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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 15 à 20, parus en 2001/2002. Il vaut mieux avoir commencé la série par le premier tome, même si celui-ci forme une histoire complète. le présent volume (ISBN-10: 0785160167) correspond à une réédition de 2012 par Marvel Comics en relié avec couverture rigide.

Le FG-3 est un groupe de superhéros composé de Boogie Girl, Benmarley et Wazz. Alors que l'histoire commence, Boogie Girl effectue une déclaration devant les caméras de télévision expliquant que Wazz a été expulsé du groupe, malgré les liens d'amitié qui existent entre les 3 membres. Peu de temps après, une émission de télé spécialisée dans les superhéros diffuse une interview exclusive de Wazz expliquant qu'il a été saqué parce que les autres voulaient une plus grosse part des bénéfices liés à l'exploitation de la marque FG-3. le commentateur s'interroge sur la logique qui veut que le gouvernement subventionne une équipe qui engrange des bénéfices substantiels grâce à son marketing. Peu de temps après, Boogie Girl retrouve le corps de Benmarley complètement explosé sur le siège des toilettes dans le luxueux quartier général des FG-3. Deena Pilgim et Christian Walker sont appelés sur place pour élucider cette affaire de meurtre. Mais ils sont bien vite dessaisis de l'affaire par l'agent Lange et son équipe car les subventions gouvernementales placent de fait dans le domaine de responsabilité du FBI.

Le premier épisode cette histoire place le lecteur en terrain connu : meurtre déconcertant, superhéros sortant du moule ordinaire (à la fois très humains et très ordinaires, mais aussi étrangers à l'humanité), interrogatoire bavard, dialogues incisifs bourrés de grossièretés, tension latente entre Pilgrim et Walker, etc. Mais bien vite, Brian Michael Bendis (scénario, en abrégé BMB) et Michael Avon Oeming (dessins, en abrégé MAO) s'écartent du schéma attendu. La base du récit reste bien une enquête pour déterminer l'identité du meurtrier. Cependant l'intrigue implique encore plus personnellement Christian Walker, et par voie de conséquence Deena Pilgrim. le mode de fonctionnement de l'équipe FG-3 permet à BMB de développer les modalités par lesquelles l'existence des superhéros a été intégrée au fonctionnement du gouvernement, mais aussi d'ironiser sur les relations entre membres d'un groupe par déclarations de presse interposées. Avec l'air de ne pas y toucher, BMB se montre d'une noirceur comparable à celle de Garth Ennis dans sa critique des superhéros au travers de la série The Boys. Il continue également de développer le thème de la manipulation de l'opinion à travers l'utilisation des médias. Enfin, il continue de ciseler des dialogues qui en disent plus long que les simples mots employés. Il ose en particulier un portrait des 3 membres de FG-3 qui oscille entre la caricature méchante des rappeurs bas du front et les jeunes célébrités ayant acquis une richesse aussi importante que soudaine dont l'utilisation trahit le manque de maturité.

MAO continue également d'évoluer, d'innover sous les yeux du lecteur. le scénario lui permet de laisser libre cours à l'influence de Jack Kirby, évidente dans la double page consacrée à l'intérieur du QG des FG-3. Il s'en donne à coeur joie pour les combats. Il reprend l'un des dispositifs chers à Kirby, à savoir placer le lecteur au milieu de l'action plutôt que de la cantonner au rôle de spectateur à l'écart et à l'abri. Il adapte sa mise en page à la nature des séquences, en privilégiant les grandes cases pour les affrontements. Il continue de donner une apparence simplifiée, presque d'icones aux personnages, comme pour un dessin animé pour enfants, tout en étant capable de nuances dans les émotions, et d'expressions adultes sur les visages. le scénario lui offre aussi des moments d'horreur graphique, en particulier il vaut mieux être préparé psychologiquement lorsque Boogie Girl découvre le cadavre de Benmarley. le deuxième épisode s'ouvre sur une scène de sexe assez intense, et relativement graphique (avec nudité frontale) dont l'impact est un peu désamorcé par le style d'apparence enfantine. MAO effectue également un travail remarquable pour les décors. Il sait créer un lieu en quelques aplats de noir géométriques simples, ou à l'aide d'avec un ou deux meubles. Il joue avec intelligence du contraste entre des décors fouillés dans quelques cases, des décors simplifiés dans la majeure partie des cases, et des cases sans décor. Or ces derniers cas de figure (absence de décors) ne rompent jamais le charme de l'immersion. MAO a un sens aigu de la mise en scène et du cadrage. Les décors ne disparaissent que lorsqu'il a déjà établi une situation émotionnelle tellement forte que seuls comptent les personnages. Dans ce cas, effectivement, les décors sont omis à bon escient. Et pour mon plus grand plaisir de lecteur, il a également limité le photocopiage des cases à un minimum très supportable, à peine discernable.

À nouveau, Bendis et Oeming réussissent leur pari : ne pas se répéter, respecter le principe de l'enquête avec un coupable à découvrir, proposer des visuels marquants, développer les personnages, transmettre des émotions complexes, mettre en scène des individus adultes, inclure un commentaire social (ici sur les médias et les groupes de musique pop). Les enquêtes et la découverte des personnages se poursuivent dans Anarchie (épisodes 21 à 24).
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