Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux

J'ai un coup de foudre immédiat.

Pour eux ou contre eux, j’ai abandonné le nid parce que j’étouffais de les décevoir, de ne pas coller à la parfaite, voire la plus-que-parfaite demoiselle, celle qu’ils avaient imaginée, projetée, ambitionnée. Un clone d’eux. Ils avaient en tête une voie toute tracée pour moi, celle d’une fille, puis d’une épouse et d’une mère discrète, rangée, dévouée. Celle que leur gendre avait espérée. Celle que je suis devenue. Au risque de m’oublier. Malgré moi, contre moi.

Je me remémore nos explorations intimes, les frissons éprouvés à chacune de ses caresses, à chaque baiser effleurant mon cou, ma poitrine, mon ventre. J’aime son regard sur moi, direct et impudique, même si je n’étais pas à l'aise. Personne ne m’a contemplé ainsi depuis des siècles et la sensation de se voir belle dans les yeux de l’autre est une émotion tellement vivifiante. Un appel du ventre, un cri du cœur qui me lie à lui. Sans retenue, je lui ai dit. Je l’ai senti bouleversé, touché d’être accepté avec transparence et sincérité.

Être quittée pour un homme est sans appel. Alors que pour une personne de sexe identique, c’est une autre affaire. Celle qui met plus bas que terre l’estime de soi. Celle qui vous blesse, vous meurtrit. Comme une accidentée de la vie.

A m'être adaptée à leurs attentes, certes inconscientes, je me suis ajustée à leur cadre étroit, en omettant mes propres envies et le chemin que je voulais tracer. Je refuse que ma fille subisse un sort identique. Si tel est son choix, je souhaite qu'elle s'accomplisse hors des sentiers balisés.

Je suis émue qu'elle pense à ma tristesse, je la remercie en lui expliquant que c'est mieux ainsi. Si ma poupée avait survécu, elle aurait eu une existence différente. Je ne sais pas si je cherche à la convaincre ou à me persuader que j'ai fait le bon choix. Je lui explique que mon deuil est fait, que je les ai et qu'ils sont ce que j'ai de plus cher. La chair de ma chair.

A trente-six ans, séjourner chez elle est une épreuve, celle qui vous renvoie en pleine poire que nous avez loupé votre vie, .Celle qui vous dit, tu n'as pas réussi, tu devrais vivre chez toi en toute autonomie. Je ne suis pas un cas unique, mais cela procure un goût amer.

Récit de vie très réaliste. Beaucoup de détails qui aide à se plonger complètement dans l'histoire de cette personne. La lecture de se livre permet d'oublier un instant le poids qui pèse sur nos épaules. Bravo