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Critique de Lamifranz


Ce n'est pas la première fois que Pierre Benoit nous emmène dans l'Ouest américain : souvenez-vous, dans « le Lac Salé » il nous faisait entrer de plain-pied dans cette si curieuse communauté des Mormons.
Ici c'est l'Ouest, le vrai. Avec des vrais cow-boys, des vrais Indiens, des vrais convois d'immigrants au coeur des vrais décors somptueux de Iowa ou du Colorado. Bref c'est un western. A la manière d'un A.B. GuthrieThe big sky »). C'est-à-dire pas comme dans les films, l'illustration d'un Ouest mythique recréé par Hollywood pour réécrire l'histoire du peuple américain, mais une histoire terre à terre, au pas des hommes et des chevaux.
Madge Curtiss s'est entichée de William Evans, et veut l'épouser. Son père impose au jeune homme, à titre d'aguerrissement, d'aller faire un stage chez un de ses amis, Butler, dans un ranch du Colorado. William part, et en chemin se joint à un convoi d'immigrants. Parmi eux un jeune couple John et Ariane Irving. Comme il se doit (ou comme il ne se doit pas, ne soyons pas juge et parti, surtout si on reste là), William tombe raide dingue d'Ariane. Celle-ci, vous l'avez compris, mes amis, c'est la mystérieuse héroïne dont le prénom commence par un A, qui hante tous les romans de Pierre Benoit. En l'occurrence, c'est elle la Dame de l'Ouest. le drame va se jouer autour de ces trois personnages, et de quelques autres qui vont satelliser autour.
Le tour de force de Pierre Benoit, c'est de nous montrer un vrai western : le décor, admirablement restitué, les difficultés du voyage, le danger, l'intensité des sentiments… Jusque là le western était illustré en France par les romans d'aventure de Gustave Aimard (tiens, encore un auteur à redécouvrir !). Pierre Benoit fait d'une pierre deux coups : il nous propose un roman exotique à sa façon, avec ses critères qui lui sont personnels, et il l'insère dans un décor particulier, qui n'est pas seulement exotique, mais déjà mythique. En 1936, si le western-cinéma en est encore à ses débuts, des grands noms comme John Ford, Raoul Walsh et Cecil B. de Mille ont déjà fait leurs preuves, et les oscars ont déjà couronné « La Ruée vers l'Ouest » de Wesley Ruggles en 1931.
Ce roman est admirable en ce sens qu'il crée l'osmose entre deux univers : celui du western, réaliste et doté en même temps d'une certaine poésie sauvage, et celui du romancier typé années 30, romanesque et psychologique. L'auteur, on le sait, est passé maître dans l'art de décrire les comportements, qu'ils soient amoureux ou simplement relationnels, faits d'intimidations, de manipulations, mais aussi d'amitié compliquée par l'amour… le cadre particulier où se déroule le roman, rude et souvent primaire, colle bien à cette histoire où les forts l'emportent sur les faibles (mais pas toujours), et où les bons et les méchants ne sont pas forcément ceux que l'on croit (mais pas toujours).
Dans la production de Pierre Benoit, « La Dame de l'Ouest » représente un très bon cru. Remarquable comme d'habitude par le style toujours aussi facile, fluide et élégant, ce roman vaut aussi par l'évocation d'un monde à part, celui de l'Ouest américain, tel que pouvaient l'imaginer les Européens des années 30, et aussi tels que la littérature et le cinéma nous le décriront tout au long du XXème siècle.
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