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Critique de MademoiselleBouquine


C'est le roman de l'amour.

Ces mots me sont tombés dessus alors que je tournais la dernière page d'Il est juste que les morts soient frappés, hébétée, sonnée, dévastée, ravie, attendrie.

C'est le roman de l'amour, sous toutes ses formes, dans toutes ses errances et ses imprévisibilités, son art de surgir là où on ne l'attend pas, sa capacité inouïe à s'adapter à tout et à n'importe quoi, à vouloir tout puis son contraire selon ce que son instinct lui dicte, à avancer, tout simplement.

C'est le roman de l'amour qui débarque et change tout, celui qui se déploie et transcende, celui qui illumine et rend reconnaissant, celui qui s'en va et ne saurait être retenu, celui sans lequel on se sent incapable de poursuivre le petit bout de vie qu'on s'est construit, celui qui a toujours su se réinventer, parfois même en dépit de soi-même.

C'est une histoire tissée d'un peu de vérité et d'énormément de véracité, un récit qui veut tout dire et y parvient merveilleusement bien, guidé par une narratrice omnisciente, absente, envahissante, attendrissante, bienveillante, dont l'ombre portée unit tous les événements décrits en une harmonie incroyablement tendre.

C'est le roman des évidences.
Celle de la souffrance.
Des espoirs déçus.
Des mauvaises blagues dont on s'arme pour faire face aux épreuves.
Du pouvoir infini de la musique, des mots chuchotés, des rituels magiques et des petits surnoms.
De ce qu'on ne s'attendait pas à partager.
De la reconnaissance.
De la violence.
Des lendemains dont on ne voulait pas mais qu'on se surprend à embrasser.

C'est l'histoire d'un couple, lui tellement jeune, elle qui se croyait condamnée au malheur et aux désillusions, deux forts qui s'ignorent, s'apprennent à vivre ensemble et se rendent plus matures et plus légers à la fois.
C'est une histoire qui aurait dû durer toute une vie, qui ne le pouvait pas, qui a trouvé son terme, dans les larmes, les regrets, mais aussi et surtout une forme d'acceptation.
Non pas l'acceptation de l'injustice, de la maladie, plutôt celle du changement, de la transmission, de l'héritage.

C'est le portrait d'une femme qui a existé tellement fort aux yeux de ceux qui l'aimaient qu'elle ne disparaîtra jamais tout à fait.
Une narration d'un cynisme délicieux, toujours enrobé d'un certain enthousiasme.
Une fureur à laquelle on a choisi de trouver du sens, à défaut de pouvoir la rendre juste et explicable.

Une voix qui a l'inflexion grave et chère des voix qui se sont tues, qui aimait se dire qu'elle ne se ferait d'illusions sur rien ni personne, mais qui a malgré tout appris à s'abandonner, à offrir, à faire confiance.

C'est surtout ça, en fait.

Il est juste que les forts soient frappés, c'est une histoire de la confiance, même et surtout de celle qui aurait toutes les raisons de refuser de s'offrir.
C'est apprendre à se lever le matin malgré tout.
A s'autoriser à vivre en dépit du reste, des jugements, des pronostics, des conventions.
A s'approprier ce dont on sait intiment qu'il donnera son but à son existence.

C'est une histoire de maladie, d'au revoir, de ce qu'il y a entre les deux, une histoire de gens qui souffrent, qui se réparent, qui se disent au revoir, jamais tout à fait vraiment.
C'est l'histoire de la lumière qui revient toujours.
C'est une histoire d'amour.


Lien : https://mademoisellebouquine..
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