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Critique de Henri-l-oiseleur


Tout le monde connaît peu ou prou l'histoire de Jeanne d'Arc, même ceux que l'histoire de France ne passionne pas. On sait que la figure de cette jeune fille mystique et héroïque vit encore dans nos mémoires, qu'elle a été le prétexte aux déchaînements des principales passions françaises, la dispute, le déchirement, la trahison et la guerre civile. Il n'est donc pas facile d'écrire un roman historique dont le personnage principal est en plus une sainte de l'église catholique, qui reconnut l'injustice qu'elle avait commise contre elle et ses vertus.

Michel Bernard ancre son histoire et son héroïne dans une nature, des saisons, des paysages français, tels qu'on imagine que les vit une jeune fille quittant sa Lorraine natale pour la première fois. Les lumières et les sons dans les descriptions de l'auteur donnent au récit des allures d'enluminure, mais sans idéalisation inutile. Simplement, le style du romancier fait de ce XV°s français une oeuvre d'art.

Jeanne d'Arc, c'est aussi l'irruption de la pureté, de la vocation divine, de la simplicité du devoir, dans l'univers de la politique, qui est intrigues, machinations et mensonges. Jeanne arrache le dauphin Charles à la routine de ses échecs, et même à la fin, à Rouen, sa voix retentit et dissipe les ruses juridiques des casuistes qui instruisent son procès (à la manière de Sophie Scholl dans le film qui lui a été consacré). En sa présence, les foules ressentent "comme un retour à des sentiments profonds, qu'ils pensaient dissous, à l'enfance, aux voix du père et de la mère. Chassées par le vent nouveau, les fumées des raisonnements et des calculs étaient dissipées... Les mots étaient revenus sur les choses. le noir était noir, le blanc était blanc, l'ennemi était l'ennemi. L'usage du mot "oui" et du mot "non" ne leur échappait plus. Ils se connaissaient, voyaient d'où ils venaient et à quoi ils appartenaient. Ils se sentaient délivrés." (p. 172)

Enfin, l'auteur se garde bien de recréer les pensées et les paroles de son héroïne, tâche devant laquelle même Bernanos avait reculé (mais non je ne sais quel imbécile cinéaste). Il se contente de décrire les effets qu'elle produit sur les autres : en sa présence, les gens respirent mieux, plus amplement, se prennent à espérer de reprendre les rênes de leur vie et les reprennent en effet. Elle témoigne de la présence du Dieu de la liberté en élargissant l'espace et l'air libre autour d'elle.

Pas de meilleure hagiographie que celle-là.
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