Ce roman est absolument génial. de base, j'adore les thrillers. Mais, il y en a qui se démarquent largement des autres. Et celui-ci en fait parti.
L'écriture est fluide, ce qui permet une lecture très rapide. Et puis, l'histoire est si absorbante qu'on a du mal à refermer le roman sans l'avoir achevé. J'ai eu du mal à trouver des points négatifs à cette oeuvre. Pour être honnête, je n'en ai pas trouvé.
Les personnages sont absolument formidables. Tous sont torturés à souhait, et j'adore ça. Doro, la journaliste, a vécu un drame horrible. Son frère a été assassiné alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. M. Nan, quant à lui, était l'un des bourreaux des Khmers rouge au Cambodge. Mme. Nan, malgré son désaccord, a regardé son époux effectuer des tueries de masse. Yim, lui, était le protecteur de sa mère qui se faisait battre par son père. Yasmin, héritière d'une famille à pouvoir, fuyait la facilité de sa vie aisée en se liant à des groupes révolutionnaires. Vev a épousé Phillip pour la seule et unique raison qu'elle désirait plus que tout avoir un enfant. Mais elle ne l'a jamais aimé. Phillip est envahit par un sentiment de supériorité qu'il aime bien montrer à tout le monde et surtout à ceux qui n'ont pas son statut social. Timo écrit, mais jamais aucun de ses livres n'a connu le succès. Il vit donc frustré. Et Léonie, après avoir été maltraité par son père, se retrouve à se débattre avec son trouble du comportement. Tous ces personnages, malgré leur vie compliquée, restent très cohérents. Il n'y a aucune fausse note dans l'écriture de leurs caractères respectifs.
Le style d'écriture à deux temps est très agréable. Lorsque Doro se confronte à une énigme lors de son enquête, le chapitre suivant nous révèle la solution en nous racontant le passé de
la Maison des brouillards.
Si nous n'avons jamais eu de doute sur l'innocence de Léonie, nous avons cependant longuement soupçonné M.Nan. Tout l'accuse ! D'abord, il est dépeint comme un fou lorsqu'il répond à Doro, au téléphone. Il respirait fort dans le combiné, tout comme un agresseur le ferait. L'auteur plaçait déjà ses pions afin de nous faire adhérer à une solution totalement fausse. Et, nous on plonge tête baissée dans le piège. Je pense que découvrir que Timo est l'assassin nous a tous surpris. Une seule chose pouvait l'annoncer. Yasmin raconte que lorsqu'ils étaient entré dans un élevage de poules, Timo a du assommer un gardien. Puis : « Qu'a fait notre Timo aussitôt après ? Il s'est mis à filmer tranquillement, la caméra n'a pour ainsi dire pas tremblé. Avec ses mains-là, tu aurais pu opérer à coeur ouvert. » - C'est le seul endroit où il devient suspect. Mais, il y a tellement de rebondissements qu'on finit par l'oublier cette petite phrase. Ce pistolet passe entre tellement de mains que tout le monde devient suspect. Même Yim y passe. Et surtout Yim. Comme on dit, les meurtriers sont souvent proche des enquêtes. Alors, on le suspecte vite de manipuler Doro afin de fausser les conclusions.
L'auteur, en utilisant un personnage comme Léonie, dénonce les à priori qu'on peut avoir sur les personnes victimes de troubles du comportement. On les pense souvent dangereuses, malsaines … Pourtant, tout autour de nous, il y a des gens qui semblent tout-à-fait normaux et qui pourtant cachent en eux un mal bien plus abject que ce que l'on pourrait imaginer. Comme dit l'adage : L'habit ne fait pas le moine. C'est le drame de la vie de Léonie qu'on vit : La vie ne voulait ne voulait pas sincèrement d'elle, et la mort ne veut sincèrement pas d'elle.
En bref, ce livre m'a complètement retourné le cerveau et j'ai adoré ça. Il me semble impossible de deviner qui est l'assassin avant de l'avoir lu. C'est ce que j'aime : être surprise ! Un grand bravo à l'auteur qui manie avec beaucoup de brio les ficelles des thrillers. Voilà un roman qui devrait, selon moi, devenir un best-seller contrairement à d'autres qui le sont et qui ne valent pas la moitié de celui-ci.