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Alexis Fouillet (Traducteur)
EAN : 9782207108833
540 pages
Denoël (05/01/2011)
4.1/5   26 notes
Résumé :

Trainspotting à la danoise, Submarino explore le Copenhague underground à travers les destins de deux frères en quête d'une normalité dont ils ignorent tout. Enfants des services sociaux, Nick et son frère se rencontrent à la sortie d'un foyer, le jour où leur mère décide de leur offrir un semblant de vie de famille. Très vite pourtant, elle tombe enceinte et reprend son errance de bar en bar, de pass... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Pour Nick et son frère, la vie n'a jamais été une partie de plaisir. Des premières années passées dans la rudesse d'un foyer pour garçons abandonnés de Copenhague. Un beau jour, leur mère s'est pointée pour les récupérer. le début d'une belle vie de famille ? Pas vraiment. Maman est alcoolique, et pas qu'un peu. du genre à trainer dans les bars jusqu'à pas d'heure, louant ses charmes dans les toilettes contre un verre. Souvent ses fils la retrouve au petit matin, affalée dans la cuisine, baignant dans sa pisse. Quand elle est tombée enceinte, il n'y a même pas eu de répit et une fois que le petit est né, ce sont ses grands frères qui se sont occupés de lui tant bien que mal : pas toujours évident d'aller piquer du lait en poudre et des couches au supermarché du coin.
Mais c'est quand le drame est survenu que tout a basculé :

"Quand nous nous sommes réveillés ce matin, il ne bougeait plus.
Quand nous nous sommes réveillés ce matin, quand maman est sortie de la pièce où elle avait dormi toute la nuit, il était tout à fait inerte.
Dans son landau, dans l'entrée. Tout blanc.
Maman a dormi ici toute la nuit mais elle n'a rien entendu. Il n'y avait rien à entendre. Il ne bougeait pas.
Maman a eu un choc quand elle l'a trouvé.
Maman s'était assise et ne disait plus rien, elle était sous le choc. Ça a duré plusieurs heures.
Alors nous avons appelé. Maman n'en était presque pas capable.
Mais il faut le faire, il faut appeler.
Maman était assise auprès de lui, même s'il ne bougeait plus, et essayait de lui donner le sein.
Maman avait eu un choc.
Quand nous nous sommes réveillés ce matin…"

C'est après la mort du bébé que les deux garçons ont mal tourné. Nick, rongé par l'alcool, garde chevillée au corps une violence qu'il a parfois du mal à contrôler. Déjà incarcéré pour avoir tabassé un pauvre gars qui l'avait regardé de travers, il tente de se tenir à carreau, passant sa rage sur les haltères d'une salle de sport et trainant avec Ivan, un SDF taciturne. Son frère, devenu héroïnomane, élève seul son fils de six ans et dirige une petite équipe de dealers à l'incontestable efficacité.

Mais à force de se débattre au bord du précipice, les frangins vont finir par glisser. Plus dure sera la chute...

Longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi « dur ». Réaliste ? J'en sais foutre rien. Crédible ? Aucun doute là-dessus. La construction du texte est limpide : le point de vue des frères est exprimé à la première personne en deux parties très distinctes incluant quelques flashbacks sur leur jeunesse commune. le tout encadré par un prologue et un épilogue qui donnent au lecteur les clés pour comprendre les tenants et les aboutissants du récit. Les chapitres sont très courts, percutants. L'écriture est simple, les dialogues sonnent juste.

Pas question de juger, de donner une leçon. Juste dérouler les faits, mettre à nue la mécanique de cet engrenage inarrêtable qui emmène Nick et son frère toujours plus loin dans la marginalité. Submarino est une tragédie. Dès le départ, on comprend que le sort des deux « héros » est jeté. Leur destin tout tracé ne peut qu'aboutir à ce dénouement terrible.

