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Critique de Charliebbtl


Un roman sur la futilité… ou presque

S'il y a une chose qui ne peut échapper au lecteur, c'est la superficialité de ce monde des « femmes de » dont la vie se résume à cancaner, faire du shopping et satisfaire les moindres volontés de leurs époux ou amants. Mais le génie de Melanie Benjamin, c'est de ne pas en rester là. Tout le roman lui sert à gratter le vernis apparent pour voir ce qui se cache derrière… et l'on finit par comprendre sans condamner, par comprendre et compatir. En effet, toutes ces femmes et Babe en premier lieu en sont arrivées là car elles n'ont pas eu le choix. Soit l'influence familiale et surtout maternelle était trop forte, soit c'était cela ou finir dans la misère. Autant dans les premières pages, on aurait tendance à penser que ces femmes, par leur naïveté ou au contraire leur prétention, ne récoltent que ce qu'elles ont semé face à Truman Capote (l'une d'entre elles n'hésitera d'ailleurs pas à le reconnaître), autant on finit, au fil des pages, à prendre leur parti tant leur souffrance cachée est insondable. C'est notamment le cas pour Babe dont le rituel du maquillage veut tout dire. Cette recherche constante de la perfection pour ne pas faire honte à son époux, à sa mère, à ses amies, au monde entier la pousse finalement à renoncer à vivre, à être qui elle est.

Un roman sur l'acte d'écrire

Il ne faut pas oublier que le roman est aussi consacré à Truman Capote au moment où il connaît le succès avec ses romans "Petit déjeuner chez Tiffany" ou "De sang-froid". Et c'est alors l'occasion de voir comment cet auteur pensait et vivait son art. En gros, pour lui, pas d'interdit. Tout ce qu'on pouvait lui confier pouvait devenir matériel de fiction. C'était son droit le plus entier. Rien n'était condamnable tant que cela lui permettait de briller en société et de fréquenter le gratin new-yorkais. Sauf que cette vision des choses a eu ses limites et Truman a fini par franchir la frontière. Pourtant, Jack Dunphy qui était son amant officiel à l'époque, l'a mis en garde à ce sujet au point de le quitter quand il réalisa qu'il ne pourrait empêcher la descente aux Enfers du romancier. Tout ne peut être écrit sur le gotha quoi qu'en en pensait Truman mais derrière ce désir de reconnaissance vis-à-vis de ses propres « victimes », c'était aussi une blessure d'enfance qui s'exprimait. On comprend alors mieux le lien qui unissait Truman et Babe.

Un roman sur l'Amour avec un grand A

Ce roman est sans aucun doute l'histoire d'un amour impossible entre deux êtres en souffrance qui s'étaient trouvés. Deux êtres tellement formatés pour la perfection qu'ils ne savaient plus comment vivre pour eux-mêmes. La fin du roman est d'ailleurs bouleversante . Je le redis encore une fois mais ce livre est définitivement un des plus bouleversants que j'ai lus ces derniers mois et ce, d'autant plus qu'il retrace des faits réels.

Mes chouchous à moi

Sans conteste, le personnage de Babe est magnifique. J'ai d'ailleurs été faire quelques recherches sur cette femme et l'on comprend mieux à travers quelques photos pourquoi cette femme était considérée à l'époque comme une icône de beauté et d'élégance. On admire d'autant plus le sacrifice qu'elle a pu faire . Cette femme était une héroïne vivante dont Melanie Benjamin est parvenu à transcrire, tout au long du roman, la beauté troublante.
J'ai également un autre chouchou dans cette histoire. C'est Jack, l'amant de Truman. Ce personnage un peu ours qui reproche à l'auteur son goût exacerbé pour le clinquant et le bling-bling est, avant tout, un amoureux transi qui ne supporte pas que Truman gaspille ainsi son talent d'écrivain.

Au final, un magnifique roman d'une richesse incroyable et particulièrement bien écrit que je recommande très fortement. Les amateurs de littérature américaine ne peuvent passer à côté car c'est une partie de l'histoire de la littérature moderne qui nous est ici dévoilée.
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