Le manège des fées

Je l ai surpris à cinq heures du matin au Bois de Boulogne, habillé seulement avec un caleçon en cuir moulant et un masque de chien super flippant. Sa maîtresse le promenait en laisse et je l ai même photographe en train d uriner contre un arbre en levant la patte.

Fatiguée et les nerfs à fleur de peau, Léna débarqua sur le sol helvétique. Le voyage n'avait duré qu'une heure mais elle l'avait ressenti comme une éternité. Des minutes interminables, coincée entre une vieille dame qui lui avait raconté presque tout de sa longue vie et un adolescent qui lui avait fait profiter pleinement de sa musique malgré ses écouteurs. Elle qui pensait pouvoir fermer l’œil un moment, c'était raté. Tout le charme des compagnies low cost...

– Comme je vous l'ai dis, mon grand-père est atteint d’Alzheimer et il en est à un stade sévère, pour ne pas dire très sévère. [...]
– Je suis désolée pour lui et pour vous, dit Léna, un peu embarrassée.
– Ça fait partie de la vie, même si ce n'est pas toujours facile.
– Et comment a-t-il réagi lorsqu'il a vu les photos de la Mustang ?
– Lorsque je suis arrivé il était totalement apathique, comme souvent depuis quelques temps. Je ne suis même pas sûr qu'il m'ait reconnu quand je me suis assis en face de lui.
Simon marqua un temps d'arrêt. Léna sentait l'émotion monter dans la voix et les gestes du jeune homme, visiblement affecté par ce qu'il traversait. Elle ne pouvait qu'imaginer ce que l'on ressentait face à une telle épreuve. Tous ces souvenirs envolés, cette impuissance face à la maladie qui vous ronge jour après jour. Elle ne savait pas vraiment comment réagir et préféra rester silencieuse par peur d'être maladroite. Le jeune suisse reprit finalement son récit.
– J'ai sorti deux ou trois photos de familles pour commencer mais il n'a eu aucune réaction.
– Et pour la Mustang ?
– Et bien lorsqu'il a vu le dernier cliché, il a semblé perturbé et nerveux. Ses mains se sont mise à trembler et il a fait une sorte de crise de panique. Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état.
– Il a eu l'air surpris ?
– Non, ce que j'ai vu dans ses yeux ce n'était pas de la surprise, c'était de la peur.