On a besoin d’énergie qu’on soit en guerre ou en paix, la vie se nourrit de notre énergie et de celle de la nature, répondit le vieux, épuisé.
(Les sagas). Au lieu de relater des faits héroïques, ces textes racontaient l'orgueil, la vanité, l'envie et la mesquinerie dus à l'isolement d'une nation qui s'était détachée du grand ensemble culturel européen et avait façonné sa propre histoire.
Captivé par ces paysages inconnus, le gamin imaginait un océan infini et incroyablement calme. Il ignorait cependant ce qui le fascinait le plus : les représentations qu'engendrait son esprit à l'écoute de la lecture ou le bruit du ressac que la brise portait jusqu'à la fenêtre, accompagné par les cris des oiseaux insomniaques qui, tout comme la vieille femme, avaient du mal à trouver le sommeil dans la lumière éternelle de l'été.
Les gamines obéissaient, mais le contenu des cours les ennuyait de plus en plus même si elles l'ingurgitaient avant de le réciter les yeux fermés. La seule chose qui continuait à les intriguer dans ces livres, c'était la formule figurant sur leurs couvertures : Ouvrage non destiné à la vente. La grand-mère le leur avait dit : cette phrase soulignait que l'enseignement était obligatoire en Islande, aussi bien pour les enfants riches que les pauvres.
Le fils était fier de pouvoir assister à la guerre depuis le pas de sa porte sans qu’elle nuise à la maisonnée.
Le paysage désert et vide : ces dunes de pierre, ces roches, ces champs de lave, leurs éboulis et cette végétation éparse qui semblait remonter les pentes.
Je me nourris des revenants qui m’habitent quand je suis à l’affût dans le noir, déclara le fils, interrompant sa mère. Je suis incapable de dire si je suis éveillé ou si je rêve que je dors alors qu’en réalité, je veille. Un jour, j’ai cru que j’étais un de ces fantômes qui hantent les mousses du champ de lave, ces fantômes-là passent leur temps à s’ouvrir le ventre avec leurs ongles, et en soulevant ma chemise j’ai découvert mon ventre lacéré comme si un des renards dont je garde les peaux y avait planté ses griffes.