Les innombrables histoires du pantalon de Moriba

Moriba se rendit dans la boutique du village. L'unique pantalon qu'il y trouva était trop grand pour lui."Ce n'est pas grave, se dit-il, ma femme me le raccourcira". Il demanda à sa femme de lui couper le bas de son pantalon.
"C'est impossible ! Je dois préparer le repas pour la fête.". Il demanda donc à sa mère, puis à sa fille de le lui raccourcir. Elles ne le pouvaient pas non plus, pour les mêmes raisons. "Tant pis", se dit Moriba, "Je vais replier le bas du pantalon et ça fera l'affaire".
Passé minuit, les trois femmes se couchèrent exténuées après de longues heures passées à préparer de bons plats. Cependant, la nuit venue, la femme de Moriba, sa mère et sa fille, pleines de remords allèrent tour à tour chercher le pantalon et le raccourcirent. Puis chacune se recoucha sans penser que les autres femmes auraient la même idée.
Le lendemain matin, Moriba enfila son pantalon, et tout surpris, se retrouva en short.

En Afrique, le griot raconte des histoires aux gens des villages. Tout le monde l'écoute attentivement car le griot sait captiver son public.
Pour cela, il retient par cœur tout les événements de la vie du village, comme les naissances, les mariages, les grandes chasses, les saisons afin de les introduire discrètement dans ses histoires.
Parfois, le griot va raconter des histoires dans d'autres villages. Il n'hésite pas alors à modifier son récit selon l'endroit et à changer les personnages afin que tous ceux qui l'écoutent s'amusent.
Son imagination est sans limite et la même histoire peut prendre des directions très différentes.
C'est ainsi que l'histoire du pantalon de Moriba a connu d'innombrables versions… et en connaîtra encore des centaines d'autres !
A toi maintenant de tourner les pages de ce livre et de découvrir les différentes histoires en associant, selon tes envies, les pages du haut à celles du bas !

Il était une fois un villageois africain qui s'appelait Moriba. Moriba n'aimait pas la guerre. Il revenait pourtant de la capitale où il avait été hospitalisé pendant six longs mois.
Il avait été blessé dans un conflit auquel il ne comprenait rien, et où on l'avait enrôlé de force. Le village de Moriba allait être en fête. Moriba voulait profiter pleinement de cette fête et oublier pendant ce temps ses trop lourds souvenirs de guerre.
Il fouilla dans ses vêtements pour trouver de quoi s'habiller correctement. Tous ses pantalons étaient vieux, usés, râpés. Il décida donc de s'en acheter un neuf.

Il était une fois un villageois africain qui s'appelait Moriba. Moriba avait vécu onze longues années en France. Ne pouvant nourrir sa famille en Afrique, il était parti plein d'espoir pour le pays de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Il pensait qu'il y gagnerait beaucoup d'argent et qu'il pourrait faire vivre tout son village. En fait, il avait travaillé dur pendant toutes ces années pour un maigre salaire qui lui permettait péniblement de vivre.
Or un jour, on avait refusé de renouveler ses papiers et Moriba avait été expulsé. Il réintégrait donc son village natal après une longue absence. Et, coïncidence, son village s'apprêtait justement à faire la fête.
Il décida, avec les derniers sous qui lui restaient, de s'acheter un beau pantalon. Il montrerait ainsi que rien d'essentiel ne l'avait séparé des siens pendant tout ce temps.