La pluie tombait dru ce soir-là. La lune, masquée par bon nombre de nuages, ne permettait pas de voir à un mètre devant soi. Mais cela ne semblait pas déranger l'homme qui marchait d'un pas décidé au milieu de la ruelle. Il était grand, très grand. Trempé jusqu'aux os, ses habits collaient à sa peau et dévoilaient une silhouette musclée et bien sculptée. Ses bras étaient au moins aussi larges que ses cuisses et l'air déterminé affiché sur son visage déformé par quelques cicatrices ne donnait pas envie de se mettre en travers de son chemin...
Maddy fixa des yeux les chiffres écrits en hâte par sa maman pendant quelques instants, ne sachant pas quelle attitude adopter. Le post-it était posé à côté du téléphone, lui-même installé sur un petit meuble en bois dans le hall d'entrée. Elle finit par se dire qu'elle ne découvrirait jamais pourquoi Caleb avait cherché à la joindre si elle ne le rappelait pas et s'empressa de composer son numéro afin d'éviter de changer d'avis.
"Il avait dû grandir sans eux, en se faisant une image d'eux qui était certainement tout le contraire de ce qu'ils étaient vraiment. Et désormais, il n'aurait jamais plus l'occasion de réapprendre à les connaître."
Le garçon n’apprécia pas la remarque de Maddy. De rage, il la poussa violemment en arrière. Elle s’apprêtait à riposter verbalement, mais se retint en voyant ce qui lui arrivait. Il était en train de se tordre de douleur, ses amis le soutenant pour l’empêcher de tomber tandis qu’un cri déchirant sortait de sa gorge. Son visage se crispait et ses épaules tremblaient. Le professeur se précipita vers lui – ignorant sa bedaine qui semblait réticente à un tel effort physique – en même temps que les autres élèves qui n’étaient pas dans les parages lors de la dispute. La jeune fille se rendit alors compte que le seul qui ne semblait pas intéressé par ce qui se passait, c’était Caleb. Adossé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine et un air narquois sur le visage, il regardait le garçon souffrir sans la moindre compassion.