Suz déteste des tas de gens. Et des tas de choses. Non, en fait, détester, ce n’est pas le bon mot. Suz méprise. Elle méprise tant de chose que ça l’épuise presque. Et Suz habite dans un quartier où ce n’est pas difficile de mépriser.
Suz a essayé de rendre son père humain. Une personne qu’on peut piquer, découper, qui saignera et mourra comme n’importe qui. Mais le père de Suz n’est pas humain.
Suz méprise, mais elle espère qu elle pourra un jour haïr.
On peut transformer la haine en fureur et la fureur est le meilleur remède à la peur, elle n en doute pratiquement pas.
Il gémit, et elle est contente que sa chatte l’ait fait gémir. Que ça puisse servir à autre chose qu’à pisser.
Ce sont toujours de petites sommes que Suz reçoit, elle n’a jamais eu de grosses sommes entre les doigts. Mais elle les voit enfler. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Les derniers jours étaient toujours ceux où les choses disparaissaient, les autres savaient qu’elle n’allait pas tarder à dégager, qu’elle ne pourrait pas revenir faire des histoires. Ce qui est perdu est perdu, on ne la reverrait pas.
Quand les gens veulent de quoi se défoncer, ils le veulent tout de suite.
Quand on est né myopathe, on peut aussi bien avoir un prénom ridicule.
Les animaux sont bêtes, mais doués pour décoder les intentions. Elle n’en doute presque pas. Comme elle : pas de cerveau, que des réactions.
Les soldats ont besoin de divertissement, il leur faut du porno et des hamburgers. C’est ce que lui a écrit son frère dans l’une de ses premières lettres après son arrivée en Afghanistan. Suz est un soldat, et elle a besoin de shit. Pas beaucoup, juste assez chaque jour. Maintenant, elle va être obligée d’économiser, de fumer de minuscules joints de schtroumpf jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus et qu’elle souffre du manque. Ce sera un test.