C'est presque devenu un classique dans la littérature étrangère actuelle, il faut toujours qu'un auteur aille gratter jusqu'à l'os les comportements « borderline » de ses contemporains, souvent d'ailleurs en s'inspirant de sa propre existence. Il y a eu Bukowski aux États-Unis, il y a Murakami Ryu au Japon, il y a Pedro Juan Guttierrez à Cuba et tant d'autres encore. Au Danemark, il y a dorénavant Jonas T. Bengtsson qui, avec ce second roman, frappe très fort. Sans doute un texte à ne pas mettre entre toutes les mains pour éviter que certains lecteurs « sensibles » ne l'abandonnent en route. Pour ma part, c'est tout à fait la littérature que j'aime, celle qui vous saute à la gorge sans faire de chichi. Mais je me garderais bien de conseiller ce titre sans concession, préférant laisser à chacun d'entre vous le soin de se faire son propre avis.

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Les norvégiens sont des bruts, ce sont des hommes des bois et des montagnes, ils se bousculent en tous lieux, ils peuvent s'écharper au cours de discussions légères, la vie est une explosion permanente.
Les suédois sont des hommes de compromis, ce sont des hommes des villes, jamais de vague, tout le monde se respecte, ils donnent leurs avis et même s'ils ne sont pas d'accord, le ton ne monte pas, il ne doit pas y avoir de vagues.
Les danois .... j'avais un a priori ....
Les villes danoises, propres, belles, respectables avec leur beau magasin de design- leur intérieur Ikea bien propret et ....
Je lis "submarino", nous sommes dans un autre monde.
Bienvenue dans les caniveaux ou les égouts de la ville avec tous les délaissés de cette culture élitiste.
Le style est à l'avenant, pas de belles phrases, de belles tournures prêtes à nous faire rêver, nous sommes dans l'invective, dans le brut, dans l'aboiement guttural, au milieu de la misère du monde.
Très loin de tous les clichés des belles capitales européennes, au fin fond des parkings, des usines désaffectées, des banlieues sans nom, sans train, sans bus mais avec toujours un paradis au bout des doigts, un drôle de paradis où vous pouvez choisir entre les drogues et les stéroïdes ... vous choisissez et vous croyez vivre !
De la-très-grande-misère-sociale qui nous vient du pays-le-plus-heureux-du-monde !
Un livre coup de poing !
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C‘est une plongée dans le milieu des marginaux de Copenhague. On y rencontre des personnages au passé lourd. Ils ont fui la guerre, ont eu des parents alcooliques ou drogués, ont été abandonnés, livrés à eux mêmes très jeunes. Maintenant adultes, ils habitent en foyer d'accueil, dans un coin d'usine désaffecté, ou pour les mieux lotis, un petit appartement de lointaine banlieue. Ils vivent d'aides, de petits jobs temporaires, du ramassage de bouteilles, de vols, ou de revente de drogue. Ils sont désocialisés, ou en voie de l'être. Ainsi Nick oublie de faire soigner sa main qui est blessée. Yvan sent tellement mauvais qu'aucune prostituée ne veut aller avec lui, quelqu'en soit le prix. Et enfin, ils boivent beaucoup d'alcool ou se shootent. Ces marginaux peuvent être tout d'un coup brutaux. Parfois au détour d'une page, la situation échappe à tout contrôle en quelques lignes seulement. de telles irruptions de la violence ne sont possibles qu'avec des individus qui ont touché le fond. Qui ne se comportent pas comme le commun des mortels.


