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Critique de Lucilou


Je savais bien que je n'aurais pas dû me lancer dans « Le Temps des Poisons », sous peine d'en sortir déçue. le poison n'a pas pris sur moi. Ça m'apprendra à vouloir m'obstiner.
Une part de moi pourtant avait envie d'y croire : l'Affaire des Poisons, le règne de Louis XIV... Certes, je n'ignorais pas que Juliette Benzoni avait parfois la plume un peu trop douce, qu'elle abusait souvent de l'encre rose, comme Marie-Thérèse de chocolat en son temps et pour dire le vrai, je me souviens avoir commencé plusieurs de ses romans sans jamais parvenir à les terminer, la nausée me guettant.
Sauf un. Trois en réalité, puisque il s'agit d'une trilogie.

Retour en arrière : j'ai quinze ans et je découvre dans la bibliothèque de l'une de mes tantes « La Chambre de la Reine », premier tome de « Secret d'État ».
Le résumé me charme et je rentre à la maison le précieux butin dans mon sac à dos. le soir même, au lieu de réviser mon contrôle de trigo (de toute façon, avec ou sans révisions, les maths et moi...), je me plonge dans les aventures de Sylvie de Valaines et de François de Beaufort et c'est le coup de foudre.
Quelques jours plus tard, je m'offre avec l'argent de mes baby-sitting les tomes 2 et 3. Cette saga, je l'ai adorée avec toute la démesure de mes quinze ans, je l'ai lu, relu et relu encore jusqu'à en connaître par coeur des pans entiers. Puis j'ai grandi, mes goûts ont changé, se sont affinés et je me rends bien compte que ma chère Juliette donne parfois dans la guimauve. Ce que je ne pardonne plus à aucun écrivain, je le pardonne pourtant à « Secret d'État » que je continue de relire régulièrement. Ces retrouvailles avec les Vendôme et compagnie ressemblent encore aujourd'hui à des retrouvailles avec de vieux amis. On se voit peu mais lorsqu'on se retrouve c'est encore comme avant, la distance est abolie et ça ressemble à du bonheur. Aujourd'hui encore, «La Chambre de la Reine », « Le Roi des Halles » et « Le Prisonnier Masqué » me font cet effet. Quand je m'y plonge, j'ai toujours quinze ans et mon coeur de midinette. Ce sont toujours les mêmes angoisses, la même tension, les mêmes attentes, le même plaisir.
Et tant pis pour la guimauve.

Forte de cette histoire-là, j'avais tenté de découvrir d'autres ouvrages de la dame de Saint-Mandé... sans succès (j'aurais tant voulu aimé « Les Chevaliers » : échec cuisant!) et j'avais juré-comme le corbeau- qu'on ne m'y prendrait plus.

Sauf que ces derniers jours, j'avais envie d'un roman historique dont l'intrigue se déroulerait pendant le Grand Siècle, d'une histoire prenante mais pas trop douloureuse et je me suis montrée faible face à Juliette. Magnanime. J'ai voulu lui laisser une dernière chance, en me disant que « Le Temps des Poisons » se déroulant au cours de l'une de mes époques de prédilection, je ne prenais pas trop de risques.

Raté.

Deux impressions me restent après cette lecture : tout d'abord celle d'avoir lu une variation autour de « Secret d'État » (beaucoup, beaucoup de similitudes!) le talent et la subtilité en moins, les fils blancs et les gros sabots en plus; puis celle d'une intrigue très inégale. Elle pourrait être captivante, mais elle ne l'est pas, traîne en longueur parfois quand elle ne fait pas de très frustrantes ellipses. Les personnages sont croqués à l'emporte pièce et je n'ai pu m'attacher à eux malgré mes efforts. le contexte historique est sous exploité et il en ressort un ensemble bien décevant. Certaines idées ne manquaient pourtant pas de sel (telle la filiation mystérieuse de Charlotte) mais quel ennui dans leur développement qui demeure très superficiel... Quant à la romance, quel manque de crédibilité ! On n'y croit pas une seconde. On ne peut décemment pas y croire tant elle semble sortie de nulle part, un peu comme si on l'avait saupoudré là en fin de cuisson.
Et dire que je me pâmais, que je frémissais comme un violon à chaque tournant de l'histoire de Sylvie et François. Là, au mieux j'ai levé les yeux au ciel.

Dans ces circonstances, pas sûre de vouloir prolonger l'aventure avec le second tome, même si je suis arrivée à la fin du volume.
Je ne sais pas si ça n'a pas pris parce que ce n'est pas bon ou si c'est parce que j'ai vieilli... Tant pis.






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