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Critique de Mermere


Roman lu dans le cadre de la rencontre avec son auteur, Nathalie Bernard (mais annulée pour cause de confinement...).

Sauvages est un livre à la fois sombre et lumineux qui m'accompagnera pendant longtemps. L'histoire reprend l'époque canadienne des terribles pensionnats dans lesquels les Blancs ont entrepris pendant des décennies de "tuer l'indien" en chaque enfant sauvage, arraché à sa famille dès le plus jeune âge. Ou comment l'être humain peut devenir un monstre... Une fois de plus, jamais à court d'idées sordides et abominables tout au long de l'histoire de l'Humanité, nous découvrons de quoi peuvent être capables des êtres humains envers d'autres êtres humains. Ce massacre de la culture amérindienne ne suffisant pas, on découvre que ces pensionnats ont aussi été des lieux livrés aux privations, aux punitions honteuses et même aux actes pédophiles... Vous l'aurez compris, Sauvages est un roman très sombre, terrifiant, qui nous coupe le souffle et nous donne envie de hurler face à tant d'injustice. La grande majorité du roman est bouleversante et difficile à lire, soyons clairs. Dès les premières pages on comprend l'horreur à laquelle vont devoir faire face ces pauvres enfants déracinés et arrachés à leur famille. Non seulement les indiens ont été parqués dans des réserves comme des animaux, mais en plus on leur a imposé de quitter leurs croyances, leur langue, leur culture. Une fâcheuse habitude internationale d'un Blanc se pensant tout puissant et seul légitime à profiter de la Terre. du Canada à la Polynésie en passant par l'Amérique du Sud ou l'Afrique, la zone géographique important peu pour assouvir cette hégémonie blanche.
Sauvages est un roman pour faire connaître la vérité. Et rendre l'horreur dicible. Pour ne pas oublier et pour se rappeler de ces crimes contre l'Humanité. Mais Sauvages n'est pas non plus un réquisitoire contre les Blancs. Nathalie Bernard, comme souvent dans ces romans, ne se place pas en moralisatrice ou en accusatrice. Elle ne juge pas non plus. le récit en lui-même suffit à faire partager la souffrance et l'injustice vécues par ces populations autochtones.
Dans Sauvages on suit d'abord l'effacement de Jonas. Un ado de seize ans qui va bientôt quitter le pensionnat pour retrouver la liberté (quelle liberté quand on a tenté d'effacer la nature d'une personne ?). Jonas a toujours été un bon pensionnaire. Très effacé, ne se mêlant jamais aux autres, il a même réussi à gagner la confiance de ses "tortionnaires". Il a pu tenir grâce à ses souvenirs d'enfance, grâce à une amoureuse qu'il espère encore retrouver malgré les années perdues. Mais un jour Jonas est touché et ému par une petite fille devenue la bouc émissaire du prêtre en chef. Lui qui ne se souciait jamais des autres ne va plus pouvoir se cacher et fuir la réalité. La deuxième partie du roman relate la fuite du pensionnat après un évènement bien involontaire.
Alors oui, le roman est très sombre, violent dans ce qu'il relate (notamment ces chasseurs répugnants qui sont devenus des animaux sauvages et idiots). Mais la deuxième partie du roman est plus lumineuse selon moi. Elle permet de retrouver l'Indien dans Jonas. Non le pensionnat n'a pas réussi sa mission malgré les nombreuses années écoulées. Jonas ne sera plus jamais le même, il a été détruit, mais l'Indien en lui est toujours vivant. Les dernières pages, au milieu de la Nature, sont époustouflantes et d'une vraie beauté. le style de Nathalie Bernard est toujours empli de simplicité et de force pour nous raconter une histoire ou pour décrire la relation entre les indiens et la Nature. Au final la colère nous dépasse. Restent l'émotion et l'envie de ne jamais oublier.
Un roman saisissant !
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