Au final, si je reconnais au récit une certaine force, je ne suis pas certain d'avoir passé un bon moment de lecture. Plusieurs fois je me suis dit que j'allais m'arrêter là. Pas seulement à cause de cette violence, mais aussi à cause de la lassitude et de la désespérance que le récit génère. On ne doute pas un seul instant que l'avenir des protagonistes ne peut être que sombre. On a d'ailleurs du mal à éprouver de la sympathie pour eux, à part peut être pour Martin, pauvre enfant mal né, qu'on plaint, et dont on devine que le sort est déjà scellé. Bref, un petit coin de ciel bleu, un personnage sympathique, une lueur d'espoir auraient été les bien venus dans ce récit, à la fois pour rendre la lecture moins pénible, permettre de développer de l'empathie pour un protagoniste et créer un suspense.
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C'est à un voyage au bout de l'enfer que nous convie Jonas T. Bengsson.
L'enfer : c'est le quotidien de deux laissez-pour-compte, Nick et son frère.
Après avoir vécu dans des institutions pour garçons sans famille, ils sont récupérés par leur mère qui souhaite redonner un semblant de normalité à leurs vies. C'est à ce moment-là que les deux frères font connaissance.
Or, tout se passe de travers, leur mère boit à en perdre la raison, elle se prostitue occasionnellement et les laisse livrés à eux-même. Lorsqu'elle se retrouve enceinte, ce sont les deux frères qui doivent tant bien que mal s'occuper du nourrisson. Ils volent de la nourriture, des couches...et tentent d'oublier ses pleurs incessants en sniffant de la colle, peinture où en buvant...
Le petit frère, qui n'a jamais eu de nom, meurt un jour dans son landau.
Nick et son frère, jamais nommé dans ce livre, ne cesseront dès lors de dériver.
Nick passe ses journées dans une salle de musculation, ses soirées à boire et a du mal à contrôler sa violence. Il ne semble pas réellement vouloir la contrôler, ce qui lui vaut plusieurs séjours en prison.
Quant à son frère, père d'un petit garçon - Martin - qu'il élève seul, c'est un junkie, qui va se lancer dans le trafic d'héroïne pour pouvoir subvenir à son addiction.

Ce roman se passe à Copenhague et l'on est à 100 lieues du Danemark que l'on connaît. C'est glauque, ça suinte le désespoir, la misère affective, la misère sociale.
C'est douloureux et en aucun cas, on imagine une fin heureuse à cette histoire. Martin n'échappera pas à son destin.
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Dire que Jonas T. Bengtsson casse l'image de "championne du bonheur" de sa nation, le Danemark, est un euphémisme. Avec "Submarino", il nous engouffre avec une force propre à couper le souffle dans le quotidien sordide de deux anti-héros, au coeur du monde des laissés-pour-compte de la capitale danoise, gangréné par la drogue et les gangs, lieu de déshérence des SDF, prostituées, toxicomanes et paumés en tput genre.

Nick et Martin sont frères, mais n'ont pas vraiment le sens de la famille, du moins pas au sens traditionnel du terme. Séparés très jeunes suite à leur abandon par leur mère, ils sont réunis par cette dernière quelques années plus tard, dans une pitoyable tentative pour recréer un foyer... l'alcool, et l'extrême déchéance qui en découle auront vite raison des bonnes intentions maternelles. Livrés à eux-mêmes, Nick et Martin font l'apprentissage de la vie dans la violence et la misère, perdent définitivement toute illusion sur le monde.

Devenus adultes, s'étant éloignés l'un de l'autre, ils mènent chacun de leur côté une existence qui s'apparente à un interminable cauchemar...

Nick, après avoir purgé une peine de prison pour voies de fait, vit au "pensionnat", foyer d'accueil pour désoeuvrés et démunis. La succession des journées forme un vain marasme qui semble infini, vaguement rythmé par ses passages à la salle de musculation de son ami Kamal, refuge des accros aux stéroïdes, et les séances de sexe sordide prodigués par Sofie, sa voisine de palier, jeune mère déchue de ses droits parentaux.

Entre désoeuvrement et bouffées de violence (envers les autres comme envers lui-même), Nick traîne un désenchantement aride, comme émotionnellement anesthésié par des expériences qui l'ont rendu incapable d'éprouver quelque compassion.

Martin, toxicomane, élève seul son fils, pris dans l'engrenage infernal de la prochaine dose à se procurer, devenant prêt à toutes les humiliations, à tous les compromis.

Hantés par leurs démons, tous deux s'acheminent vers l'inéluctable et tragique impasse à laquelle les prédestine leur condition. Car dans le monde d'un prosaïsme crasse de Jonas T. Bengtsson, aucune seconde chance n'est offerte, la roue ne tourne pas... le sort s'acharne, vous envoie les mauvaises rencontres, vous englue dans les pires situations, et vous enfonce, coup après coup, jusqu'à vous faire disparaître.

