaison, on pourrait dire que les détracteurs du film ne s'y retrouveront pas non plus dans ce bouquin (inversement). La fin, par exemple, m'a énormément fait penser à celle du film.
Je comprends par ailleurs la déception de certains lecteurs: en créant un Univers (je parle littéralement d'un univers) aussi excitant et cohérent, Benassaya nous fait réfléchir sur nous-mêmes et le sens de toute existence. Evidemment, découvrir ce qui se cache à l'origine du tunnel et ses motivations revient à découvrir ce qui a créé notre univers et le fameux "Pourquoi sommes-nous là?". Ce sont ces promesses, surdimensionnées, qui me transportent à chaque fois dans les récits de SF jusqu'au-boutistes mais ce sont souvent celles qui se révèlent les plus décevantes. J'ai avec le temps contenuma frustration et appris à apprécier les fins de récit comme celles-ci.
J'ajouterai également que le livre est un réel "page-turner". Je me permets de le souligner car ça ne m'arrive pas souvent. Je vois toujours sur twitter ou d'autres critiques "Je n'ai pas pu lâcher le bouquin!": même en étant je pense un lecteur régulier, c'est extrêmement rare que je reste scotché à un bouquin (sauf lorsqu'on s'approche de la fin, bien sûr). Ici, j'ai du lire deux tiers du livre en une journée, ce qui est notable.

Vous pouvez donc lire "Pyramides" sans vous faire trop de mouron: c'est un récit cosmique riche en promesse, plein de rebondissements et d'une vraie fougue aventurière. Si vous avez apprécié les délires "Interstellar", vous pouvez vous jeter sur ce récit qui vous bousculera suffisamment. Car finalement, qu'y a-t-il de plus anxiogène à vivre dans un tunnel aux dimensions illimitées plutôt que dans un univers sans limite?
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