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Critique de Bimach


Les gens qui portent ce livre et son auteur aux nues, et qui m'ont donc indirectement incité à le lire l'ont-ils vraiment parcouru avec l'attention qu'il faudrait? le discours constant sur cet ouvrage nous dépeint un Bernanos qui, confronté aux horreurs de la guerre civile espagnole, s'en prend courageusement à son propre camp, lui le royaliste, le catholique, le pamphlétaire d'extrême droite, et qui remet en cause ce à quoi il croyait jusque là, et avec quel talent littéraire et polémiste !
Ce qui est vrai, c'est le courage extraordinaire avec lequel il accepte de "voir ce qu'il voit", pour reprendre la célèbre formule de Péguy, et nous livre une description glaçante de la répression par les franquistes, et de leurs méthodes qui passent par l'élimination systématique d'un nombre considérables d'opposants au pronunciamento, voire de "types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement". C'est aussi la rage qui le prend au vu du silence impressionnant de la hiérarchie des évêques catholiques, "il est dur de regarder s'avilir sous ses yeux ce qu'on et né pour aimer", dit-il dans l'une de ces formules impressionnantes qui expriment si bien ce que nous avons, nous autres pauvres mortels tant de mal à dire.
Mais, pour autant, il ne remet nullement en cause ses attachements, et surtout ses haines et le mépris qu'il distribue si largement : les juifs, bien sûr, puisque c'est Drumont, à qui il voue une admiration sans borne, qui lui a ouvert les yeux alors qu'il était adolescent, les banquiers, mais c'est la même chose, la classe moyenne, les boutiquiers, les instituteurs de Jules Ferry, les notaires, Poincaré, les maures puants, les nègres (qu'il défend tout de même contre le sort qui leur est fait, on n'est pas à une contradiction près), les communistes, les capitalistes (c'est la même chose, car "le capitalisme est une forme de marxisme" !! comprenne qui pourra) et toutes les sortes d'imbéciles ; la définition constamment reprise de cette catégorie finit d'ailleurs par inclure tant de monde, qu'aucun lecteur conscient de ce qu'il parcourt de ses yeux, comme de ses propres insuffisances, ne peut éviter de se compter dans ce groupe ….
Alors, que remet-il vraiment en cause ? Certes, il s'élève contre les exactions des tentatives de conquêtes coloniales de Mussolini, contre des maux occasionnés par "Monsieur Hitler", (mais, de ce personnage, "on ne peut mépriser la grandeur, qui n'est pas barbare…"), mais sans aucunement, contrairement à ce qu'on entend un peu partout, remettre en question une vision du monde qui, précisément a rendu tout cela possible.
Quant'au talent littéraire d'un auteur qui méprise explicitement celui d'un Anatole France, si l'on consent à ne pas s'arrêter à quelques formules magnifiques d'expressivité, et si l'on met à part sa capacité à vous glacer le sang dans des descriptions pourtant sans pathos des exactions franquistes, il faut bien se résoudre à admettre que l'essentiel de ce livre est constituée par une logorrhée confuse, dont on a du mal à tirer une vision précise de ce que devraient être les institutions de nos démocraties, ce mot qu'il utilise si souvent sans qu'on ne puisse percevoir clairement ce qu'il entend par là.
Bref, qui a vraiment lu "les grands cimetières sous la lune" ?
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