En un enchainement vif et tranchant de séquences dévidées tour à tour par Nick et Martin (tous deux narrateurs) avec une indifférence factuelle glaçante, "Submarino", roman coup de poing, happe avec une brutalité qui ne peut laisser indemne...

A lire, évidemment !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ivan dit : Je me rappelle quelque chose que j'ai vu à la télé, un jour. Les jeux olympiques. Un lanceur de poids. Je n'étais pas bien vieux.
Il le dit comme ça, sans véritable début ni occasion particulière. Il a oublié que, quand on veut parler, il faut avoir une excuse, il faut le faire passer pour autre chose. Détourner la conversation sur soi, lentement, tourner autour du pot et finir par parler de soi. Ne jamais commencer carrément, il n'y a que les malades mentaux qui n'enveloppent pas les choses.
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Je bois de la bière tiède, assis sur le rebord de la fenêtre. Puis il arrive, le clou de la soirée. En poussant son landau. Ridicule. En pantalon moulant à motif léopard et veste en fausse fourrure blanche. […] Et celui là, vieux, cinglé et clownesque a des possibilités pour le moins limitées. C’est un SDF relogé, il a eu la chance de se voir proposer un domicile, au moment où la commune avait quelque chose à offrir. Il ramasse des chiffons. Il lui arrive de disparaître pendant vingt minutes, parfois plusieurs heures, en fonction de l’endroit où il doit aller pour trouver ce qu’il cherche. Je l’ai vu avec des cages à oiseaux fracassées. Des nains de jardin décapités. Des parasols, des parapluies, des chaussures, de vieux journaux, des animaux empaillés dont le rembourrage leur sortait par le ventre. J’ai envie de lui crier dessus parce qu’il a l’air débile, parce qu’on ne devrait pas avoir le droit d’être aussi barjo, parce qu’on achève un cheval de course quand il s’est cassé une patte. Mais l’autre clown est occupé à tirer une vieille cuvette de toilettes foutue sur son landau. La faïence blanche est toute cassée, il y a encore du ciment sur le rebord. Il n’y a plus de couvercle, et l’eau de la cuve coule le long du landau. Il entre.
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Je ne suis ni le premier, ni le dernier junkie qui se fait une overdose cette semaine. Je n'en vaux pas la peine. Car c'est terminé. C'est sûrement mon dernier instant de lucidité, et je sais que c'est fini. Ils vont prendre Martin. Martin va s'en aller, ne plus m'appartenir.
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Nous replions les fauteuils et redescendons vers la salle de sport. […] Je salue quelques personnes qui sont arrivées pendant que nous étions sur le toit. Ou ce sont elles qui me saluent. C’est comme ça, depuis que je suis sorti de prison. Si je veux utiliser un jeu de poids particulier, on me le laisse. S’il ne reste qu’un vestiaire libre, il est pour moi. Oublie, Nick, je n’en ai pas besoin. Des mecs avec qui je n’ai jamais discuté me paient un Coca. Parce que je suis l’ami de Kamal. Parce que j’ai fait un séjour à l’ombre. Depuis ma sortie de prison, les gens ne me regardent plus comme avant. Comme si j’avais traversé une épreuve. Ceux qui en ont fait l’expérience me considèrent comme un membre de leur famille. Les grands garçons me regardent avec une certaine admiration. J’ai mon diplôme, ma condamnation pour voies de fait. Mon temps derrière les barreaux. Dans l’escalier, quelques autres personnes me saluent. D’un mot ou d’un hochement de tête. J’aimerais leur dire: C’était facile. Ce n’était rien. J’ai été emprisonné pour violences aggravées. Un crime très honnête qu’on respecte.
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Vous avez envisagé une prothèse ? Vous avez des souhaits ? Il en a posé plusieurs devant moi. Certaines en plastique dur, d'autres en caoutchouc, aux doigts pliables, pour pouvoir les refermer autour d'une tasse de café, d'une fourchette. Je lui ai répondu : il n'y en a pas une avec un poing ? Un pointg fermé. J'ai été le seul à rigoler.
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Submarino Marque-page 08-02-2011
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