Ils [les clercs] ont exhorté les peuples à se sentir dans ce qui les fait les plus distincts, dans leurs poètes plutôt que dans leurs savants, dans leurs légendes plutôt que dans leurs philosophies, la poésie étant infiniment plus nationale, plus séparante, comme ils l'ont bien su voir, que les produits de la pure intelligence. (p.198).
L'humanité, par sa pratique actuelle des passions politiques, exprime qu'elle devient plus réaliste, plus exclusivement réaliste,et plus religieusement qu'elle ne l'a jamais été. (p.163).
En surface comme en profondeur, en valeurs spatiales comme en force interne, les passions politiques atteignent aujourd'hui [1927] à un degré de perfection que l'histoire n'avait pas connu. L'âge actuel est proprement l'âge du politique. (p.156).
Le sentiment national en devenant populaire, est devenu surtout l'orgueil national, la susceptibilité nationale. (p.145).
La condensation des passions politiques en un petit nombre de haines très simples et qui tiennent aux racines les plus profondes du cœur humain est une conquête de l'âge moderne... (p.139).
Nous tenons que la hiérarchie des valeurs du clerc doit placer la justice au-dessus de la pensée. (p.111).
Le seul système politique que peut adopter le clerc en restant fidèle à lui-même est la démocratie parce que, avec ses valeurs souveraines de liberté individuelle, de justice et de vérité, elle n'est pas pratique. (p.102).
La raison consiste précisément, non pas à s'identifier aux choses, mais à prendre, en termes rationnels, des vues sur elles. Elle est une position mystique. (p.77).
Un État qui ne sait que l'ordre est une sorte d’État sous les armes, où la guerre est en puissance jusqu'au jour qu'elle éclate nécessairement. [...] L'affinité entre l'ordre et la guere est à sens double. (p.55)
Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison, et que j'appelle les clercs, ont trahi cette fonction au profit d'intérêts pratiques. (p.49).