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Critique de ODP31


Dans la famille Bernanos, je voudrais le fils.
Fervent catholique, Papa Georges n'a pas fait que râler, se désespérer avec brio des temps modernes, défendre la liberté, la monarchie et les combats spirituels des curés de campagne. Il s'est aussi efforcé de perpétuer cette espèce qui le désespérait tant et qui n'est pas composée que d'enfants de choeur.
Comme Papa, Michel à la bougeotte. Il a suivi son père lors de son exil en Amérique du Sud avant de rejoindre la France libre et de participer au débarquement en Normandie.
Fasciné par le Brésil, poète et auteur de romans policiers et fantastiques, Michel Bernanos a écrit cet excellent roman d'aventures qui se déroule au milieu de la forêt amazonienne. Sortez les machettes et lisez ce roman sous une moustiquaire.
La déforestation fait déjà des ravages à l'époque (alors que les tables de jardin en teck n'étaient pas encore à la mode !) et un gros malin a abattu un arbre sacré. Plus aucun autochtone ne veut depuis approcher la forêt maudite mais il faut toujours compter sur la cupidité de certains hommes pour braver les superstitions. Un jeune botaniste qui vient d'Europe se fait piéger et il est contraint de partir en stage d'oxygénation dans le poumon de la Terre avec un chercheur qui veut retrouver une civilisation perdue… et pas franchement pacifique.
Au menu, pirogues pour ramer, anacondas pour serpenter, piranhas pour animer les baignades, chutes d'eau pour la séance rafting, araignées comme animaux de compagnie, dîners Koh-Lanta, maladies tropicales faute de Covid, sacrifices humains à la plancha et repos du guerrier avec une beauté sortie d'un pub pour Tahiti douche.
Derrière cette synthèse à peine caricaturale, une histoire haletante et un propos en avance sur son temps (roman écrit en 1960) qui fait de la nature un personnage vivant qui se défend contre son principal envahisseur : le bipède à poil rasé.
Ce qui distingue ce roman d'un énième « Allan Quatermain et le temple perdu ou… contre les cannibales qui entre nous, auraient pu bouffer Richard Chamberlain pour épargner les hommes de la série Les oiseux se cachent pour mourir d'ennui » (un peu long comme titre !) ou de l'extraordinaire « A la poursuite du diamant vert », c'est la psychologie tourmentée du héros dont les fièvres de toutes sortes apportent une atmosphère onirique très réussie au récit. Autre différence, Michal Bernanos décrit de façon réaliste des lieux qu'il connait puisqu'il a aussi travaillé à Manaus dans l'exploitation des hévéas. ll est donc loin dans ses descriptions de la jungle de mes clichés et références cinématographiques douteuses, même si l'action nécessita une certaine concentration de bestioles peu fréquentables.
Lecture divertissante d'un roman méconnu qui mériterait plus qu'un murmure de postérité.
Je vais mettre ma tenue d'explorateur (surtout le bermuda beige de gardien de zoo) et partir à la recherche d'autres titres de cet auteur disparu en 1964 dans une autre forêt, celle de Fontainebleau.
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